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Démographie : quelle perspective pour le cheptel allaitant français ?
A l’occasion de la 5ème édition de la conférence grand angle viande, les experts de l’Institut de l’élevage se sont intéressés à l’évolution démographique du cheptel allaitant français.
« En 2013 on attendait la poursuite de l'érosion du cheptel allaitant. Mais il y a une hausse du cheptel à laquelle on ne s'attendait pas » précise Eva Groshens, responsable de projet à l'Institut de l'élevage. En effet, la capitalisation qui a eu lieu entre 2013 et 2016, période durant laquelle le cheptel a augmenté de 110 000 têtes malgré des prix peu incitatifs, s'explique par le contre-coup de la sécheresse en 2013, des incertitudes sur les modalités d'application de la Politique Agricole Commune (PAC) notamment la suppression du plafond PHAE, dans un contexte d'agrandissement généralisé des structures. Cette hausse, explique en partie la baisse « très brutale du cheptel » à laquelle on assiste depuis peu.
En effet, depuis 2017, le cheptel français a diminué de 140 000 têtes, « on a perdu plus que ce qu'on avait gagné en deux ans » précise Eva Groshens. Ce phénomène s'explique principalement par des prix médiocres. Sur la période on constate « un coup de frein sur les agrandissements » et également « un manque de naissance » qui a renforcé la baisse du cheptel. Autre contribution à la diminution démographique, les arrêts d'exploitation ont également été plus nombreux sur les deux dernières années, en moyenne 1 500 par an contre 800 les années précédentes.
Baisse du taux de fertilité
La décapitalisation ne suffit pas à expliquer une baisse de 88 000 têtes entre juillet 2017 et juillet 2018. Sur les deux dernières années, il y a eu une dégradation du taux de fertilité « de l'ordre de -5% sur les vaches allaitantes » et d'une race à l'autre, l'écart peut se creuser -1,5% à -4,5%. Le Limousin est plus sévèrement touché que les autres régions.
L'institut de l'élevage a mené une étude sur la surmortalité des bovins de plus de 6 mois, qui a mis en avant « un problème de qualité des fourrages en 2016, qui avait pesé lourdement sur l'état corporel des animaux » précise Eva Groshens. Pour la responsable de projet, « cette même cause pourrait être à l'origine de la baisse des naissances actuelle. » D'autres causes peuvent également être soulignées comme le retour de la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) ou encore le niveau d'infestation parasitaire.
Retour à la normale pour 2018 ?
Oui. Pour l'année 2018, l'institut de l'élevage prévoit plutôt « un retour de la fertilité à des niveaux assez normaux. » En prenant l'hypothèse que les niveaux des trois premiers trimestres se poursuivent jusqu'à la fin de l'année, « on se trouverait à mi-chemin entre l'année 2016 et 2017 » analyse Eva Groshens.