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Dans le monde entier, le vin dans un triple tourbillon
Pour l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), les effets du changement climatique, l'évolution des préférences des consommateurs et les incertitudes géopolitiques constituent l’assemblage d’un futur potentiellement décroissant, dans un contexte inflationniste.
Les données 2024 de l’Organisation mondiale de la vigne et du vin (OIV) ne consoleront pas les viticulteurs et opérateurs français et pour cause : en se situant au deuxième rang mondial de la production (16,0% derrière l’Italie à 19,5% et devant l’Espagne à 13,7%) et de la consommation (10,7% derrière les Etats-Unis à 15,6% et devant l’Italie à 10,4%), la France est à elle seule un éthylomètre de la conjoncture mondiale.
Avec toujours moins de breuvage sous l’effet de la multiplication d’extrêmes climatiques, davantage de taxes et autres barrières non tarifaires, le tout générant moins de produits plus onéreux pour des consommateurs déjà épris de distanciation à l’égard du vin, les dernières données de l’OIV n’apportent pas vraiment d’éléments de réassurance. « L'année 2024 a confirmé la tendance négative de la consommation de vin observée en 2023. La baisse de la demande sur les principaux marchés, conjuguée à des prix moyens élevés, dus à de faibles volumes de production et aux effets persistants de l'inflation passée, a constitué une année difficile », synthétise l’organisation dans son bilan annuel présenté le 15 avril. L’année 2024 est un concentré d’extrêmes climatiques, d’incertitudes géopolitiques et de repositionnement des consommateurs.
Pour autant, l’OIV veut voir la bouteille à moitié pleine. Pour son directeur général John Barker, cité dans un communiqué, « ces impacts représentent un défi d'adaptation pour le secteur vitivinicole, mais qu'une adaptation réussie offrirait des opportunités. Travailler ensemble pour développer des solutions au changement climatique et faire du vin un modèle de durabilité ; investir dans la recherche auprès de nouveaux publics afin de voir le vin à travers leurs yeux ; renforcer notre engagement en faveur du multilatéralisme et du commerce mondial : tels sont les éléments qui propulseront le secteur vitivinicole vers l'avant ».
Production : -4,8% sur 1 an, -12,0% sur 5 ans
Si la surface du vignoble s’est rétractée de 0,6% en un an (à 7,6Mha), la production mondiale de vin a baissé de 4,8% en 2024 pour s’établir à 225,8 Mhl. Sur 5 ans (2019-2023), la baisse atteint -12%, ce que l’OIV attribue à des événements météorologiques extrêmes ou atypiques épargnant peu de vignobles à travers le monde.
La production de vin n’a ainsi jamais été aussi faible qu’en 1961 (219 Mhl), année où le gel printanier avait frappé les principaux vignobles d'Europe du Sud, notamment en France. Sur les 10 premiers producteurs mondiaux, la France a enregistré la deuxième plus forte baisse (-17,9% à 36,1Mhl) derrière le Chili et devant l’Australie.
Consommation : -3,3% sur 1 an, -7,1% sur 5 ans
La consommation mondiale de vin en 2024 est estimée à 214,2Mhl, soit une baisse de 3,3% par rapport à 2023. Si cette estimation se confirme, il s'agirait du volume le plus faible enregistré depuis 1961 (213,6Mhl). Par rapport à la moyenne quinquennale (2019-2023), la baisse atteint -7,1%. Selon l’OIV, la baisse de la demande sur les principaux marchés, conjuguée à des prix moyens élevés, dus à de faibles volumes de production et aux effets persistants de l'inflation passée, a constitué « une année difficile ».
Au contexte économique complexe, caractérisé par des pressions inflationnistes mondiales et une baisse du pouvoir d'achat des consommateurs, se surajoute l'évolution des modes de vie, des habitudes sociales et des changements générationnels de comportement des consommateurs. « L’interaction entre ces tendances structurelles et les récentes pressions économiques et commerciales offre un cadre plus complet pour comprendre le récent déclin de la consommation mondiale de vin », souligne l’OIV.
Des marchés et des échanges à l’équilibre
Malgré la baisse continue de la production et de la consommation, l’OIV estime que l'équilibre du marché mondial devrait se maintenir en 2024, la production ne devant probablement pas dépasser la demande, poursuivant ainsi la tendance observée avec la faible récolte de 2023. Deux années consécutives de faible production pourraient contribuer à stabiliser le marché, même si les niveaux de stocks devraient rester inégaux selon les régions.
L’OIV relève par ailleurs que les volumes d'exportation sont restés stables à 99,8Mhl. La valeur des exportations a légèrement diminué de 0,3 % pour atteindre 36Md€, mais reste à un prix moyen à l'exportation historiquement élevé de 3,60 euros/litre. L'inflation et la faiblesse de l'offre continuent de maintenir les prix à des niveaux élevés (+30%) par rapport aux années pré-pandémiques (près de 30 % au-dessus). En valeur, la France est demeurée le premier exportateur mondial (11,6Md€), devant l’Italie (8,1Md€) et l’Espagne (3,0Md€).
En valeur, la France est demeurée le premier exportateur mondial (11,6Md€), devant l’Italie (8,1Md€) et l’Espagne (3,0Md€).