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« En Gaec, se détacher du patrimonial pour favoriser l’intégration d’un associé extérieur »
Marine Van Simmertier n’est pas seulement l’éleveuse d’Ovalie, la Salers égérie du dernier Salon de l’agriculture. C’est aussi une ex-conseillère à l’installation qui a accompagné Michel, qui n’était pas encore son mari, dans son intégration dans un Gaec. Avant de reprendre, ensemble, une autre exploitation. Parcours.
Attention : une star peut en cacher une autre. Avec son statut d’égérie du Salon de l’agriculture, Ovalie ne craignait pas trop la concurrence. Mais la Salers de 5 ans a quand même dû partager son enclos versaillais avec ses jumeaux Utopia et Utopie, puis un temps avec le président de la République et bien d’autres sommités.
Et bien entendu avec Marine et Michel Van Simmertier, ses éleveurs omniprésents. On serait tenté d’ajouter, par écran de télévision interposé, les deux enfants de 3 et 6 ans de Marine et Michel, restés à Saint-Alyre-es-Montagne (Puy-de-Dôme), siège de l’élevage.
Ce que ne disent pas les photos, c’est que Marine et Michel sont deux représentants de cette nouvelle catégorie d’agriculteurs que sont les Non issus du milieu agricole (NIMA), sur lesquels mise en partie la profession pour assurer la relève, « les filles et les fils de » n’y suffisant plus. « Le déclic s’est produit à l’adolescence, déclare la jeune femme de 34 ans, fille d’un chef d’entreprise métallurgique et originaire d’Alsace. J’ai toujours aimé les animaux et le monde agricole, son mode de vie, m’intéressaient. A la fin de la seconde, je m’inscris en lycée agricole. Ma mère me soutient, mon père est proche du malaise ».
Pour Michel, ce sont les séjours en vacances chez les grands-parents résidant dans le Cantal qui constituent l’élément déclencheur. « Je chope le virus au contact d’agriculteurs, plus précisément le virus de la Salers, se remémore le jeune homme de 32 ans, originaire de Seine-et-Marne. Dès l’âge de six ans, je suis et je serai éleveur ». Bac Pro en poche, Michel réalise son rêve à l’âge de 20 ans, conseillé par... Marine, alors conseillère à l’installation à la Chambre d’agriculture du Cantal.
La jeune femme a traversé avec succès le parcours d’obstacles. Tout sauf une sinécure. « Ça commence dès le lycée, il n’y a que des fils et des filles d’agriculteurs, et j’ai l’impression qu’ils me parlent en mandarin car je ne comprends rien à leur vocabulaire. Les profs me disent : vous vous êtes trompée d’orientation. Je ferai tout pour leur prouver le contraire ».
La passion sera son moteur et le travail son carburant. Bac, BTS, licence pro : la jeune femme décrochera tous ses diplômes avec mention. Si elle assimile très vite le jargon « agri », elle ne renonce pas à ses talons et à sa Peugeot cabriolet 206 CC, là où les bottes et les bétaillères (cabriolet) prévalent.
Celle qui est devenue conseillère à la Chambre d’agriculture du Cantal dénote quelque peu dans le paysage. « Quand on arrive, à 20 ans, en talons et avec le 206 CC, les agriculteurs se disent : la Barbie, elle a rien compris, c’est pas une pouffe qui va m’expliquer comment je dois faire chez moi. En fait, les agriculteurs et les agricultrices sont extrêmement bienveillants ».
Parmi eux, il y a un certain Michel Van Simmertier, qui s’installe en rejoignant un Gaec. Mais cinq ans plus tard, la greffe n’a pas pris. « Pour qu’un Gaec entre tiers fonctionne, il faudra une évolution des mentalités et notamment se détacher du patrimonial au profit d’une logique d’entreprise, avec un cadre, un règlement intérieur, de l’équité, des vacances partagées, explique Marine. Si on considère l’associé extérieur comme un employé, car pas viscéralement attaché à l’histoire de l’exploitation, ça ne marche pas ».
La greffe a pris en revanche entre Michel et Marine mais le couple, et bientôt leur premier enfant, ne se projette pas dans cette exploitation. Le jeune couple se lance ainsi dans un projet de reprise, qu'il formalisera en 2018 dans le département voisin du Puy-de-Dôme, avec le soutien du Crédit agricole Centre France.