Comment remotiver les membres du conseil municipal ?

Entre un bilan des premières années et des projets à venir, à mi-mandat d’une équipe municipale, il y a souvent un essoufflement des élus. Bénédicte Baradel, de l’Association des maires de France (AMF), donne des clés afin que les maires remobilisent leur équipe.

Les maires sont élus pour six ans et souvent à mi mandat, ils éprouvent une lassitude dans l’exercice de leur fonction. Tout ce qui ne va pas prend le dessus sur les bons côtés. Il est donc nécessaire de s’arrêter sur son mode de travail et de partager avec son équipe afin de mettre cartes sur table.

C’est ce qu’est venu leur conseiller Bénédicte Baradel, consultante, formatrice pour le secteur public, travaillant pour l’Association des maires de France, lors de l’assemblée générale des maires du Cher, le 14 juin à Aubigny-sur-Nère.


ETAT DES LIEUX

« Vous êtes tous fatigués ! », convient-elle, devant une centaine de maires, dont de nombreux de petites communes. « A mi-mandat c’est un peu normal, vous êtes à un moment charnière de la fonction et vous pouvez vous poser beaucoup de questions ». En effet, lors du début de mandat les élus sont plutôt motivés pour travailler au bien commun mais ensuite, le climat peut se déliter, et ce d’autant plus dans une conjoncture générale incertaine.

« C’est bien d’avoir une équipe de jeunes élus, mais souvent ils sont absents aux conseils municipaux car ils sont occupés à leur vie professionnelle ou familiale », « il y a certains élus qu’on ne voit jamais ! », « certains conseillers ne s’engagent pas », « mon
deuxième mandat est plus compliqué que le premier
»…, regrettent certains maires dans la salle.

Alors comment remobiliser une équipe municipale ? Tout d’abord en faisant le point et en se parlant en toute transparence et dans la sérénité. « Vous devez mettre à plat le fonctionnement de votre équipe, car il reste encore deux ans et rien n’est perdu, considère la formatrice. Vous maires, et tous les membres de votre équipe, vous devez vous exprimer, vous écouter, dans la bienveillance. Le meilleur moyen pour avancer ».

Bénédicte Baradel a soumis l’assemblée à un petit exercice personnel d’autodiagnostic afin que ces maires se rendent compte
de ce qui ne va pas, mais aussi de ce qui va dans leur conseil municipal, ce qui est à 80 % le cas. Cet exercice à faire au sein des conseils municipaux permet de sonder le niveau d’implication de chaque conseiller, de veiller à la communication, de redéfinir les rôles que chacun s’était fixé en début de mandat, de déterminer la capacité de tous à décider ensemble.

Le maire peut aussi juger du travail avec l’équipe administrative et les agents de la commune. « La confiance dans le couple maire-secrétaire de mairie est indispensable », rappelle Bénédicte Baradel. Le maire peut aussi organiser des entretiens collectifs ou individuels afin de jauger les motivations des uns et des autres.


SAVOIR ÉQUILIBRER LES DIFFÉRENTS TYPES DE LEADERSHIP

Redéfinir les compétences de chacun ? Oui c’est important à mi-mandat. Chaque conseiller a sa pierre à apporter à l’édifice communal. Tout ne doit pas reposer sur le maire, « il ne doit pas s’épuiser », ajoute la consultante. Ce dernier a une vision transversale de tous les dossiers, mais chaque conseiller a une compétence particulière (finances, environnement, communication…) qui lui sera attribuée « en fonction de sa personne, de ses qualités et de sa disponibilité, qu’il devra ensuite entretenir », ajoute Bénédicte Baradel.

« Je regarde le rôle de chacun, le domaine de prédilection, afin d’être en cohérence avec la politique que nous nous sommes fixés, étaye un édile. Je ne mettrais pas un élu à la communication s’il n’a pas le goût du relationnel avec la population par exemple ».

« Une mairie ne se gère pas comme une entreprise », mentionne Bénédicte Baradel. Le maire et son équipe municipale sont là pour gérer une commune, un bien public et faire de la « vraie politique », c’est-à-dire « organiser la cité ».

Enfin, l’intervenante a insisté sur le leadership d’une équipe municipale. Le chef de file a à doser quatre styles de gouvernance afin d’apporter toute la confiance nécessaire pour un bon travail d’équipe : « Il doit être faiseur, c’est-à-dire décideur ; il doit être pédagogue, c’est-à-dire qu’il doit savoir bien expliquer ce qu’il attend d’une équipe ; avoir le goût de l’associatif, mettre en place des projets et il doit être entraineur, car il est là pour piloter le tout. »

L’élu doit aussi savoir remobiliser ses troupes en toutes circonstances et être réactif. Pour preuve cette année où le maire doit organiser des élections en un temps donné restreint.