[Vinitech 2022] Viti-Tunnel : le zéro IFT garanti contre les maladies

Conseiller viticole indépendant, Patrick Delmarre a conçu avec Viti-Tunnel une barrière physique contre les maladies de la vigne, réduisant à la portion congrue les applications de fongicides. L’industrialisation se profile à l’horizon 2024, moyennant un coût cible d’environ 15 euros du mètre. Prix spécial du jury de l’innovation.

« Pas de pluie, pas de maladie » annonce Patrick Delmarre. L’homme sait de quoi il parle : il est  l’un des six ingénieurs de Proviter, entreprise conseil dans les vignobles du bordelais, de la Charente, de la Dordogne ou encore du Gers. « Lorsque l’on applique des fongicides, on agit sur les conséquences de la pluie. Avec Viti-Tunnel, on agit sur la cause en amont ». Les résultats sont plus que probants. « C’est zéro mildiou garanti, déclare le président de Mo-Del, la société que Patrick Delmarre a créée en 2016 pour développer son concept. Ce n’est pas moi qui l’affirme mais l’IFV, qui réalise depuis quatre ans le suivi des dix sites expérimentaux en Gironde. Le système est tout aussi efficace contre le black-rot et le botrytis. Contre l’oïdium, dans certaines conditions, il peut être nécessaire en fin de saison de diffuser du soufre fleur au moyen de puffers ». Le système a aussi une efficacité contre le gel jusqu’à-3°C et contre la grêle (grêlons de la taille de balles de ping-pong).

30 € le mètre avant industrialisation

Le système repose sur des armatures métalliques et des moteurs électriques (éventuellement alimentés par des panneaux photovoltaïques) déroulant une bâche lorsque que le capteur détecte la survenue d’une pluie, le tout de manière automatisée. Il faut moins d’une minute pour couvrir et découvrir les rangs. Le système est compatible avec les interventions mécaniques en saison, vendanges comprises.

Si le système a fait la preuve de son efficacité, son prix ne condamne-t-il pas Viti-Tunnel à demeurer une belle idée, déconnectée des contingences économiques ? « En l’état actuel, c’est à dire sans aucune rationalisation industrielle, je jauge le prix de revient aux alentours de 30 euros le mètre, indique Patrick Delmarre. L’objectif est de ramener ce prix entre 15 et 20 euros le mètre ». A raison des 10 km/ha d’une vigne plantée à 1 mètre, on sera tout de même rendu à 150.000 euros d’investissement. Moitié dans des vignes plantées à 2 mètres.

Des investisseurs sur le rang

Mais il faut aussi compter avec un amortissement sur 20 ans pour la structure, 8 ans pour les bâches. « Si l’on arrive à ramener le prix à 15 €/m, je pense Viti-Tunnel aura du potentiel, sinon ce sera réservé au 50.000 ha de vignobles grand cru, affirme Patrick Delmarre, avec une pointe d’insatisfaction. La solution peut aussi intéresser les parcelles à proximité des habitations ». Outre le coût de revient, la fiabilité et l’intégration paysagère constituent les autres défis à relever. Patrick Delmarre escompte mettre sur le marché Viti-Tunnel en 2024.

Fort de son Prix spécial décroché à Vinitech, Patrick Delmarre a aiguisé l’intérêt de plusieurs investisseurs. Si les pluies ne sont plus contaminatrices, le vent tourne.