Betterave : la CGB alerte sur l’apparition « généralisée » de la jaunisse

Le syndicat évoque un scénario similaire à l’année 2020, qui avait vu la production de betteraves sucrières chuter de 30%. Et estime que les betteraviers demeurent dans une situation d’« impasse technique », faute de moyens de lutte efficaces en cas de forte infestation.

A peine deux semaines après l’adoption de la loi Duplomb ouvrant la voie à la réintroduction, dérogatoire et sous conditions de l’acétamipride, un insecticide foliaire de la famille des néonicotinoïdes, la CGB lance l’alerte. « Depuis plusieurs jours, les symptômes de la jaunisse ont fait leur apparition dans plusieurs régions betteravières, indique la CGB dans un communiqué daté du 17 juillet. C’est la conséquence d’une très forte présence de pucerons à partir de fin avril et courant mai. Ces symptômes qui se multiplient dans la plaine rappellent l’année 2020 et font redouter le pire aux betteraviers ».

Le spectre de 2020

2020, c’est l’année où la jaunisse a engendré une chute de 30% de la production de sucre, deux ans après le retrait des néonicotinoïdes et que la loi 2020-1578 du 14 décembre 2020 réintroduira à titre dérogatoire pour les campagnes 2012, 2022 et 2023, avortée prématurément la veille de la troisième campagne à la suite d’une décision de la Cour de justice de l’UE en janvier 2023.

 

"Les betteraviers restent dans une impasse technique"

L’autre conséquence de cette attaque sans précédent sera la mise sur pied du Programme national de recherche et d’innovation (PNRI), piloté par l’INRAE et visant à mieux documenter l’épidémiologie et à explorer les solutions alternatives aux insecticides. « Cette situation souligne aussi que les travaux conduits depuis 2021 dans le cadre du PNRI n’ont pas encore permis de mettre au point des alternatives efficaces aux néonicotinoïdes, tranche la CGB. Il en résulte que les betteraviers restent dans une impasse technique, qui fait peser un risque majeur sur la production ainsi que sur l’équilibre économique de leurs exploitations et de notre filière. Depuis 2023 et l’interdiction des néonicotinoïdes, nous redoutions ce scénario car nous ne disposons pas de moyens de lutte efficaces contre les pucerons en cas de forte infestation ».

Quid de la lutte en 2026

Pas encore promulguée et questionnée par une pétition ayant recueilli plus d’un million de signatures sur la plateforme des pétitions de l’Assemblée nationale, la loi Duplomb ouvre la voie à l’usage de l’acétamipride, que seule la France au sein de l’UE avait banni de son catalogue en 2018, mais également de la flupyradifurone, traitement de semence au mode d’action identique à celui des néonicotinoïdes. Sauf que l’Institut technique de la betterave (ITB) ne connait pas les performances intrinsèques de ces molécules dans nos conditions de cultures pour la bonne raison que leur utilisation était proscrite en France, y compris dans un cadre expérimental. « Les données actuellement disponibles proviennent des autres pays européens, avec qui nous échangeons, mais dans des conditions pédo-climatiques pouvant différer des conditions françaises », souligne l’ITB. Si ces substances actives sont utilisables et contribuent à la lutte contre les jaunisses virales en France en 2026, l’institut technique indique qu’il adaptera ses conseils de traitement en fonction des molécules disponibles et des résultats d’expérimentations à sa disposition.

Des essais spécifiques seront par ailleurs mis en place dès la prochaine campagne pour produire des références expérimentales propres à aux conditions agro-climatiques de la France. « Cette loi ne remet pas en cause nos travaux actuels pour déployer de nouvelles solutions pour contrôler les impacts des jaunisses virales sur notre productivité betteravière », affirme l’ITB.