Algues vertes, des évolutions concrètes à mettre au crédit des éleveurs

“désintéressés de l’environnement”, “pollueurs”, pendant des années, les éleveurs porcins ont été la cible de critiques. Mais la filière a réagi sans faire d'esbroufe. Les progrès aujourd'hui, sont bien là !

Dès 1970, les algues vertes ont commencé à s’accumuler sur les estrans bretons. Nul n’ignore aujourd’hui que cet amas vert résulte de l’eutrophisation, c’est-à-dire d’un excès de nitrates issus en partie des activités agricoles, et notamment de l’élevage porcin. Quand les nitrates se déversent dans les cours d’eau, ils provoquent une surfertilisation et par conséquent, une prolifération d’algues vertes.

En quelques années, les éleveurs ont été désignés comme les grands responsables de ce fléau, des parias. Aussi naïve soit cette question, faut-il rappeler que les agriculteurs n’ont pas vocation à polluer délibérément ? Cette mise au pilori aura cependant donné un coup d’accélérateur à la filière porcine qui s’est tournée et ce depuis plusieurs années, vers des pratiques et des procédés plus verts - sans mauvais jeux de mots, plus respectueux de l’environnement et du bien-être animal.

La filière porcine en première ligne

La Bretagne, n’est plus celle des années 1970. Les élevages porcins ont massivement investi dans la modernisation des installations. La gestion des effluents est aujourd’hui structurée autour de plans d’épandage stricts, régis par des calendriers et des contrôles renforcés. Les éleveurs ont pour obligation d’adapter les doses aux besoins réels des cultures pour ainsi limiter les risques de ruissellement. Autre exemple, l’utilisation des fosses couvertes est devenue la norme, freinant les émissions gazeuses et les risques de fuites accidentelles. La méthanisation s’est également imposée comme une solution de plus en plus répandue. De nombreux élevages valorisent désormais leurs lisiers en produisant du biogaz, ce qui permet à la fois de réduire la charge polluante des effluents et de générer une énergie renouvelable. Ce procédé favorise aussi une meilleure maîtrise des flux d’azote et une réduction des émissions d’ammoniac. “Les élevages qui respectent les procédures ne sont pas responsables de la prolifération des algues vertes. Nous avons pris le problème très au sérieux”, souligne Anne Richard, présidente d’INAPORC.

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Force est de constater que les éleveurs respectent aujourd’hui des normes environnementales exigeantes. Les chiffres sont là : la teneur en nitrates dans les cours d’eau a baissé de 21 % à 30 % entre 2010 et 2023 dans les bassins versants des baies à algues vertes, d'après le "Bilan 2024, perspectives 2025" du gouvernement. 

Vers la transition

Face à une pression environnementale et sociétale croissante, les initiatives pour réduire les rejets azotés ont permis des avancées tangibles saluées par les acteurs du territoire. Si certains pointeront la fragilité des progrès, ceux-ci méritent d’être soulignés et prouvent que les agriculteurs sont bien les principaux acteurs de la transition agroécologiques, alors qu’ils en sont souvent désignés comme les contempteurs. Ce virage, amorcé dans la discrétion, a valeur d’exemple. Mais il nécessite constance, accompagnement public et reconnaissance des efforts engagés. Une dimension qui pêche trop souvent dans le débat public.