Quel avenir pour la production de bovins mâles ?

[Bovins : conjoncture sem 29-2021] Le Covid a complètement déstabilisé le marché du jeune bovin qui doit se réinventer, faute de débouchés suffisants chez nos clients traditionnels (Italien, Grec ou Allemand).

Les températures actuelles sont très convenables pour la saison estivale et ne sont pas un frein à la consommation. Les touristes qui sillonnent la France sont européens, car le covid-19 a fait fuir les Chinois, les Américains ou les Russes, ce qui enlève une manne importante pour l’économie. Les hôteliers et restaurateurs en savent quelque chose, notamment dans la clientèle de luxe. Toute cette activité tourne au ralenti et se montre très inquiète de la résurgence de cette pandémie.

Cette semaine marque également le début de l’exode des populations des grandes métropoles vers les lieux de vacances, ce qui entraîne une baisse de clientèle notamment pour la boucherie traditionnelle. La demande est en repli dans les bonnes femelles de qualité bouchère sur Rungis qui est le garde-manger de la couronne parisienne. Le report se fait sur les lieux de villégiatures où l’activité se montre en revanche assez bonne face à un réflexe d’achats de proximité qui a été amplifié par la période de confinement. Les boucheries locales se tiennent relativement bien, ce qui contribue à maintenir globalement les prix des bonnes femelles.

Le niveau de la demande tend à se rétracter dans les pièces arrière ou les filets avec un recul de la demande RHD ouvrière pendant les vacances. Les abattoirs tendent en revanche à manquer de faux-filet et de côtes de bœuf, plébiscités pour les parties de barbecue. Le flux commercial est normal pour la saison dans les viandes hachées ou transformées.

En revanche, il y a un domaine toujours très préoccupant pour les éleveurs. Le Covid a complètement déstabilisé le marché du jeune bovin qui doit se réinventer, faute de débouchés suffisants chez nos clients traditionnels (Italien, Grec ou Allemand).  Ils se retrouvent sur le marché intérieur avec des animaux pas adaptés en poids et en couleurs pour la consommation française, mis à part dans l’est du pays.

Avec beaucoup moins de touristes, l’Italie n’a pas de gros besoins et se concentre sur sa production intérieure. Les babinettes produites avec nos jeunes femelles remplacent les JB, avec des carcasses plus légères et mieux adaptées aux GMS. L’Espagne qui a axé son commerce sur les pays tiers souffre des conditions de plus en plus drastiques au regard de la protection des animaux dans le transport maritime. La couverture financière de certains états pose également question dans ce monde en crise.  En Allemagne la demande estivale est moins soutenue que d’ordinaire avec des conditions climatiques désastreuses dans certaines régions.  

La situation est inquiétante pour la filière mâle qui doit trouver un nouveau souffle. Investir le marché de la RHD, face à un marché import très concurrentiel ? Prioriser ces viandes dans les appels d’offres publics ? Travailler sur la couleur de la viande, la tendreté et le poids des carcasses pour compenser l’érosion de la production de femelles. Les industriels ont besoin de ces volumes pour équilibrer la charge de leurs outils. Restera à trouver un point d’équilibre financier, ce qui n’est pas le plus facile.