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[Drone en élevage] Après 2 ans d’expérimentation, deux fermes pilotes font le bilan
À quelques mois du Sommet de l’Élevage, point de rencontre des nouvelles technologies, les salariées de deux fermes expérimentales ont testé l’utilisation du drone en élevage pendant 2 ans. Elles ont rendu compte de leurs résultats lors d’une journée technique organisée par l’IDELE au CIIRPO (Centre Interrégional d’Information et de Recherche en Production Ovine). En conclusion : l’investissement peut être rentable grâce à un gain de temps sur certains élevages, tandis qu’il sera moins adapté sur d’autres.
« Il y a 4 ans, les drones, on ne savait pas trop quoi en faire », commence Adrien Lebreton, ingénieur Élevage de précision pour IDELE*. « Mais aujourd’hui, 19 % des éleveurs disent envisager de s’équiper à court ou moyen terme. » En ce début avril, des conseillers de chambres d’agriculture, des professionnels de CUMA, de l’enseignement et autres élèves en lycées agricoles sont venus écouter les conclusions de 2 années d’expérimentation dans deux fermes pilotes.
Pour évaluer les intérêts et les risques du drone en élevage, Ferm’inov à Jalogny (Saône-et-Loire) et la ferme de Carmejane (Alpes-de-Haute-Provence), ont testé leur utilisation*. Du côté de la Bourgogne, ce sont Victorine Perrin et Louise Ribeiro qui ont présenté les conclusions. Dans cette ferme expérimentale dédiée aux bovins allaitants, le drone a permis aux salariés de compter les animaux dans les parcelles sans nécessairement devoir s’y rendre en 4x4 (et sans ouvrir ni refermer les clôtures), et de vérifier que les points d’abreuvement étaient suffisamment fournis en eau. « Quand les parcelles sont trop humides, on ne peut tout simplement pas y aller en 4x4. Le drone nous permet d’avoir un regard sur la parcelle sans devoir s’y rendre », explique Victorine Perrin. Elle cite d’autres intérêts, comme celui de pouvoir retrouver un animal égaré grâce à la caméra thermique (si le drone est équipé), et de constater de potentielles disparités dans la pousse des cultures grâce au recul d’une vue du ciel.
Malgré ces apports, la salariée de Jalogny précise bien que l’idée n’est pas de remplacer l’éleveur : « Ce n’est pas une technologie à utiliser tous les jours, toute l’année ». Comme Adrien Lebreton, elle estime que le drone joue un rôle de « troisième œil » qui facilite et améliore les observations de l’éleveur, sans se substituer à son expertise.
Adapté en routine dans une ferme, de façon occasionnelle dans l’autre
Du côté des Alpes-de-Haute-Provence, la ferme expérimentale associée au CFPPA de Carmejane, axée sur l’ovin viande, a fait l’objet du même test. Selon Alexandra Liponne, salariée agricole, l’expérimentation a mis en lumière certains atouts de l’utilisation du drone : l’observation des troupeaux et des points d’abreuvement, la découverte de nouveaux quartiers possiblement exploitables, le constat de dégâts dus aux sangliers, et la surveillance des systèmes d’irrigation et des zones irriguées.
En revanche, sur ce territoire qui peut subir des fortes températures, la caméra thermique est parfois inopérante pour retrouver des animaux égarés : « Quand on a perdu un chien de protection l’été dernier, les cimes des arbres étaient à la même température que lui. C’était donc impossible de le localiser avec la caméra thermique ».
Finalement, utiliser le drone a semblé moins adapté sur l’exploitation de Carmejane. En cause, les zones militaires à proximité qui complexifient la règlementation, le parcellaire éloigné de la ferme, qui pousse les salariés à faire décoller le drone directement de la parcelle, et certaines difficultés avec les chiens de protection. « Ceux qui n’ont pas été habitués petits réagissent au drone, mais ceux qui sont nés avec lui ne sont pas perturbés. L’enjeu est surtout de jongler à l’atterrissage et au décollage. Ça pourrait être un frein pour les éleveurs. » Enfin, les exploitations ovines en PACA sont souvent organisées en estives collectives où ce n’est pas l’éleveur qui garde les troupeaux mais un berger ou une bergère, qui est rarement formé à l’utilisation du drone.
Finalement, c’est Adrien Lebreton qui résume les résultats de ces deux expérimentations : la situation et les usages à la ferme de Carmejane semblent uniquement adaptés à une utilisation occasionnelle du drone, contrairement à Ferm’inov à Jalogny, où il pourrait être utilisé dans une routine régulière, comme un jour sur deux.
Le critère le plus important pour trancher sur l’investissement restant le temps gagné, ce dernier a été calculé par les salariés agricoles des deux fermes pilotes. Résultat : à Jalogny, en période printemps/été, le drone fait gagner 38 % de temps pour faire le tour des troupeaux (avec une différence de 51 minutes). En période automne/hiver, le drone fait gagner 9 minutes, soit 12 % du temps qu’il faut pour faire le tour des parcelles.
*Pour aiguiller les éleveurs dans cet investissement, l’Institut a rédigé un guide pratique disponible sur son site (« Les drones en élevage herbager : opportunités, risques et bonnes pratiques »).
*Ces expérimentations ont été financées par le projet européen ICAERUS.
Plus d'informations :
Site internet : www.sommet-elevage.fr
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