Pommes : une faible récolte et des cours soutenus

Après une campagne écoulée durant laquelle les prix à la production ont bien progressé, les indicateurs de marché sont au vert. Le principal bémol est la faible récolte française pour 2020, notamment en golden, qui pourra venir peser sur le chiffre d’affaires de certaines exploitations.

Faible récolte 2020

L’estimation de récolte 2020 s’établit à 1,336 M e tonnes (soit une baisse de plus de 10 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années). Cette année contraste fortement avec l’année 2019 où les rendements étaient bon Depuis 2015, la surface de vergers de pommes est stable en France, de l’ordre de 37 000 ha. L’impact sur les volumes est donc essentiellement lié au rendement. Pour l’année 2020, la baisse est particulièrement marquée en Golden due à une forte alternance. Cette variété, la plus répandue en France, enregistre une chute de 24 % des volumes récoltés. D’une manière générale, les autres variétés sont aussi impactées par la sécheresse et la canicule notamment en Nouvelle Aquitaine.

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À l’échelle européenne, selon WAPA (World Apple and Pear Association), la tendance est également à de faibles volumes, avec une baisse de 7 à 10 % par rapport à la moyenne quinquennale. Pour autant, la production est supérieure à 2019 qui avait été fortement impactée par une chute en Pologne notamment (1er producteur européen). Sans retrouver les niveaux de 2018, l’offre européenne sera donc plus importante.

Des indicateurs de marché favorables

Depuis deux ans, le chiffre d’affaires national de la pomme progresse. Sur la campagne de commercialisation 2019-2020, la hausse est de 5 %, en lien avec une hausse des volumes mais aussi une fermeté des cours, notamment depuis le début de l’année 2020. L’offre a été limitée au niveau européen tandis que la demande est restée particulièrement soutenue voire dopée lors du confinement lié à la crise de la Covid-19 au printemps 2020.

De plus, la campagne précédente s’est achevée avec des stocks bas. Dans ce contexte, les indicateurs pour la campagne de commercialisation 2020-2021 sont donc au vert. Les cours soutenus par le déficit de production sont supérieurs de 8 % à ceux de 2019 et à la moyenne quinquennale.

Bien que les cours soient bien orientés, certaines exploitations seront impactées par une baisse de chiffre d’affaires liée à la baisse des volumes, notamment pour les exploitations avec une forte dominante Golden.

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Une vigilance à l’export

Bien que nous ayons une petite récolte, il reste important de conforter ses places à l’export, notamment alors que nos voisins européens voient leur offre reprendre des couleurs. Dans ce contexte, une source d’inquiétude peut naître par rapport aux négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Celui-ci importe un quart des volumes de pommes que nous exportons à l’échelle européenne. Quelles sont les conditions des accords commerciaux à venir ? Nous seront-elles favorables ou défavorables ?

Parallèlement, l’export est bien souvent une variable d’ajustement en cas d’abondance de l’offre, ou de rareté chez nos concurrents comme nous venons de le connaître. Le risque est de perdre des positions sur le marché international lorsque la production française est faible, alors que les pays tiers comme l’Asie ou le Moyen Orient présentent de belles opportunités. Mais pour l’export, il faut regrouper l’offre. Notre organisation de mise en marché et l’atomisation de l’offre font que nous ne sommes pas toujours pertinents pour faire de l’export de haut niveau.

Lorsque l’offre est un peu plus abondante, le fait de ne pas exporter suffisamment conduit à ce que les volumes restent en France et que la concurrence sur le marché intérieur est d’autant plus forte, d’où pression sur les prix.

Enfin, il nous faut une offre française la plus qualitative possible pour éviter une concurrence forte avec la Pologne, qui est très bien placée sur des pommes d’entrée de gamme. L’embellie des résultats français des deux dernières années doit donc permettre de dégager des marges de manœuvre pour que les producteurs français poursuivent leurs efforts vers ces marchés « haut de gamme » : chartes qualité, verger éco-responsable, politique de marque, variétés club… pour ainsi conforter leur niveau de marge

Veille économique agricole - Fabien BARRABÉ – Cerfrance