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Comment la combinaison de l'Agriculture Bio et l'Agriculture de conservation des sols permet de ne plus labourer ?
En Vendée sur la commune de l’Herbergement, le Gaec des Jonquilles a arrêté le labour en 2003. Lorsque les exploitants ont décidé de passer en bio en 2010, ils ne souhaitent pas racheter une charrue. Lors du Salon « La terre est notre métier », Julien Gueneau l’un des associés du GAEC est venu témoigner des techniques culturales qu’ils ont mis en œuvre pour associer bio et non-labour.
« J’ai pu avancer car j’ai en permanence de nombreuses placettes d’essai. Je suis un adepte des bandes pour comparer le résultat avec l’itinéraire classique » explique Julien Gueneau. Il s’exprimait à l’occasion de la conférence organisée par l’association Les décompactés de l’ABC (Agriculture bio de conservation des sols) à Retiers le 26 septembre dernier. Comme lui, des passionnés à travers l’hexagone essaient de combiner agriculture biologique et agriculture de conservation des sols sur leur exploitation. En Vendée, un groupe encadré par le Gab (groupement d'Agriculture Bio) du département et la chambre d’agriculture s’est formé pour échanger sur le sujet. En s’appuyant sur ses essais et ceux de ses confrères, Julien Gueneau a réussi à passer une partie de la rotation en semis direct depuis 2016.
Deux rotations sur la ferme
Le Gaec des Jonquilles a basé sa pratique de l’ABC sur la complémentarité entre les cultures et l’élevage laitiers. « La clé de voûte du système c’est un assolement de 180 ha entièrement pâturable et irrigable » annonce Julien Gueneau. Une première rotation est réalisée sur 60 ha avec une dominante majoritaire prairie. « Nous la cassons lorsque nous jugeons que son état s’est dégradé. Cela peut aller de 3 à 10 ans. Je ne m’interdis pas de la regarnir à l’automne en semis direct avec de l’avoine ou de la vesce » détaille Julien Gueneau. Lorsque la prairie est détruite, un maïs est implanté avec encore à ce jour un peu de travail du sol. Puis une prairie est réimplantée.
Une deuxième rotation plus diversifiée est réalisée sur les 120 ha restants de l’exploitation. La tête de rotation est également une prairie, mais sur une durée définie de trois ans. Durant la troisième année, un méteil de vesce et d’avoine est implanté avec un semoir de semis direct dans la prairie pour être récolté au printemps de la 4ème année. Julien Gueneau sème ensuite un maïs puis une céréale. « La céréale est implantée en semis direct avec un mélange de trèfle violet, trèfle blanc et de fétuque pour que la prairie soit déjà en place lors de la moisson. Après de nombreux essais, nous avons généralisé cette implantation des prairies sous-couvert à l’automne sur l’ensemble de la ferme » décrit le vendéen. Sur cette rotation de 6 ans, un seul travail du sol est réalisé avant le maïs. Une réussite pour le producteur.
Différents essais ont également convaincu les associés du Gaec d'apporter la fumure sur 4 ans pour réduire les apports de printemps avant le maïs et limiter ainsi le développement de certaines adventices.
Trouver les bonnes espèces
Si l’implantation d’un méteil dans la prairie ou le semis d’une prairie sous-couvert sont aujourd’hui des pratiques courantes sur la ferme, Julien Gueneau l’assure, il lui a fallu de nombreuses années d’essais pour trouver la recette qui fonctionne. « Pour le sursemis, nous avons testé des dizaines d’espèces et de variétés pour établir celles qui avaient le plus de chance de se développer dans une prairie installée » se souvient-il. Même constat pour la composition du méteil récoltés en grain actuellement en test. L’an prochain, il prévoit de réaliser un semis direct dans la prairie. « J’ai réalisé des bandes l’an dernier avec de l’avoine et du triticale. Ils sont sortis respectivement à 36 qtx/ha et 26 qtx/ha. Semée séparément, la féverole a également obtenu de bons résultats » détaille-t-il. Ces essais ont permis d’aboutir à plusieurs enseignements. Les céréales doivent être semées en doublant la densité à 600grains/m². La féverole doit également être implantée avec une surdensité de 50 %. Concernant la période d’implantation, Julien Gueneau a retenu la fin du mois de septembre. « Il faut que ce soit suffisamment tôt avant l’hiver mais que la prairie ait déjà perdu en puissance. Cette année, je vais aller au bout de l’essai et semer la céréale et la féverole ensemble en semis direct dans la prairie » détaille Julien Gueneau. Il précise utiliser une dent agressive pour ce semis direct afin de permettre une minéralisation du sol.
Prochaine étape : le strip-till
Pour réduire encore le travail du sol dans sa rotation, le Gaec des Jonquilles travaille actuellement sur l’implantation du maïs au strip-till. « Pour le moment je butte encore sur la gestion du désherbage mécanique » assure Julien Gueneau. Pour autant, il ne désespère pas de trouver la solution. Une plateforme est en cours avec le groupe TCS BIO Vendée sur le sujet.