En 2022, moins de loups, davantage d’attaques...

L’OFB fait état d’une baisse du nombre de loups - 906 contre 921 en 2021 - tandis que les éleveurs enregistrent une hausse du nombre de constats d’attaques et d’animaux prédatés. De mauvais augure à deux mois de la présentation du Plan national d’actions loup 2024-2029, que les éleveurs, entre autres requêtes, aspirent à voir requalifier en « Plan national de sauvegarde de l’élevage et du pastoralisme ».

Au cours de la réunion du Groupe national loup qui se tenait ce 3 juillet, l’Office français de la biodiversité (OFB) a communiqué le chiffre du nombre de loups répertoriés en France en 2022 : il s’élève à 906 spécimens, contre 921 un an plus tôt. L’annonce a déclenché la « colère » des organisations agricoles représentées (FNSEA, JA, FNO, FNB, FNC et Chambres d’agriculture France) qui ont claqué la porte de la réunion. « C’est une véritable mascarade » doublée d’un « mépris », a dénoncé au sortir de la réunion Bernard Mogenet, président de la FDSEA des Savoie, en charge de la prédation à la FNSEA. Les éleveurs s’en tiennent à un autre chiffre, celui des constats d’attaque, qui a progressé de 20% sur l’année 2022 et de 16% au cours du seul premier semestre 2023. Plus de 12.000 animaux ont été prédatés en 2022, selon les représentants des éleveurs.

-25% de relevés d’indices

L’estimation du nombre de loups repose sur la collecte d’indices. Entre 2021 et 2022, il est passé de 5000 à 4000. « Tous les éleveurs, mais aussi nos concitoyens, font état de la présence du loup un peu partout dans les territoires, dénonce Claude Font, secrétaire général de la FNO, en charge de la prédation. L’Etat ne se donne pas les moyens nécessaires pour répertorier l’intégralité du nombre d’indices et estimer au plus proche la population de loups, sous-évaluée ».

L’estimation du nombre de loups n’est pas anodine car le chiffre dicte le plafond de prélèvements (19%) pour la campagne suivante. Si l’effectif est sous-évalué, comme l’affirment les éleveurs, leur situation est promise à se dégrader dans les mois à venir.

Un « Plan national de sauvegarde de l’élevage et du pastoralisme »

Sauf qu’en l’état, le relevé 2022 acte la première baisse des effectifs de loup officiellement recensés en France. Les éleveurs rappellent toutefois que la population de loups a cru de 114% entre 2018 et 2022, alors que sur la même période le nombre d’exploitations ovines a diminué de 19%. « Nous réclamons un Plan national de sauvegarde de l’élevage et du pastoralisme », clame Bernard Mogenet. « Les mesures de protection de troupeaux, qu’il s’agisse des chiens de protection ou du salaire des bergers, génère un reste à charge de 20% pour les éleveurs », rappelle Edouard Pierre, président des JA des Hautes-Alpes. « Le coût du loup en France, c’est 66 millions d’euros par an, dont 10 millions d’euros à la charge des éleveurs », précise Bernard Mogenet.

Arbitrage final à Matignon

Dans la bataille larvée qui oppose les éleveurs et les associations environnementales, et par ricochet, entre les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique, les premiers nommés des deux camps viennent de remporter une victoire. Selon les représentants des éleveurs, les arbitrages du futur Plan loup vont être tranchés par la Première ministre d’ici à la prochaine réunion du Groupe national loup, programmée le 4 septembre. Les éleveurs auraient souhaité que le sujet du loup, de la prédation et de l’avenir du pastoralisme fasse l’objet d’un débat parlementaire. En vain.

Lors assises de la prédation, qui se sont tenues début juin dans les Hautes-Alpes, les éleveurs ont notamment réclamé la mise en place d’une seule et unique modalité de tir de défense, sans plafond de destruction, et le recours à des lunettes à visée nocturne. Les chiffres de l’OFB ont sans aucun doute assombri cet espoir.