LabelPulvé, le printemps des pulvérisateurs viticoles

Au premier semestre 2020, les premières étiquettes distinguant 7 classes de performance seront apposées sur les appareils que les constructeurs auront bien voulu soumettre à la labellisation officielle. Enjeu : réduire jusqu’à 50% les doses pulvérisées sans réduire les doses déposées sur le feuillage et les grappes.

Réduire de 50% l'usage de fongicides et insecticides, autrement dit atteindre l'objectif d'Ecophyto 2+, par le seul truchement d'un pulvérisateur classé 1 par LabelPulvé ? C'est possible, si l'on en croit les instigateurs du label, à savoir les ingénieurs de l'IFV, de l'IRSTEA et du CTIFL, réunis au sein de l'UMT Ecotech.

En 2013, ces trois organismes ont entamé un chantier, aussi inédit qu'ambitieux, consistant à caractériser la qualité d'application des appareils du marché, au travers la mesure de la quantité et de la répartition des dépôts de pulvérisation dans le feuillage de la vigne.

2013, c'est l'année où l'IFV et l'IRSTEA sont primés au Sitevi pour le banc de pulvérisation EvaSpayViti. Celui-ci reproduit artificiellement 4 rangs de vigne de 10 m de long chacun. Ses centaines de collecteurs mimant les feuilles de vigne ouvrent la voie à une classification des pulvérisateurs.

Novembre 2019 : LabelPulvé est gratifié d'une médaille d'argent au Sitevi et s'apprête à dévoiler, d'ici au printemps 2020, ses premiers stickers sur les pulvérisateurs que les constructeurs auront accepté de soumettre au banc d'essai, la démarche étant volontaire.

Des chiffres et des lettres

La labellisation arbore une numérotation de 1 à 7, la classe 1 étant la plus performante. Garantit-elle une réduction possible de 50% de la dose des produits phytosanitaires ? « Ce n'est pas aussi schématique que cela », répond Adrien Vergès, ingénieur à l'Institut français de  la vigne et du vin (IFV). « Les pulvérisateurs ont en fait été évalués à trois stades végétatifs distincts, c'est à dire en début, en milieu et en fin de végétation pour les vignes larges et à deux stades pour les vignes étroites. A chaque stade, on a évalué le taux de réduction possible de dose, en prenant comme référence les pulvérisateurs à voûte pneumatique, qui représentent environ les deux tiers du parc. Ces appareils ont été crédités de la note B. Ceux dont le dépôt sur feuilles est inférieur à celui des voûtes, héritent de la note C. Les appareils plus performants sont discriminés en deux classes A et A+. La classe A autorise une réduction de la dose d'emploi de 30 % tout en assurant une couverture sur feuille équivalente à la classe B. Pour la classe A+, la réduction atteint 50 %. La note finale de 1 à 7 correspond à une synthèse des performances enregistrées aux différents stades végétatifs ».

Un site internet dédié

Seule cette note de synthèse, comprise entre 1 à 7, sera affichée sur le pulvérisateur labellisé. Mais l'ensemble des informations le caractérisant (dont le classement A+, A, B ou C), seront accessibles sur un site internet dédié, lequel recensera tous les appareils labellisés, ainsi que les réglages requis par chacun pour optimiser la qualité de pulvérisation. Le tout va donc constituer une base de données précieuse pour les viticulteurs désireux de renouveler leur appareil et/ou d'optimiser leur usage.

A condition que les constructeurs jouent le jeu. Adrien Vergès se veut optimiste. « Certains constructeurs disposent de gammes larges parmi lesquelles certains modèles devraient bien ressortir dans le classement », relève-t-il. « Il faut aussi compter avec des petits constructeurs spécialisés, proposant notamment des panneaux récupérateurs, dont certains devraient figurer parmi les mieux notés ». Les constructeurs auront deux possibilités de faire labelliser leurs appareils : soit en les passant au banc, soit par typologie, en étant classé sur la base de matériels similaires, eux-mêmes soumis aux tests.

Flécher les investissements et les aides

Les dossiers de demande seront examinés par la commission technique LabelPulvé constituée d'experts indépendants sur la pulvérisation et issus des différents vignobles. Le projet LabelPulvé est lui-même régi par une charte de gouvernance et un comité de pilotage collégial dans lequel sont représentés les Chambres d'agriculture, le CIVC, la DGAL, la DGPE, l'UIPP, AXEMA, l'APCA, l'INAO et les Conseils régionaux. C'est ce qui s'appelle mettre la pression...

La labellisation devrait servir de fléchage aux subventions pouvant être attribuées dans le cadre du Plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles (PCAE), mobilisant des financements du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER), du ministère de l'Agriculture et des Régions. Depuis 2018, le PCAE est intégré aux outils de financement du volet agricole du Grand plan d'investissement.