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Romain et Julien (Denormandie) : « On veut des prix, pas des primes »
A J-30 de son installation dans le Doubs, Romain Poignard a reçu le soutien du ministre de l’Agriculture, au « cul » de Javeline. Pour Julien Denormandie, l’installation des jeunes sera « le juge de paix de la souveraineté alimentaire ».
« Moi ce que je veux pour l’agriculture, c’est des prix, pas des primes », déclare Romain Poignard, futur éleveur laitier dans le Doubs. « On est bien d’accord », lui a emboité Julien Denormandie. Le ministre de l’Agriculture était de passage à la salle de traite du Salon de l’agriculture ce 1er mars, au moment où Romain, 26 ans, trayait Javeline, sa montbéliarde en 6ème année de lactation.
Pour Romain, le compte à rebours a démarré : après avoir été salarié pendant cinq ans dans une exploitation, le temps de l’installation est venu. Le 1er avril, il rejoindra le Gaec de ses parents à Bouclans (Doubs).
Le futur éleveur est totalement conscient de la « chance » qu’il a de pouvoir s’installer en rejoignant une exploitation « très bien tenue », peu endettée et produisant du lait pour la filière comté, un modèle s’il en est. Le comté a en effet tout compris, pour ne pas dire tout « comprix ».
« La passion ne fait pas tout, on se bat pour Romain et tant d’autres pour améliorer la rémunération », déclare Julien Denormandie. Pour le ministre, cette date du 1er mars est tout sauf anodine puisqu’elle marque la fin des négociations commerciales, sous tension comme jamais. La loi Egalim 2 est censée sortir les agriculteurs de l’étau dans lequel l’enserre la distribution et par ricochet l’industrie. Le verdict est imminent.
A chacun ses défis. Celui de Romain, c’est de perpétuer l’exploitation familiale. Le jeune éleveur va chausser les bottes de ses parents, en s’appuyant sur les aplombs, à commencer par le maintien en l’état actuel de l’effectif (40 vaches) et de la surface (100 ha). « Pas d’agrandissement, pas de travail par-dessus la tête, c’est pas l’objectif », argumente Romain Ce n’est pas la dernière vertu de la filière comté que de contenir la course à l’agrandissement. « Mais il y a toujours matière à progresser sur la qualité, la qualité des fourrages, la qualité du lait, la qualité du travail ».
Face au jeune éleveur, le ministre défend son bilan sur le plan de l’installation, avec notamment la revalorisation du paiement jeunes agriculteurs à compter du 1er janvier 2023 ou encore le renforcement de la régulation du foncier par l’encadrement des cessions de parts sociales. « Le juge de paix de la souveraineté alimentaire, c’est l’installation des jeunes, il faut absolument que l’on réussisse », argumente Julien Denormandie. Selon le ministre, la « grande loi d’orientation et d’avenir », annoncée par Emmanuel Macron lors de l’inauguration du Salon de l’agriculture reposera sur « le triptyque rémunération, formation, installation ». Avec son BTS Acse, son Certificat de spécialisation en élevage, son installation imminente et sécurisante, Romain coche toutes les cases.