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Ag’Eau-Vital : « traiter » l’eau pour traiter mieux (et moins) les cultures
La correction de l’eau et son chauffage ouvrent la voie à des réductions significatives de dose de produits phytosanitaires, moyennant un solide outil d’aide à la décision, également fourni par Ag’Eau-Vital. Des coopératives envisagent de proposer la solution en prestation, incluant demain la préparation automatisée de bouillies.
Attention : changement de paradigme. Jusqu’à présent, les pistes de réduction d’emploi des produits phytosanitaires via la correction des propriétés physico-chimiques de l’eau s’opéraient sans l’assentiment des firmes, soucieuses de garantir l’efficacité des produits et accessoirement leur business. Les temps changent, comme en témoigne le profil d’un nouvel opérateur sur ce marché peu défriché.
Créée en 2020, l’entreprise Ag’Eau-Vital est une initiative d’Alain Auréjac, responsable du marché semences hybrides chez InVivo, union de coopératives françaises. Et du reste, l’une des toutes premières installation Ag’Eau-Vital sera mise en service en 2022 sur la station expérimentale de Bioline à Milly-la-Forêt (Essonne), avec pour objectif de jauger la solution Ag’Eau-Vital en grandes cultures. De son côté, l’usine de Bayer Seeds basée à Peyrehorade (Landes) en a validé le concept et l’efficacité. « Mise en service au printemps 2021, notre unité a permis de réduire de 50% les applications de fongicides et d’herbicides sur 1.500 ha de production de semences de maïs, affirme Alain Auréjac, le fondateur et gérant d’Ag’Eau-Vital. En herbicides, la réduction a même atteint 70% ».
Fournisseurs et distributeurs auraient donc pris le chemin de la sobriété phytosanitaire, cette fameuse troisième voie prônée par InVivo, entre tout phyto et tout bio. Il se trouve aussi que les produits de biocontrôle et les biostimulants, dont la majorité contient des organismes vivants, ont tout à gagner du surplus d’efficacité que sont susceptibles de leur conférer l’adaptation de l’eau et son chauffage, sur la base des recommandations des fournisseurs concernés.
La loi Egalim est aussi passée par là. Les agriculteurs doivent désormais prendre eux-mêmes les décisions de dosage des produits, en vertu de la séparation des activités de vente et de conseil. Le tout offre clairement un potentiel de réduction des IFT.
Adapter la qualité de l’eau pour chaque AMM
Le procédé développé par Ag’Eau-Vital consiste à adapter les paramètres physico-chimiques de l’eau aux spécialités commerciales, en jouant notamment sur le pH ou encore l’électro-conductivité. L’entreprise s’est attachée les services d’un expert et a développé une base de données permettant de délivrer une préconisation AMM par AMM (Autorisation de mise sur le marché), autrement dit de dépasser la seule composante matière active, mais d’intégrer le pH de la formulation.
Un autre champ d’expertise développé par Ag’Eau-Vital réside dans le chauffage de l’eau, un « facteur primordial » selon Alain Auréjac. Concrètement, Ag’Eau-Vital propose des unités de préparation de l’eau d’une capacité adaptée au débit de chantier requis par l’exploitation, associées dans tous les cas à une chaudière portant la température de l’eau entre 20°C et 25°C. C’est dans la cuve de stockage de l’eau que le pulvérisateur fait le plein juste avant l’incorporation du produit et l’application au champ. Les unités sont fabriquées par le groupe Orizon, basé à Gimont (Gers), spécialisé dans le traitement de l’eau dans la santé (hôpitaux), l’industrie, le tertiaire et présent sur tout le territoire. Orizon aura la charge du SAV en France.
OAD, base Lexagri et météo Pleinchamp
Ag’Eau-Vital a concentré son expertise dans un outil d’aide à la décision (OAD) permettant d’ajuster les paramètres physico-chimiques au produit phytosanitaire en présence. L’OAD fait le pont avec la base de données Lexagri, qui fournit en temps réel les données relatives à l’homologation des spécialités. L’OAD est également connecté au service météo de Pleinchamp, avec les prévisions gratuites à cinq jours, dans l’objectif de positionner au mieux les traitements dans le temps. « Notre objectif est de rendre accessible notre expertise et notre service au plus grand nombre », justifie Alain Auréjac.
En 2023, l’entreprise complètera son offre avec une seconde brique, consistant à adjoindre à l’unité de préparation de l’eau une unité de préparation des bouillies. « Des coopératives comme Lur Berri et Euralis ont manifesté leur intérêt pour cette solution, qui serait déclinée sous la forme d’une prestation de service, et qui permettrait à tous leurs adhérents, quelle que soit leur SAU, d’accéder à la technologie à moindre frais, souligne Alain Auréjac. En grande culture, le retour sur investissement est estimé entre 4 et 5 ans pour une exploitation de 200 ha au budget phytosanitaire annuel de 25 000 à 30 000 euros, logiciel inclus ».
Les solutions Ag’Eau-Vital peuvent être financées par un prêt Agilor sinon en location avec option d’achat via Locam.