[Aviculture] Du canard oui mais… avec du poulet et des dindes

Bellavol invite les éleveurs à diversifier l’occupation des canardiers. Mardi 13 mai, l’entreprise proposait une journée aux Landes-Genusson, au sein du Gaec Bauchet qui mise depuis plusieurs années sur la multi-production avicole.

Le bar est au centre. À gauche, des mange-debout. Des micros attendent les premières interventions. Contexte assez inhabituel pour ces 1 300 m2 qui accueillent au fil de l’année, canards, dindes ou poulets. La polyvalence sied donc particulièrement à ce lieu, au cœur de l’exploitation du Gaec Bauchet, aux Landes-Genusson. Bellavol a choisi cette structure associant cultures (230 ha dont 60 % de prairies), élevages bovin (150 vêlages en blondes d’Aquitaine) et avicole (2 500 m2) pour illustrer une thématique stratégique : la multi-production des bâtiments de canards. « Il s’agit de montrer que c’est possible sans dégrader les marges ! », veut convaincre Damien Frappier, chargé du développement commercial de l’entreprise basée à Nueil-les-Aubiers. Bellavol maintient l’ambition de fournir aux abattoirs un million de canards dans cinq ans (800 000 programmés en 2025). La conjoncture malmène les rythmes de remplissage des canardiers, tandis que les risques sanitaires invitent à repenser le modèle uniforme. Il faut donc s’ouvrir aux alternatives. Deux tables rondes ont déployé des arguments, l’une dédiée à l’élevage de canard et l’autre à la diversification des outils.

Sécurité sanitaire

Sous les guirlandes de pipettes et de mangeoires rouges, Emmanuel Bauchet, 46 ans, un des trois associés du Gaec hôte, explique les atouts de la multi-production inscrite dans l’histoire de l’exploitation familiale. « J’ai failli ne pas m’installer à cause de la vache folle, confie Emmanuel, mon père et mon oncle avaient connu plusieurs crises dans la volaille, alors avoir plusieurs espèces est devenu une logique dans notre fonctionnement ». Aujourd’hui, le site de La Sablière compte deux bâtiments mixtes (construits en 2011 et 2019, 2 500 m2 au total), qui lui ont permis de maintenir un rythme de production durant la grippe aviaire et en plein Covid d’actionner un plan B face à l’effondrement du marché. 

Selon les trois associés Bauchet, cette flexibilité n’a pas engendré de gros surcoûts. « L’argent que l’on n’a pas consacré à cette adaptabilité, on ne l’a pas mis dans des racleurs », résume Emmanuel. « La fosse, elle, n’est pas facile à amortir quand on a moins de lots de canards », pondère son collègue Fabrice en charge des bovins. 

Calendrier cadré

Invités à témoigner également, Louis-Marie et Annabelle sont installés en Deux-Sèvres. Ce couple travaille aussi en polyvalence depuis longtemps… et en grand format : neuf bâtiments (11 000 m2) pour produire pintades, dindons, poulets, canards. Il met en avant la sécurité financière d’un tel système alternant, la stimulation technique « sans routine » et l’optimisation de l’outil de travail qui « tourne à 100 % avec une activité régulière ». 

Au Gaec Bauchet, on apprécie ce calendrier à la fois souple et cadré. « On peut jongler entre les spécificités des espèces entre un poulet au cycle court et la dinde qu’on garde quatre mois avec des phases plus tranquilles », illustre l’aviculteur. Les associés esquissent le planning en fonction des vêlages et des autres pics d’activités. « On fait la demande à Bellavol, si ça passe c’est tant mieux ! En tout cas on fonctionne comme ça depuis des années et ça nous convient », affirme Sylvain Bauchet responsable des cultures. Chacun s’octroie un week-end sur trois de répit et au moins quinze jours de congés.