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150 euros par mois pour mieux manger : l’idée d’une sécurité sociale de l’alimentation en débat
Permettre à chacun de « choisir son alimentation et d’accéder, sans condition de ressources, à des produits sains et de qualité » : tel est l’objectif d’une proposition de loi visant à mettre en place à titre expérimental « une sécurité sociale alimentaire pour tous », qui sera examinée le 20 février. Elle entend répondre à la précarité alimentaire et à la crise agricole.
« Ce seraient 150 euros par mois crédités sur une carte vitale de l'alimentation » pour « tout le monde », qui « pourraient être dépensés dans des lieux conventionnés démocratiquement », a expliqué Boris Tavernier, député du groupe EELV, lors d'une conférence de presse le 11 février à Paris. La proposition de loi, qui prévoit une expérimentation de ce dispositif sur cinq années, sera présentée le 20 février lors de la « niche » parlementaire des Ecologistes, une journée qui leur est réservée pour présenter les textes de leur choix.
Soutenir les initiatives locales
Une quarantaine de caisses alimentaires d'initiative locale, qui permettent des circuits courts de distribution des agriculteurs aux citoyens grâce à des cotisations mensuelles, existent déjà en France.
Cette proposition de loi donnera « un cadre légal pour renforcer les initiatives existantes inspirées des principes de la sécurité sociale de l’alimentation, et permettre à d’autres initiatives locales d’émerger dans les prochaines années », indique le groupe écologiste. Elle vise également à « créer un fonds national d'expérimentation pour soutenir ces initiatives ».
Cette sécurité sociale sera théoriquement financée à 50% par des fonds publics, 25% par les collectivités territoriales, et 25% par une cotisation citoyenne volontaire. Cette initiative profitera autant aux citoyens qui pourront « choisir ce qu'ils mettent dans leur assiette », qu'aux agriculteurs qui seront mieux rémunérés, assure le député Boris Tavernier.
Les réflexions autour d’une sécurité sociale de l’alimentation existent depuis plusieurs années, mais sont revenues sur le devant de la scène dans un contexte de hausse de la précarité alimentaire en France. On estime actuellement que plus de 8 millions de Français ont besoin de l’aide alimentaire pour se nourrir. A la création des Restos du cœur en 1985, cette aide alimentaire était alors conçue comme exceptionnelle, répondant à une urgence. Quarante ans après, elle s’est institutionnalisée.
Dans le même temps, une grande partie des agricultrices et agriculteurs peinent à se rémunérer correctement de leur travail. L’idée des « chèques alimentaires », promesse gouvernementale qui n’a jamais vu le jour, allait également dans ce sens.
Cette loi viendrait « concrétiser » un « droit fondamental à l'alimentation », que le groupe des Ecologistes souhaite introduire dans la Constitution française depuis mai 2024, pour « imposer à l'Etat l'obligation de prendre des mesures », a affirmé la sénatrice Raymonde Poncet Monge.