Comment gérer les adventices demain ?

Une quinzaine de céréaliers du nord Touraine planchent sur la gestion des adventices dans les prochaines années. Détail de la méthode utilisée en fonction des systèmes de production répertoriés sur le territoire. Cette méthode a aussi été présentée lors du Rendez-vous au champ, la semaine dernière, à l’Inrae de Nouzilly.

A l’initiative de la chambre d’agriculture, une matinée d’étude avec un groupe d’agriculteurs consacrée à la gestion de l’enherbement en grandes cultures s’est déroulée à St-Laurent-en-Gâtine, le 10 mai. Pierre Maudet, apprenti à la chambre d’agriculture 37, a travaillé sur trois types de systèmes de production, représentatifs des céréaliers présents sur le secteur. Ce travail a été mené dans le nord Touraine car ce territoire recense un nombre important de parcelles drainées.  

Le développement d’adventices résistantes à des herbicides, combiné à la suppression de certaines matières actives en sols drainés, conduit une partie des agriculteurs à des impasses techniques, avant tout sur l’aspect désherbage. Raison pour laquelle un groupe d’agriculteurs a fait appel à la chambre d’agriculture afin de travailler collectivement sur le devenir de leurs systèmes d’exploitation. Les premiers résultats ont également été exposés à tous les participants du Rendez-vous au champ la semaine précédente, à Nouzilly.

DES SYSTÈMES DE PRODUCTION DIFFÉRENTS

Les agriculteurs se sont séparés en trois sous-groupes, selon leurs pratiques culturales. Au sein de chacun, une exploitation représentative a été sélectionnée. Le travail lors de cette demi-journée technique s’est focalisé sur ces trois exploitations. Le premier système, installé dans la vallée de la Loire, dispose d’irrigation et produit un tonnage de maïs important.

Le second, non irrigant, met en place des cultures de diversification (cultures de printemps, pois, etc.). Sa rotation est relativement longue. L’exploitation en question est sur le secteur de Neuillé-PontPierre. Enfin, le troisième est une exploitation qui met en place une rotation simplifiée, à l’image du blé-orge-colza, à l’extrême nordest du département. Les flores indésirables étudiées durant cette expérience concernaient principalement des graminées.

L’objectif du travail de groupe était d’identifier les différents leviers agronomiques qu’il est possible d’actionner pour agir sur le salissement des parcelles. Bien évidemment, ces leviers sont nombreux (voir encadré) et la mise en action d’un seul d’entre eux n’a que peu d’intérêt. D’autant que les leviers qui ont le plus d’impact dépendent du système d’exploitation choisi par le céréalier. L’objectif de la matinée était de se rendre compte de ceux qui, combinés entre eux, ont un impact visible et mesurable pour limiter le salissement des cultures.  

AGRONOMIE, ÉCONOMIE ET TEMPS DE TRAVAIL

La notion de mise en place de pratiques nouvelles ne peut s’effectuer sans porter attention à trois critères.  Dans un premier temps, le critère agronomie. Notamment à l’aide du logiciel Odera, outil de l’aide du logiciel Odera, outil de diagnostic pour évaluer le risque adventices d’une parcelle.

Dans un second temps, en prenant en compte la notion économique, entre autres grâce aux données GTE* et au barème d’entraide. Et enfin le critère social, avec le temps de travail consacré à la culture, par hectare et par an. Après avoir établi un état des lieux actuel des pratiques des trois groupes, chacun d’entre eux, accompagné par un technicien de la chambre d’agriculture, a simulé plusieurs hypothèses afin de limiter au maximum la propagation d’adventices.  L’une des questions qui ne cesse de revenir est de savoir quelles sont les évolutions que, psychologiquement, les agriculteurs sont prêts à mettre en place.

Aussi, quelle tolérance face aux adventices sont-ils prêts à supporter ?

Les conclusions sont nombreuses. Une majorité de participants sont convaincus qu’un changement de leurs pratiques doit s’opérer. Modifier ses habitudes devient une nécessité. D’autant que la mécanisation actuelle est très efficace et que les débits de chantier ne cessent de s’accroître.  De manière générale, c’est la combinaison de plusieurs leviers qui permettra d’user le stock semencier, notamment résistant.

Chaque agriculteur doit sélectionner ceux qui sont les plus adaptés aux réalités économiques de son entreprise, à sa façon de travailler et à ses types de sol. Cette action pilote permettra à la chambre d’agriculture de proposer des formations sur cette thématique aux agriculteurs du département, dès l’hiver prochain.