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Mercredi 26/11/2025
Nouveau-né : éviter les erreurs fatales
Veau nouveau-né : Dès la naissance du veau, l’éleveur s’attachera à vérifier un certain nombre de points : hernie ombilicale ou hémorragie, fréquence cardiaque et respiratoire, port de tête qui peut être le signe d’une anoxie (insuffisance d’oxygénation). Dans tous les cas, la réanimation du veau est une urgence vraie.
Soins au veau nouveau-né : éviter les erreurs fatales
Les techniques de soins au nouveau-né résultent d’usages plus ou moins anciens mais toujours d’actualité, associés à des innovations. Attention cependant, certaines pratiques historiques se révèlent à la lumière des connaissances actuelles nocives pour la survie du veau.
Une attention particulière au nombril
Issu de la rupture du cordon ombilical, le nombril est source de nombreux problèmes sur le veau naissant. Bien que rare, l’éventration, avec présence des intestins dans un sac herniaire ou directement à l’extérieur, est souvent dramatique. Même si le pronostic est globalement défavorable, on protégera les intestins dans un linge humide en attendant le vétérinaire qui peut tenter de les remettre en place et suturer la paroi abdominale. Autre problème rencontré, le défaut de rupture de l’artère ou des veines ombilicales. En cas d’hémorragie, il faut essayer de stopper le sang par compression et si on identifie précisément l’origine, en ligaturant le vaisseau concerné. Un cordon trop court ou trop long ne présente pas de caractère d’urgence mais on sait que cela expose le veau à un risque élevé d’omphalite. Le trempage du nombril avec une solution concentrée de chlorhexidine trouve alors tout son intérêt.
Une vérification de l’aptitude cardiaque…
On peut vérifier la fréquence cardiaque en mettant la main sur le côté gauche de la paroi costale. Les pulsations s'établissent très rapidement au rythme régulier de 120 par minute. Si aucun mouvement n’est détecté, il faut tenter en urgence un massage cardiaque, en appuyant fermement et régulièrement sur la zone du cœur. Pour le veau en anoxie grave, le rythme cardiaque est inférieur à 100 et irrégulier. C’est la seule circonstance ou l’emploi d’un analeptique cardio-vasculaire peut s’avérer nécessaire.
… et respiratoire
On observe la paroi costale et la respiration doit être ample et régulière. Une 1re inspiration a lieu dès la naissance suivie d'une apnée pouvant durer jusqu'à une minute. La respiration continue ensuite au rythme régulier de 30 mouvements par minute avec une amplitude normale. Il peut arriver que la 1re inspiration ne se déclenche pas ou que la respiration ne redémarre pas après l'apnée alors que le cœur continue à battre. On tente alors d’évacuer les liquides fœtaux encombrant les 1res voies respiratoires. Cette intervention doit être rapide et fatiguer le moins possible le veau : eau dans les oreilles, pendre le veau par les pattes de derrière (sans dépasser une minute). Un stimulant respiratoire, à instillation nasale ou sublinguale permet de stimuler le centre bulbaire de la respiration. On vérifiera par là-même l’absence de palais fendu.
L’anoxie, une pathologie à identifier…
L’origine de l’anoxie peut être multiple. Chez la vache, vêlage difficile, part languissant, torsion de matrice, dilatation insuffisante du col, atrésie de la vulve, vêlage prématuré, présentation postérieure, présence de jumeaux sont autant d'éléments susceptibles d'engendrer un veau anoxique. Chez le veau, avant le vêlage, une agitation importante ou une apathie, ou après le vêlage, un défaut d’activation cardiaque ou respiratoire, sont des signes d’une probable anoxie.
Les principaux symptômes à identifier sont :
La couleur des muqueuses du veau. Normalement rose, elle vire au bleu au fur et à mesure que l’anoxie s’aggrave. Quand elle est blanche, on se trouve au stade ultime de l’anoxie avec choc (à moins qu’il s’agisse d’une anémie importante).
Le tonus de la langue. Quand le veau souffre, elle se contracte violemment en relevant sa pointe vers le haut. Une langue molle indique un stade ultime de l’anoxie.
Le tonus musculaire. Dans les minutes suivant la naissance, le veau tonique redresse la tête, au bout d'une minute, il la tient normalement. Le veau en anoxie reste lui étendu. Le moment où il redressera la tête sera le signe de l'amélioration de son état. Quand il n'y a aucun tonus musculaire, il s'agit alors d'une anoxie grave.
