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Un robot pour désherber sous le rang
Reprise du travail du sol et pénurie de main-d’œuvre ont motivé quatre viticulteurs du Chinonais à investir dans un robot pour le travail du cavaillon. Retour sur cet investissement réalisé en Cuma.
Il aura fallu attendre l’arrivée de la robotique pour que la Cuma de la Rablaisie s’oriente vers la viticulture. Historiquement axée sur les grandes cultures, elle a récemment investi dans un robot viticole pour le travail du sol. Quatre viticulteurs ont ainsi adhéré à la coopérative locale pour pouvoir prendre des parts sociales dans ce nouvel outil. « Il s’agit avant tout d’un projet commun de viticulteurs, financé par une Cuma », résume Guillaume Turquois, le président.
Les quatre utilisateurs ont fait le choix du robot pour des raisons similaires : une volonté forte de diminuer les herbicides et retravailler les sols, diminuer le bilan carbone de leur exploitation et répondre aux problématiques de recrutement de main-d’œuvre qualifiée rencontrées depuis quelques années. A cela s’ajoute la motivation financière. L’investissement, d’un montant de 200 000 euros, est subventionné à hauteur de 50 % par FranceAgriMer. « Mais pour bénéficier d’un tel taux d’aide, il faut que l’investissement soit collectif », précise Guillaume Turquois.
UN OUTIL ÉVOLUTIF
Actuellement, seule une décavaillonneuse équipe le Vitibot. « Nous l’avons achetée pour travailler le cavaillon. Mais le constructeur développe de nouveaux outils comme la tondeuse, le travail de l’inter-rang ou la rogneuse, développe Philippe Brocourt, l’un des quatre utilisateurs. C’est un engin qui peut être amené à évoluer. »
Depuis un smartphone, le vigneron accède à bon nombre de réglages. Ainsi, grâce à une application dédiée, il peut décider de la sensibilité du dégagement de la lame (face aux jeunes plants notamment), la puissance d’entrée dans le sol de l’outil, la vitesse d’avancement, etc.
L’autonomie du Vitibot varie de 8 à 12 heures, en fonction du travail demandé, du salissement de la parcelle, de la vitesse d’avancement ou encore du dénivelé. Il dispose de quatre moteurs électriques : deux entrainent les quatre roues directrices, tandis que les deux autres équipent les outils de travail, en l’occurrence les deux éléments de décavaillonnage. Le constructeur garantit 70 % d’efficacité des batteries au bout de sept ans de service.
DES AVANTAGES MULTIPLES
Moins lourd qu’un tracteur standard et équipé de pneus basse pression, le Vitibot tasse moins les sols. D’autant qu’à Chinon, les 2 m d’écartement entre chaque rang permettent aux roues de ne pas passer au même endroit au sein d’un même inter-rang.
Déplacé grâce à un plateau tracté par un utilitaire ou un tracteur, le robot de presque 2,5 tonnes est conçu pour travailler une quarantaine d’hectares. « Après plusieurs semaines d’utilisation, il est sans doute possible d’en faire un peu plus », observent les viticulteurs.
Côté main-d’œuvre, tous sont formels. « Ce robot remplace un tracteur et son outil, mais aussi et surtout un tractoriste », affirme Philippe Brocourt. D’autant que la précision et l’attention du robot sont supérieures à celle de l’homme. A cela s’ajoute l’absence de fatigue ou de lassitude.
UNE PRÉPARATION INDISPENSABLE
L’utilisation de cet outil autonome exige quelques ajustements au sein du vignoble. Par exemple, la mise en place de tuteurs proches des jeunes plants est vivement conseillée pour éviter des arrachages intempestifs lors du passage du robot.
Un recensement GPS des parcelles est nécessaire en amont de sa livraison. Le concessionnaire local s’est déplacé pour réaliser la cartographie des parcelles. Notons que la sauvegarde des 40 ha est compris dans le tarif global du robot. Si des parcelles doivent être ajoutées ensuite, 300 euros de l’hectare sont demandés. Enfin, un abonnement RTK annuel d’une valeur de 4 800 euros est requis. Un bel investissement collectif qui, sans doute, donnera des idées à bon nombre de viticulteurs, à Chinon comme ailleurs.