- Accueil
- Notre pays n’est plus en capacité de nourrir sa population
Notre pays n’est plus en capacité de nourrir sa population
Conjoncture - Analyse de nos experts : Quand les importations représentent entre 25 et 50% des viandes consommées en France, la souveraineté alimentaire n’est qu’une utopie.
Le salon du Space à Rennes qui va ouvrir la semaine prochaine est résolument tourné vers la souveraineté alimentaire de la France.
L’agroécologie, la maîtrise des coûts énergétiques, la gestion de l’eau, les émissions de gaz à effet de serre et les enjeux climatiques sont de loin les plus grosses préoccupations des filières. Le réchauffement de la planète et ses conséquences ont un impact direct et important sur l’activité des agriculteurs, notamment sanitaire, avec le développement des épizooties (FCO, MHE, grippe aviaire…).
Il faut redonner de l’attractivité à ce beau métier d’éleveur, en donnant avant tout une rémunération décente en accord avec les coûts de production et des perspectives pour les jeunes générations. Le volet maîtrise de l’énergie en consommation ou en production sera également un sujet important. Les chaînes de production sont longues et complexes pour qu’un produit partant de la ferme arrive au consommateur à moindre coût. Il faut des transports, de la logistique, du froid, des emballages, de la maintenance, des investissements, de la finance et des moyens humains. Si une seule de ces branches fléchit, c’est l’ensemble qui chambranle.
car ce secteur est pris en ciseaux entre l’augmentation des charges et des prix élevés à la consommation qui a complètement réorienté le choix des consommateurs. La loi égalim2 qui impose des quotas de produits bio dans les cantines, mais le niveau des prix est incompatible avec le coût du bol alimentaire. Cette crise est amplifiée par une désaffection des consommateurs pour la viande BIO sous l’effet de l’inflation. Les consommateurs ne sont plus au rendez-vous, mis à part pour la viande hachée qui garde un flux régulier auprès d’une clientèle adepte du Bio, les autres pièces sont souvent vendues au prix du conventionnel. Le revenu des éleveurs ne tient pas ses promesses alors qu’elles bénéficient d’incitation forte de la France et de l’Europe. De nombreux éleveurs BIO ou engagés dans une conversion bio avec toutes les contraintes que cela engendre se posent la question d’un retour au conventionnel, voire à une cessation d’activité.
lire aussi : La consommation de viande des Français a baissé de 1,4% en 2023 - Pleinchamp
Dans le conventionnel, la situation n’est pas beaucoup plus reluisante, avec un net recul de la consommation de viande rouge/habitant. Le positionnement sur le prix, que recherche une majorité de ménages, est incompatible avec les coûts de production. Le secteur de la RHF fait également défaut, avec une préférence du prix qui prend largement le dessus sur le national. Cela ouvre largement notre marché aux viandes d’importation, même si 2023 a enregistré un recul face au rééquilibrage des prix sur le marché européen.
Face à ce constat, il est surprenant de voir un commerce aussi soutenu au niveau de la production. La raison est pourtant évidente dans un marché de libre-échange, le manque de vaches tire les prix vers le haut, face à des industriels qui ont des besoins structurels pour charger leurs outils d’abattage et salles de découpe. Les capacités d’abattage et de transformations françaises ne sont plus adaptées aux disponibilités et de grands changements seront opérés à court terme pour la filière viande.
La dégradation de l’offre a été flagrante pour cette rentrée 2024, mais elle n’est que le reflet de la décapitalisation constante de la ferme France.
La revalorisation des prix qu’elle a entraînés est un bien pour les éleveurs, mais elle ne fera que renforcer les difficultés à transposer ces hausses dans le secteur aval à un moment où le message de déflation des prix est clairement affiché.
L’enjeu est toujours de faire correspondre l’offre à la demande du marché, ce qui est de plus en plus compliqué. La modification des « flux matières » avec plus de viande hachée et un recul des ventes des aloyaux réoriente la demande des GMS.
Cliquer ici pour retrouver tous vos cours sur le bétail vif et les avis d'experts