Puy-de-Dôme : les vendanges s'annoncent catastrophiques

Pour les viticulteurs puydômois, c’est la douche froide. Les vendanges, qui ont débuté la semaine dernière, sont lourdement impactées par le phénomène de grillure des raisins, dû au manque de pluie et aux coups de chaleur de ces dernières semaines.

Les secteurs de Boudes et Châteaugay, deux zones importantes de l’Appellation Côtes d’Auvergne, sont particulièrement touchés. Le président de la Fédération viticole du Puy-de-Dôme et du Syndicat de l’AOC, Gilles Vidal, accuse le coup : « le rendement moyen ne devrait pas dépasser les 20 hectolitres/hectare (hl/ha) sur l’ensemble de l’Appellation. À titre de comparaison, le rendement moyen 2022 atteignait les 40 hl/ha. Dans le secteur de Boudes, on ne s’attend pas à plus de 15 hl/ha, c’est catastrophique… ». Seul le secteur centre (Billom, Chanonat, Gergovie…) affiche des résultats corrects, grâce à la pluie tombée dans la soirée du mercredi 13 septembre.

Le Comité vin Aura en visite à Châteaugay

C’est dans ce contexte alarmant que l’AOC Côtes d’Auvergne accueillait jeudi 14 septembre l’« opération vendange », organisée chaque année par le Comité vin Auvergne Rhône-Alpes. Cette année, le rendez-vous se tenait au domaine viticole de Pierre Goigoux, à Châteaugay (63). Entre deux linéaires de vignes couvertes de filets paragrêle, le viticulteur installé depuis 1989 présente son exploitation à Fabrice Pannekoucke, vice-président de la Région délégué à l’agriculture, et Ludovic Walbaum, président du Comité vin AuRA. Entre l’allongement des périodes de sécheresse et des orages de grêle de plus en plus violents, « le temps n’est plus au climato-scepticisme » estime Pierre Goigoux. Pour faire face économiquement, Gilles Vidal appelle l’INAO à envisager une irrigation temporaire et ponctuelle des exploitations les plus en difficulté au sein de l’Appellation, en attendant leur adaptation au changement climatique.

Les promesses du vin volcanique

Le Syndicat de l’AOC Côtes d’Auvergne profite de cette rencontre pour mettre en avant les multiples intérêts du vin volcanique, mis en évidence par des études menées avec l’association Vinora et l’Institut de la vigne et du vin (IVF). Partant du constat que les sols basaltiques (volcaniques) retiennent mieux l’eau que les sols argilo-calcaires, le Syndicat s’attelle aujourd’hui à cartographier le territoire afin d’identifier de nouvelles zones de plantations, plus adaptées au climat futur. Des recherches sont également en cours au Conservatoire des cépages du Puy-de-Dôme pour sélectionner des variétés résistantes et en adéquation avec l’identité de l’Appellation. Concernant l’aspect commercial, les caractéristiques organoleptiques des vins volcaniques, « frais et gourmands », sont recherchées par les consommateurs. Le label « Vinora », récemment déposé, pourrait donc changer la donne pour les Côtes d’Auvergne, qui ne sont pas épargnés par la baisse de la consommation de vin rouge (-20% dans le monde et -38% en France entre 2017 et 2022 d’après l’INAO). Fabrice Pannekoucke salue la démarche en phase avec les ambitions œuno-touristiques de la Région.