Vendredi 05/09/2025
Moisson 2025 : le cauchemar des agriculteurs
La moisson 2025 a été généreuse en volumes… du moins en apparence. Derrière de bons rendements, la réalité économique est beaucoup plus sombre : aujourd’hui, une bonne récolte ne garantit plus un revenu décent.
2025 : des silos pleins, des caisses vides
Selon les estimations actuelles, le chiffre d’affaires attendu de la Ferme France pour la récolte 2025 ne suffira pas à couvrir l’ensemble des charges et à rémunérer correctement le travail des exploitants.
En moyenne, il manquerait environ 6 000 € par palier de 100 hectares pour équilibrer les comptes.
Rendements : le seul point positif ?
En blé, orge et colza, les rendements 2025 se situent globalement dans, voire au-dessus, des moyennes quinquennales, à l’exception de certaines zones intermédiaires touchées par la sécheresse et les excès de chaleur.
En revanche, les récoltes à venir de tournesol et de maïs devraient rester en deçà des moyennes.
La spirale infernale des charges
Les charges engagées pour la récolte 2025 fixent des seuils de commercialisation supérieurs à 205 €/t en céréales et 440 €/t en colza, en intégrant la rémunération du travail.
Ces seuils ont progressé de près de 30 % depuis 2021 et devraient continuer à augmenter en 2026, notamment sous l’effet de l’inflation sur les engrais comme l’indiquent les informations mentionnées sur le document suivant pour la culture du blé. :
Baisse des prix des céréales depuis février 2025
Alors que les charges progressent, les prix des marchés des céréales diminuent depuis le début de l’année comme l’indiquent les évolutions des cotations du blé meunier et des orges de brasserie présentées ci-dessous :
Seuls les marchés des oléagineux restent à ce jour mieux orientés avec ces niveaux de prix comparable à ceux observés en 2024 :
Moisson 2025 : Vers une deuxième année de déficit ?
La combinaison de charges élevées et de prix en baisse vient effacer les bons résultats de rendement.
Pour la récolte 2025, le chiffre d’affaires prévisionnel resterait insuffisant pour couvrir les dépenses et rémunérer le travail agricole : environ 6 000 € manqueraient par tranche de 100 ha exploités sur la ferme France, comme l’indique la simulation présentée ci-dessous.
2026 : un cri d’alarme
En se basant sur les cours actuels, les rendements moyens et l’inflation des charges (notamment sur les engrais), les projections montrent que la récolte 2026 pourrait, elle aussi, générer un déficit. Ce serait la troisième année consécutive comme l’indiquent les informations présentées sur le graphique suivant :
Quand les charges mettent « KO » la ferme France …
L’indice de compétitivité calculé par les outils Piloter Sa Ferme illustre une réalité brutale : le poids des charges rend la Ferme France de moins en moins compétitive dans un contexte économique et climatique incertain.
Pour espérer s’en sortir, il faudrait à la fois de bons rendements et une reprise des cours. Mais cela dépend avant tout de la météo et des marchés, donc de facteurs totalement extérieurs à l’agriculteur.
Que faire ?
Face à cette spirale, nous invitons les agriculteurs à :
- Calculer précisément leurs coûts de production,
- Situer leur niveau de compétitivité,
- Identifier les postes sur lesquels ils peuvent agir pour retrouver des marges de manœuvre
- Donc à « piloter leur ferme en vue d’avoir durablement du revenu ».
« Pour ce qui est de l'avenir, il ne s'agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible » : Antoine de Saint Exupéry
Et vous ?
Quelles solutions imaginez-vous pour sortir de cette impasse ? Partagez vos idées en commentaire !