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Plan filière vins : « Il ne peut pas y avoir de transition écologique sans développement économique »
Suite aux Etats Généraux de l’Alimentation, la filière vins française a remis sa feuille de route au ministre de l’agriculture le lundi 29 janvier dernier. Un plan ambitieux, notamment en termes de réduction des produits phytosanitaires mais qui, selon les représentants de la filière, nécessite le soutien des pouvoirs publics pour pouvoir être déployé dans les différents bassins viticoles.
Attendue depuis quelques semaines - faute d'avoir reçu l'assurance du président de la république d'un soutien clair et net à la filière vins - la profession viticole a finalement remis sa copie le 29 janvier dernier au ministre de l'Agriculture. Emmanuel Macron avait en effet assuré la profession que la stratégie nationale de santé ne consisterait pas, à propos du vin, à le proscrire dès le premier verre, mais à « lutter contre les consommations excessives et à risque ». L'engagement sanitaire de la filière, notamment la sensibilisation et l'éducation à une consommation sans risque pour la santé, est d'ailleurs un des quatre piliers du plan de la filière Vins (voir encadré).
Depuis, les propos de la ministre de la santé Agnes Buzin ont semé le trouble dans cette réelle volonté de soutenir la filière et les professionnels comptent sur la visite d'Emmanuel Macron au Salon de l'Agriculture pour éclaircir la position du gouvernement.
La transition écologique au cœur du plan Vins
Quoi qu'il en soit, la feuille de route de la filière vins est désormais connue. Elle met notamment fortement l'accent sur la transition écologique dans un contexte de pression sociétale forte. La filière viticole française en a bien conscience : elle n'a d'autre choix que de réduire l'usage des pesticides, une voie que de nombreux bassins viticoles ont d'ailleurs déjà emprunté depuis plusieurs années.
Et les ambitions sont fortes : 50% des exploitations certifiées HVE ou Bio d'ici 2025, sortie totale des herbicides, renouvellement dans les 5 ans des 2/3 du matériel de pulvérisation peu performant, privilégier l'usage de produits phytosanitaires alternatifs, .... Des ambitions qui devraient notamment être déclinées dans les différentes appellations par le biais de modifications des cahiers des charges afin de permettre un mode de conduite différent, économe en produits phytosanitaires, et utilisant, en partie, des variétés résistantes aux principales maladies fongiques que sont le mildiou ou l'oïdium. Une démarche qui devrait prendre trois à cinq ans.
« Nous avons entendu les attentes sociétales, légitimes», indique Jean-Marie Barillère, président du comité national des interprofessions des vins à appellation d'origine (CNIV), mais « il n'y aura pas de transition écologique sans développement économique », prévient-il. Il faut qu'un «vigneron qui ne met pas en œuvre un plan de viticulture durable gagne moins que celui qui le fait.» Pas question n'ont plus d'emmener les vignerons dans des impasses techniques : « Actuellement, élaborer un grand vin sans aucun traitement, on ne sait pas faire », d'où la nécessité de trouver des techniques et des produits alternatifs
La profession compte sur le soutien des Pouvoirs Publics
Au-delà du besoin de valorisation de ces démarches auprès des consommateurs, la profession compte sur les Pouvoirs Publics pour soutenir cette transition, notamment par le biais du plan d'investissement de 5 milliards d'euros annoncé par le Gouvernement. Une aide qui pourrait servir par exemple à financer la modernisation du parc de pulvérisateurs mais aussi le changement de pratiques culturales les 5 premières années.
Et ce plan ne peut exister que si les entreprises vinicoles sont pleinement en capacité d'investir dans ces grandes évolutions, « d'où la nécessité aussi de mettre en œuvre une série de mesures concernant leur résilience » ajoute Jérôme Despey, président du Conseil Spécialisé Vins de FranceAgriMer. Ces mesures consistent notamment à renforcer la mise en place de réserves (VCI), à rendre plus attractif le dispositif assurantiel actuel et à mettre à plat la fiscalité des entreprises (taxes foncières, fiscalité de la transmission du foncier, fiscalité des stocks et de l'épargne de précaution,..). Pour plus d'efficience économique, Jérôme Despey insiste également sur la nécessité d'étendre les politiques de contractualisation pluriannuelles intégrant des formules de prix, comme c'est actuellement le cas en Languedoc entre négociants et coopératives.
Mais la filière vins a la particularité d'être gérée au niveau régional et non pas national. C'est donc maintenant aux bassins viticoles de s'approprier ce plan et de le décliner, en prenant en compte les particularités régionales. « Il est important de constituer des groupes de viticulteurs leaders qui vont entraîner les autres», explique Jérôme Despey. Le Bordelais mais aussi la Champagne et récemment le Languedoc ont déjà annoncé des plans de réduction des phytosanitaires sur leurs territoires. Des locomotives qui devraient tirer toute la profession dans cette voie.