Les troubles nerveux. Paupières closes, mouvements désordonnés des yeux, tête en arrière, révulsion des globes oculaires, spasmes sont autant de signes d’anoxie. L'état des centres nerveux peut être évalué par le test de deux réflexes : le réflexe pituitaire qui consiste à stimuler la muqueuse nasale avec un brin de paille, le veau normal réagissant en secouant la tête et en toussant, et le réflexe de postulation qui consiste à peser sur un pied du nouveau-né, le veau normal retirant son pied.
… et à traiter d’urgence
Faciliter l'oxygénation cérébrale. Pendant l'anoxie, des zones du cerveau sont « désactivées » par oxygénation insuffisante. Ces zones peuvent être « réactivées » par injection d'oxygénateurs cérébraux. Certaines présentations médicamenteuses associant un oxygénateur cérébral et un analeptique cardiaque sont contre-indiquées dans le traitement de l’anoxie immédiate du nouveau-né.
Faciliter la récupération du tonus musculaire. Ne fatiguez pas trop le veau à la naissance : évitez de le remuer, d’essayer de lui relever la tête ou de le remettre en position « normale », le veau sera laissé allongé, le veau relèvera la tête de lui-même lorsqu’il aura retrouvé son tonus musculaire.
Lutter contre l'acidose et apporter de l’énergie aux tissus nerveux. En cas d'anoxie sévère, faites perfuser le veau avec des agents alcalinisants pour lutter contre l'acidose et du glucose pour apporter de l'énergie au veau.
Lutter contre l'hypothermie. Le veau nouveau-né a très peu de réserves énergétiques. Tout concourt à lui faire perdre sa chaleur : il est mouillé et sa surface corporelle est importante relativement à son poids. Il faut le sécher avec un bouchon de paille si la vache ne le lèche pas assidûment, le placer sur un lit de paille épais pour l'isoler du sol, le réchauffer avec une lampe infrarouge et lui mettre une couverture.
Faire boire le colostrum. Le plus rapidement possible, le veau doit absorber au minimum 40 ml par kg de poids vif de bon colostrum. Le colostrum représente la seule source de défenses immunitaires pour le veau et il ne sera protégé que lorsque son intestin aura absorbé suffisamment d'immunoglobulines. La capacité d'absorption des immunoglobulines colostrales par la muqueuse intestinale est maximale à la naissance. Il est donc indispensable que le veau boive le colostrum dès les premières heures de vie. Quand on sait que la capacité d'absorption de l'intestin diminue d'autant plus vite que l'animal a subi un stress plus important, on comprend que plus le veau a souffert à la naissance et plus il doit recevoir rapidement du colostrum (dans les deux heures qui suivent). Si le réflexe de succion est absent, le drenchage reste la meilleure solution.
Un vêlage difficile, un impact au long cours sur le veau
Dans le cas d'anoxie légère non-compensée par le veau, des symptômes apparaissent dans les heures qui suivent : absence du réflexe de succion, manque de dynamisme, hypothermie. La température rectale normale du veau est de 38,5° - 39°C. En cas d'anoxie grave, elle peut chuter jusqu'à 34°C. La mortalité des premières 24 heures est 4,6 fois plus élevée. En relation avec un niveau d’immunité passive moins élevé, ces veaux ont 2,4 fois plus de risque d’être malades dans les 45 premiers jours de vie. L’impact des dystocies s’observe après 30 jours d’âge par des retards de croissance et des veaux plus fragiles.
En conclusion, bien observer et être réactif
Le veau à la naissance subit de multiples stress. Dans des conditions optimales, il surmonte facilement cette phase mais tout concourt à créer un certain niveau d'anoxie. Normalement, elle n'est pas grave et l'animal la compense en 12 à 18 heures. A un niveau plus important, il ne peut plus la compenser sans l'aide d'une thérapeutique appropriée. Au-delà, sa vie se trouve immédiatement en danger et une intervention rapide s'impose. Grâce à votre travail d’observation, d’action adéquate et de demande d’intervention vétérinaire pour les cas le nécessitant, votre rôle est primordial et peut mettre hors de péril de nombreux veaux. GDS Creuse vous propose des formations éleveur – infirmier où ses aspects sont abordés. Et définissez avec votre vétérinaire les médicaments indispensables à la réanimation du veau. Pour plus d’informations, contactez votre vétérinaire ou nos services.
Dr Boris BOUBET - GDS Creuse - www.gdscreuse.fr