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Transport des grains affecté par la grève : "on entre dans le dur"
La grève contre la réforme des retraites perturbe fortement l’acheminement des marchandises, que ce soit jusqu’aux ports ou vers les usines d’alimentation du bétail. Le 15 janvier, en pleine opération « ports morts » des dockers, les professionnels de la filière céréalière tirent la sonnette d’alarme.
Au 42ème jour de grève nationale contre la réforme des retraites, le transport des grains à travers la France est fortement perturbé et les professionnels commencent à faire les comptes. A la Coopérative agricole (ex-Coop de France), on parle de 300 trains annulés. Chez Soufflet négoce, seuls 50% des trains programmés ont été maintenus. Et si le camion offre une solution de report, c'est au prix de surcoûts importants, estimés entre 4 et 6 €/t, soit une hausse de 50% par rapport au train. Pour les coopératives, les frais supplémentaires liés au transport des grains des silos jusqu'aux ports sont estimés à 2 millions d'euros.
Pour les industries fabriquant les aliments du bétail, les difficultés d'approvisionnement ont mené certaines usines à l'arrêt, notamment en Bretagne. Le risque : une rupture d'approvisionnement pour les éleveurs. Les amidonneries sont également concernées.
Réunis le 15 janvier, les membres du conseil spécialisé « grandes cultures » de FranceAgriMer se sont notamment inquiétés de la situation dans les ports français pour l'export du blé. « En décembre, la grève avait été anticipée et des stocks avaient été faits pour une semaine, voire une dizaine de jours, indique Benoît Piètrement, président de ce conseil spécialisé. Mais là, on est dans le dur et certains bateaux ne peuvent pas être chargés ». Cette semaine est d'autant plus cruciale que les dockers ont lancé l'opération « ports morts » pendant 72 heures jusqu'au 16 janvier dans sept grands ports maritimes : Dunkerque, Le Havre, Rouen, Nantes-Saint-Nazaire, La Rochelle, Bordeaux et Fos-sur-Mer.
Une situation qui survient alors que le disponible exportable français vers les pays-tiers est important cette année (12,4 millions de tonnes de blé tendre), et que les ventes françaises étaient très dynamiques depuis le début de la campagne. « La France est très compétitive et a déjà exporté 5,7 millions de tonnes vers l'Algérie, l'Egypte ou encore la Chine », fait savoir Marc Zribi, chef de l'unité « grains et sucre » chez FranceAgriMer.
« L'objectif des 12,4 millions de tonnes semble pour l'instant très compromis », estime Benoît Piètrement, qui craint que les importateurs aillent « voir ailleurs ». Dans ce contexte, les professionnels de la filière céréalière ont lancé un « cri d'alarme » auprès des acteurs publics : DRAAF, préfets et ministère. « Ceux-ci ont indiqué être mobilisés aux côtés des opérateurs pour essayer d'améliorer autant que faire se peut la situation, en lien étroit avec SNCF Réseau, précise Marc Zribi. Mais il est certain que l'impact pour les opérateurs s'annonce extrêmement lourd ».