- Accueil
- [vidéo] Quand l'agroécologie rencontre la coopération
Mardi 16/12/2025
[vidéo] Quand l'agroécologie rencontre la coopération
Face à la pression économique et aux impératifs écologiques, les agriculteurs doivent faire preuve d'ingéniosité. Aujourd'hui, nous mettons en lumière une exploitation girondine qui combine retour aux fondamentaux et mutualisation : le Château Boutinet, où les brebis Southdown et la Cuma de L'Union forment un duo gagnant.
Nous avons rencontré Jérôme Depoizier, vigneron, pour qu'il nous parle de sa démarche en agriculture biologique.
De la vigne au troupeau : retrouver l'équilibre sur 30 hectares
Avec son épouse, Jérôme Depoizier dirige le Château Boutinet, une exploitation familiale de 30 hectares (vignes, prairies et forêts) certifiée en Agriculture Biologique depuis 2020. Mais pour ce vigneron, le bio n'était qu'une étape. L'objectif était d'apporter plus de micro-vie et d'équilibre au vignoble.
La solution est venue des prairies : au lieu de les laisser en friche, l'idée fut d'introduire un troupeau de brebis pour l'éco-pâturage. Le choix s'est porté sur la race Southdown, une race rare en voie de disparition, ajoutant un côté conservationniste au projet.
Jérôme Depoizier : "L'idée, c'était d'essayer de valoriser un petit peu nos prairies... on s'est rabattu sur les brebis et finalement c'est un super compromis. Ça nous permet de pâturer l'hiver dans les vignes."
Les secrets du piétinement des moutons dans le vignoble
L'introduction du troupeau a transformé la gestion du sol. Fini les longues heures de tonte printanière ! Les bénéfices de ces auxiliaires naturels sont impressionnants :
- Tonte naturelle : L'hiver, les brebis assurent un désherbage parfait entre les rangs, permettant de "sortir de l'hiver avec un sol propre".
- Aération des sols : Le piétinement des moutons aère le sol et améliore sa structure.
- Fertilisation : Les déjections enrichissent le sol en matières organiques et favorisent la vie microbienne.
- Efficacité du travail du sol : Une fois les brebis passées, le sol est bien tondu, rendant le passage des outils mécaniques bien plus efficace et simple.
La Cuma : l'intelligence collective contre l'isolement et les coûts
Pour pouvoir travailler ses sols en bio dans les meilleures conditions et sans attendre, Jérôme Depoizier ne peut pas se permettre d'être sans matériel. Mais investir seul dans des équipements de pointe représente un coût important.
C'est là que la Cuma de l'Union intervient.
Jérôme Depoizier : "Aujourd'hui, un tracteur correct, c'est 65 000 €. Un outil de travail de sol correct, c'est minimum 15 000 €. Je ne vais pas vous faire un dessin sur la conjoncture actuelle du monde viticole, c'est bien de pouvoir acheter en Cuma comme ça on n'a pas à supporter l'intégralité de l'investissement."
La Cuma est bien plus qu'un simple espace de mise à disposition de matériel :
- Matériel performant : Accès à des outils neufs et adaptés au bio (comme les équipements de travail du sol) qui seraient inabordables individuellement.
- Sécurité et souplesse : Possibilité de se "dépanner rapidement" en cas de panne mécanique sur le matériel de l'exploitation, assurant la continuité des travaux agricoles.
- Création de lien : "C'est l'avantage d'être en groupe... Ça permet de créer du lien."
Un soutien indispensable : l'accompagnement de la fédération des Cuma de proximité
Derrière le succès de ces projets mutualisés, il y a un accompagnement crucial. La Fédération des Cuma Gironde et Lot-et-Garonne est le pilier qui garantit la bonne marche des Cuma de son territoire. Son rôle est multiple :
- Soutien économique : Elle aide à réaliser des études de faisabilité et à structurer les investissements, assurant que l'achat de matériel (tracteurs, outils spécialisés) soit financièrement viable pour le groupe.
- Gestion et formation : Elle apporte un appui juridique et comptable indispensable et forme les responsables des Cuma à la gestion de groupe, un facteur clé de réussite dans la mutualisation.
- Recherche de financements : La Fédération est un intermédiaire essentiel pour mobiliser les aides publiques et les financements bancaires, allégeant d'autant la charge pour les adhérents.
L'expérience du Château Boutinet et de la Cuma De L'Union est une illustration concrète de la manière dont coopération et agroécologie s'unissent pour construire une agriculture plus résiliente.