Le Programme ambition bio 2027 ou la lueur de réponses structurelles

Le PAB 2027 met l’accent sur la structuration des filières et la stimulation de la demande en produits bio et sera décliné dans les Régions. Il sera aiguillonné par toute une batterie de nouveaux indicateurs amont-aval, et par deux études portant sur les externalités de la bio et ses perspectives à l’horizon 2040.

« Ambitieux », de nature à « répondre à la crise », traçant une trajectoire de moyen et long terme pour « retrouver la confiance, la  confiance de ceux qui sont engagés et de ceux qui voudraient s’engager dans la bio » : c’est ainsi que Marc Fesneau a commenté la présentation Programme ambition bio (PAB) 2027 lors du Salon de l’agriculture.

Ou plus exactement de l’avant-projet car le PAB 2027 doit encore être nourri des conclusions de deux études, attendues pour cette année. La première porte sur la quantification des externalités positives de la bio liées à la santé des sols, la biodiversité, le climat et la santé. La seconde est une étude prospective dessinant le futur de la bio à l’horizon 2040, et destinée à peaufiner la stratégie de consolidation et de développement des filières.

L’avant-projet du Programme ambition bio 2027 a été dévoilé au Salon de l’agriculture
L’avant-projet du Programme ambition bio 2027 a été dévoilé au Salon de l’agriculture

De multiples indicateurs de suivi, des plans bio régionaux

La présentation du PAB arrive à point nommé, l’AB étant tourneboulée depuis deux ans par la crise de la demande, alors que l’offre pousse, notamment chez les candidats à l’installation. Le programme réaffirme l’objectif de 18% de SAU bio à fin 2027, conformément aux engagements inscrits dans le Plan stratégique national. A fin 2022, le taux était de 10,7%. Le PAB 2027 ne va cependant plus s’en tenir à cette seule toise un tant soit peu réductrice mais intégrer de multiples d’indicateurs de suivi, avec notamment la comptabilisation des surfaces et des cheptels filière par filière. L’aval sera aussi scruté de près avec des indicateurs cernant les préparateurs, distributeurs et restaurateurs. Les trois lieux et/ou moments de consommation, à savoir la consommation à domicile, la restauration collective et la restauration commerciale, seront aussi décryptés.

"Il faut préserver et étendre notre patrimoine de 60.000 fermes bio. C’est notre bien commun"

« La France est la patrie du bien-manger, notre repas est classé au patrimoine mondial mais els 160.000 chefs et cheffes n’achètent que 1% de bio, a déclaré Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio, lors du la présentation du PAB 2027. Il faut "BioRéflexer" le monde de la gastronomie, a-t-elle poursuivi, en faisant allusion à la campagne de communication BioRéflexe. Les 160.000 chefs de France ne peuvent que devenir les soutiens de nos agriculteurs bio. Il faut préserver et étendre notre patrimoine de 60.000 fermes bio. C’est notre bien commun ».

Seront également intégrés dans le panel d’indicateurs le nombre d’emplois directs et le taux de confiance des consommateurs, dont le dernier baromètre de l’Agence bio a clairement montré les failles, 1 Français sur 2 exprimant des doutes sur la véracité de la bio. La souveraineté n’est pas oubliée avec les indicateurs d’importation.

Au plan territorial, le PAB 2027 assigne à chaque Région l’objectif de se doter de son propre plan bio, piloté par la collectivité ou par les services déconcentrés de l’État (ou en copilotage), selon les configurations régionales. Une journée annuelle nationale sera organisée dans le but de partager les expériences des actions régionales.

Installation et transmission

La Plan aborde également le volet transmission (avec l’incitation à mobiliser l’enveloppe de 2 milliards d’euros de prêts garantis par l’État pour permettre aux jeunes installés de reprendre une exploitation AB) et installation en AB. Selon le PAB 2027, de nouvelles règles de priorité, relatives aux Schémas directeurs régionaux des exploitations agricoles (SDREA), privilégieront les projets d’exploitations déployant des pratiques agroécologiques, notamment dans les zones humides et les aires d’alimentation prioritaires de captage. Des règles spécifiques seront également mises en place pour favoriser le maintien des terres en AB, prenant en compte les délais de conversion et les investissements déjà engagés. Les candidats seront bien sûr éligibles au du fonds « Entrepreneurs du vivant », inscrit dans le Plan France 2030, en faveur du portage de capitaux et du foncier.

Structuration et communication

Décliné en 3 axes et 26 actions, l’avant-projet PAB 2027 fait la part belle à la structuration des filières et à la stimulation de la demande. Le ministre de l’Agriculture a réaffirmé les engagements budgétaires de l’Etat, annoncés au dernier salon Tech&Bio, à savoir les 18 millions d’euros annuels et jusqu’en 2027 pour le Fonds Avenir bio (contre 15 millions d’euros en 2023) et les 5 millions d’euros annuels et jusqu’en 2027 alloués à l’Agence bio pour ses campagnes de communication BioRéflexe, auxquels il faut ajouter une rallonge de 3 millions d’euros pour 2024. « Plus un citoyen est informé sur le bio, plus il en mange, a affirmé Laure Verdeau. Un quart des Français dit : je ne mange pas bio parce que je n’y pense pas. On ne peut pas se permettre de perdre ce marché-là ».

Deux nouveaux dans l'équipe de France de la bio

Dans cette optique, l’Agence bio vient d’entamer un Tour de France de la bio à bord d’un « biobus » faisant halte dans 12 métropoles. L’agence se réjouit par ailleurs de compter dans son « équipe de France de la bio », les enseignes Intermarché et Magasins U, qui se sont engagées à mettre en avant le « BioRéflexe » dans leurs points de vente.