Agriculture française : en 2024, chute conjointe du volume, de la valeur et des prix

Les céréaliers et les viticulteurs ont été confrontés en 2024 à la fois au recul des prix et des volumes produits, conduisant à une « baisse exceptionnelle » des revenus générés par la production végétale en France, rapporte l'Insee dans son rapport annuel sur l’activité agricole en France. Toutes filières confondues, la production agricole est en baisse pour la deuxième année consécutive.

D'après les premières estimations, l'agriculture française - la première de l'Union européenne - a généré moins de 90 milliards d'euros en 2024, en baisse de 7,5% sur un an. La production agricole "avait déjà diminué de 1,5% en 2023" en valeur, "mettant fin à la forte augmentation des deux années précédentes, durant lesquelles les prix s'étaient fortement appréciés dans le contexte de sortie de crise sanitaire puis du déclenchement de la guerre en Ukraine", indique l'Insee.

Cette fois, la baisse touche les prix mais également les volumes, particulièrement pour le vin et les céréales. Les "conditions météorologiques défavorables" ont conduit à une baisse du volume global des productions végétales de 6,8%. "Les prix reculeraient pareillement de 6,8%, conduisant à une baisse exceptionnelle" de la valeur de la production végétale (-13,1%), rapporte l'Insee. En particulier, la production de blé tendre chuterait de 27%, aux conséquences des conditions météorologiques venant s’ajouter une réduction de la surface cultivée (-11,8 % par rapport à 2023). Pour les céréaliers, c’est la deuxième année consécutive de baisse. 

Les récoltes d’oléagineux baisseraient de 11,5 %, et celles de protéagineux diminueraient davantage encore (-22,4 %), sous l'effet supplémentaire de la réduction de la surface cultivée (-15,4 %).

Le trop-plein de pluies n'a été bénéfique que pour les fourrages (+16,1% en volume), mais la baisse importante des prix a également entraîné une chute de la valeur de la production. 

Contributions à la variation en valeur de la production hors subventions en 2023 et 2024 (Source : Insee, compte prévisionnel de l’agriculture arrêté en novembre 2024).

"Pour le vin, les prix reculeraient de 1,5%, la chute des volumes ne suffisant pas à compenser la moindre demande, intérieure comme à l'exportation", écrit l'office statistique. "De même que l'année précédente, le prix du champagne serait le seul à s'apprécier (+7,6%), tandis que s'amplifierait la baisse de prix des autres vins d'appellation (-6,2%) et des vins sans appellation (-4,9%)", poursuit l'Insee.

De son côté, la production animale fléchirait de 1,4 %, le redressement des volumes (+0,9 %) étant plus qu’effacé par une diminution des prix (-2,3 %). Les volumes sont particulièrement hissés par la forte hausse de la production de volailles (+13,8 %), après une année 2023 encore marquée au premier trimestre par l’épizootie aviaire. L’augmentation serait plus marquée pour les canards et les poulets. La production d’œufs fléchirait (-0,4 %). Après avoir diminué en France depuis une vingtaine d’années, le cheptel porcin se redresserait légèrement (+0,9 %). À l’inverse, l’érosion du cheptel se poursuivrait pour les gros bovins (-1,4 %), les veaux (-4,2 %) et plus encore pour les ovins-caprins (-6,2 %), frappés à partir de l’été par la fièvre ovine.