Observatoire : des prix agricoles en progression qui ne couvrent pas les coûts de production

D'après l’Observatoire de la Formation des Prix et des Marges des produits alimentaires, les prix agricoles auraient progressé de 3% quand quasi aucune production ne couvrirait ses coûts de production.

« Après les fortes baisses de 2014 et 2015 et la stagnation de 2016, l'année 2017 est caractérisée par une amélioration des prix à la production agricole, considérée dans son ensemble, avec une hausse moyenne de 3% par rapport à 2016 ». Ce chiffre de progression est à nuancer selon les filières. Les prix à la production augmentent dans l'ensemble des filières étudiées par l'Observatoire sauf pour le blé dur et les légumes. Dans le détail, une hausse des prix à la production s'observe pour l'année 2017 pour le porc (+6%), les bovins de boucherie (+3,6%) et le lait de vache (+13%) après une année difficile en 2016. Même constat pour le blé tendre, après une année 2016 à des niveaux très bas, les prix à la production remontent de 4,6% contrairement au blé dur (-7%) qui a poursuivi sa baisse. Les prix à la production des légumes sont également en diminution de 7 %.

« Extrême instabilité »

Le rapport précise également que les prix des produits des industries alimentaires considérés globalement, progressent en 2017 de 1,4%, après 3 ans de baisse. Idem pour les prix à la consommation alimentaire, en baisse en 2014 et quasi stables en 2015, ils enregistrent pour l'année 2017 une hausse de plus de 1%, comme en 2016.

Pour Philippe Chalmin, président de l'OFPM « ce qui est frappant c'est la stabilité des prix à la consommation face au contraste avec les produits agricoles » soumis selon les filières à une « extrême instabilité ». Parmi les productions dans le rouge, la viande bovine pour laquelle d'après le président de l'OFPM « on est clairement en négatif ». Mais celle qui inquiète le plus Philippe Chalmin c'est le sucre qui a vu son marché dérégulé en 2017. Il insiste « il n'y a aucun producteur (de sucre, ndlr) dans le monde qui couvre la réalité de ses coûts de production. » Autre sujet d'inquiétude, la filière porcine et sa forte dépendance au marché asiatiques. Les sanctions chinoises envers les Etats-Unis profitent pour l'instant à l'Europe, et après ? D'après Stéphane Travet, le plan de filière pourrait être la réponse « notamment avec le porc dont pour l'instant la part reste infinitésimale.»

Etats généraux de l'Alimentation

D'après les données collectées par l'OFPM pour l'année 2017 « les prix payés aux agriculteurs ont été à nouveau inferieurs à la réalité des coûts de production et n'ont pas couvert la rémunération du travail ni du capital et cela même en tenant compte des aides européennes, à l'exception, pour une assez longue période, du porc et, de manière marginale, du lait. »

Et la question des prix rémunérateurs ou plutôt de « juste prix » a effectivement occupé l'actualité d'une partie de l'année 2017, avec les Etats généraux de l'alimentation, durant lesquels l'OFPM a été évoqué de nombreuses fois. Suite aux discussions à l'Assemblée « nous avons décidé d'augmenter les moyens et le rôle de l'observatoire » a précisé Stéphane Travert. Le ministre de l'agriculture s'est dit défavorable à ce que l'OFPM se substitue aux interprofessions pour le calcul des coûts de production pertinents car « le risque est les filières se désengagent. » Et d'ajouter « oui à l'accompagnement et à l'appui de l'OFPM » et par déduction non à la substitution. Il est, en revanche, favorable à élargir le champ de compétence de l'observatoire à « des filières peu ou pas suivies comme les œufs ou les pommes de terre ». Ajouter les filières bio est également en question.