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[Ferme expérimentale] Fourragères estivales : de premiers résultats à confirmer
Pour évaluer le rendement des espèces fourragères d’été et leurs valorisations par les animaux, la ferme expérimentale conduit depuis 2023 un essai. Les premiers résultats ont été présentés et expliqués lors d’une visite, le 18 juillet, organisée sur site.
L’essai Esti’Val est implanté sur trois sites de comparaison*, dont la ferme expérimentale des Bordes à Jeu-lès-Bois (36) et trois sites de démonstration**. Depuis 2023, six espèces-variétés de fourragères estivales sont testées. « L’objectif est d’évaluer leur rendement, leur évolution au cours du cycle. Mais également le comportement des animaux lors du pâturage et déterminer quels sont les stades optimaux de valorisation », a introduit Antoine Buteau, ingénieur régional fourrages pour Arvalis, devant la cinquantaine de participants à la visite, le 18 juillet.
Pour ce faire, à la ferme expérimentale des Bordes, les cultures ont été semées de façon aléatoire « pour gommer la forte hétérogénéité des sols de la parcelle », a précisé l’ingénieur. Et chaque culture est répétée quatre fois afin que les animaux la pâturent à différents stades. « Pour acquérir le plus de références possible et effectuer un bon suivi des animaux, nous les avons pesés à chaque début et fin de cycle de pâturage. Les mesures de biomasse étaient effectuées avant le pâturage ainsi que la détermination du stade », a-t-il développé. Le protocole est similaire cette année avec la poursuite de l’essai. Quant à l’estimation des refus, elle est visuelle.
DISPOSITIF 2023 : LES PREMIERS ENSEIGNEMENTS
L’an dernier, les deux variétés de sorgho ont été pâturées 90 jours sur l’intégralité de la période de pâturage, soit du 28 juin au 16 septembre 2023. « Sur la variété Piper (Sudan x Sudan), la croissance de génisses était de 745 g/j et sur la variété Lurabo (sorgho hydride non BMR) de 685 g/j. Pour le Piper, nous avons eu une moyenne de 8.3 tMS/ ha sur les trois cycles de pâturage, et 9.9 tMS/ ha sur la seconde variété », a détaillé Eric Moreau, technicien d’expérimentation à la ferme des Bordes.
Pour que les sorghos soient consommables sans risque par les animaux, ils doivent avoir atteint au moins 60 cm de hauteur. En effet, à un stade jeune, ils contiennent de la durrhine. Cette molécule entraîne une libération d’acide cyanhydrique dans le rumen pouvant causer une paralysie respiratoire chez les bovins. « Passé les 60 cm, le risque est écarté. Chez Arvalis, nous travaillons sur ce sujet, avec un réseau de vétérinaires car nous manquons de références sur cette molécule », a ajouté Antoine Buteau.
Lors de l’essai 2023, il a été constaté que « si le sorgho a une hauteur inférieure à 1.30-1.50 m, il y a peu de gaspillage, car les bovins ne peinent pas à consommer la plante, tant les feuilles que les tiges », a expliqué Eric Moreau. En revanche, à un stade plus avancé, avec des plantes d’une hauteur supérieure à 1.60-1.80 m, « il y a jusqu’à 50 % de biomasse gaspillée. Les vaches doivent coucher les sorghos pour consommer les feuilles », a-t-il décrit. La valeur alimentaire des sorghos est intéressante avec une bonne teneur en énergie (0.800.90 UFL ) - qui chute lorsqu’ils sont au stade végétatif - et le taux de MAT est en moyenne entre 14 et 15.
Le moha Tardivo, quant à lui, n’a eu que deux cycles de pâturage (75 jours), « nous avons estimé que la repousse après le second cycle n’offrait pas une biomasse suffisante pour un troisième cycle », note Eric Moreau. Pour le premier cycle de pâturage, le lot de génisses est entré dans le paddock lorsque la fourragère d’été avait atteint 20/25 cm. Il y a eu peu de gaspillage lors du premier cycle et un peu plus lors du second cycle. « Le rendement moyen en moha était de 4.25 tMS/ ha sur les deux cycles. D’un point de vue valeur alimentaire, les UFL sont inférieures aux sorghos (0.6 et 0.80), mais la teneur en MAT reste correcte tout au long du pâturage (entre 13 et 18 selon le cycle) », a relaté le technicien d’expérimentation. La croissance des génisses sur cette fourragère était de 585 g/j.
Le teff grass (Steffanie) a d’abord était récolté en premier cycle, puis pâturé deux cycles, soit 65 jours. « On a récolté, début juillet 2023, 1.4 tMS / ha avec un taux de MAT de 20-21. La moyenne des deux cycles de pâturage est de 3.91 tMS/ ha. Du point de vue valeurs alimentaires, là aussi les UFL sont inférieures aux sorghos (0.6-0.8) et la MAT chute rapidement en fin de premier cycle », a présenté Eric Moreau avant d’alerter sur le fait « qu’il y a des problèmes d’arrachage des pieds par le pâturage sur certaines zones du paddock ». Phénomène constaté également par des éleveurs, présents à la visite d’essai, ayant opter pour le pâturage du teff grass dans leur exploitation par des bovins et/ou des ovins.
* Inrae Nouzilly, ferme expérimentale des Bordes, le Ciirpo.
** Chez un éleveur suivi par la chambre d’agriculture de l’Indre, un éleveur suivi par la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire, EPL Bourges-Le Subdray.