Ration à base de MCPI source d’économies

L’expérimentation sur la production d’un méteil riche en protéagineux produit sur la Ferme expérimentale des Bordes, s’est poursuivie avec l’intégration du fourrage dans les rations des bovins à l’engraissement. Les résultats intermédiaires ont été présentés lors d’une visite d’essai le 26 avril.

Afin de définir l’impact économique de l’incorporation du méteil riche en protéine dans la ration des jeunes bovins (JB) à l’engraissement, un essai a été mis en place avec six lots de charolais issus du réseaux CCBE et Sicarev.

Après trois semaines d’adaptation à base d’une ration foin avec 2 à 2,55 kg d’azote, et un mélange blé-orge-colza, pour que tous les bovins aient le même bol alimentaire, ils ont été alotés le 22 octobre 2022. Au préalable, ils ont été pesés. S’en est suivie une période de transition alimentaire d’environ un mois, afin que les JB s’habituent à leur nouvelle ration. En effet, chaque lot avait une ration différente. Deux d’entre eux étaient les lots témoins : le premier avec une ration à base de céréales classiquement distribuées à la Ferme expérimentale des Bordes ; le second avec une ration en base maïs ensilage, très courante dans le département.

D’un point de vue de l’équilibre alimentaire, les rations se tiennent : les UFV*/kg MS sont de 0.90 pour les modalités à base de maïs et entre 0.94 et 1.01 pour les rations à base de céréales. Les PDI/UFV vont de 89 à 97 et la MAT en g/kg MS est de 133 à 145 pour les rations base maïs et de 143 à 155 pour les rations en base céréales. Quant à l’autonomie protéique, elle est atteinte dans la modalité céréales-MCPI haut où les tourteaux de colza ont disparu de la ration et pour la ration céréales MPCI bas, l’autonomie protéique est atteinte à 85 %. Sur les modalités maïs, l’autonomie protéique passe de 53 % pour la ration de base à 88 % pour celle fortement chargée en MCPI ; ce taux se situe à 73 % pour la ration où le méteil est peu présent.

JUSQU’À 70 EUROS D’ÉCONOMIE PAR JB

Pour aller au bout du raisonnement, outre la quête de l’autonomie protéique, une première simulation économique sur l’impact de l’incorporation d’un méteil riche en protéagineux a été faite. « D’autant plus que cette culture a un coût de semence non négligeable, surtout pour un rendement de 4 tMS, nous sommes sur un fourrage qui coûte cher », reconnaît Antoine Bluteau, ingénieur fourrages Arvalis.

 

« En partant des coûts de revient des aliments et des fourrages, des rations et des ingestions, j’ai pu calculer le coût alimentaire sur les 166 premiers jours d’engraissement. Le premier constat flagrant est que dès que du MCPI est incorporé dans une ration base céréale, on réduit tout de suite le coût de la ration », observe-t-il.

En effet, sur les bases céréales, les tourteaux tendent à disparaitre de la ration, tout comme la paille de blé. Par ailleurs, les quantités de blé et d’orge sont également revues à la baisse, entre 90 et 220 kg en moins selon les modalités.

"« Lorsque l’on a 25 % de MCPI dans une base céréales, on réalise une économie d’environ 40 euros par JB, avec 90 kg de céréales et 100 kg de colza économisés, et avec 45 % de MCPI, l’économie par JB avoisine les 70 euros avec 220 kg de céréales et 220 kg de tourteaux en moins », détaille Antoine Buteau."

En maïs, la diminution du coût de la ration par JB est moins marquée, autour de 17 euros, car pour compenser la réduction de tourteau de colza et d’ensilage de maïs, il a fallu augmenter légèrement les parts de blé et d’orge.

"« Sur la modalité maïs- MCPI bas, on a ajouté 130 kg de blé par JB sur les 166 premiers jours d’engraissement et dans un même temps, nous avons économisé 100 kg de tourteaux. Pour la modalité maïs MPCI haut, nous avons ajouté 240 kg de blé et économisé 200 kg de tourteaux », poursuit-il."

Un calcul définitif du coût de la ration par jeune bovin à l’engraissement sera établi lorsque tous les JB auront quitté la stabulation. Ce sera alors le moment d’apprécier si l’une des rations est mieux valorisée que les autres. Lors de la restitution des premiers résultats, seuls vingt animaux avaient été abattus. « Toutefois, nous pouvons déterminer comme premier axe d’économie : la réduction des compléments dans la ration, notamment au vu de la conjoncture avec la hausse des intrants », conclut Antoine Buteau.

*Unité fourragère viande.

**Protéines réellement digestibles dans l’intestin grêle.