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Mercredi 10/12/2025
L’installation, le modèle français et le « nerf de la terre »
« L’Avent des avancées en agriculture » (10/25). Les initiatives institutionnelles, privées et citoyennes se multiplient pour faciliter le financement et l’installation de nouveaux chefs d’exploitation et faire perdurer un modèle où le travail et le capital se fondent dans la même femme, le même homme sinon les associés d’un Gaec.
« Ainsi, à côté d’agricultures familiales en forte recomposition, apparaissent des agricultures financières et marchandes sans « agriculteurs » à proprement parler, tandis que prolifèrent les paysans sans terre ». C’est un extrait de l’ouvrage du sociologue François Purseigle et de l’ancien président de l’INRAE Bertrand Hervieu, intitulé « Une agriculture sans agriculteurs » paru en 2022 au Presses de Sciences Po. L’ouvrage décrypte une « révolution indicible » où la figure du couple exploitant ses terres, l’osmose entre vie au travail et via familiale, l’idée d’une immuable unicité paysanne s’effacent insidieusement au profit de stratégies d’association, d’externalisation ou d’intégration de salariés, le tout sur fond d’effacement de la population agricole. « Partout dans le monde et singulièrement en France, le producteur agricole n’est plus forcément celui que l’on croit » peut-on lire.
« Pas de pays sans paysan », « des fermes, pas des firmes ».
Est-ce une fatalité, une chimère passéiste et anachronique, un combat perdu d’avance ? On serait tenté de répondre par la négative, au vu des initiatives institutionnelles, privées et citoyennes qui s’activent en sous-main pour lever le premier des verrous, la « nerf de le terre », autrement dit le financement des reprises. Une des dernières initiatives en date est à mettre au crédit de la Commission européenne qui, dans sa proposition de règlement Pac post-2027, attend des Etats membres qu’ils doublent le budget alloué aux mesures dédiées au renouvellement des générations.
En France, l’Etat a notamment mis en place un fonds de garantie de 2 milliards d’euros, dédié à l’installation et aux transitions tandis que les initiatives en matière de portage foncier se multiplient, émanant des collectivités territoriales telle la Région Occitanie, la FNSAFER avec le fonds Elan ou encore de réseaux associatifs tels que Terre de liens qui, en 20 ans, a finalisé 400 projets d’installation.
Et que fait le premier partenaire financier de l’agriculture française ? Le Crédit Agricole a annoncé en septembre dernier la création d’un Fonds de développement sous forme de quasi-fonds propres, consistant à différer pendant 7 à 9 ans le remboursement du capital investi dans la reprise d’une exploitation, sans entrer au capital de l’exploitation. « Nous souhaitons que l’agriculteur conserve les enjeux de gouvernance de son exploitation » s’est expliqué Jean-Pierre Touzet, directeur du pôle agri-agro, garantie et investissement à Crédit Agricole SA. Dit autrement, « pas de pays sans paysan », « des fermes, pas des firmes ».
Retrouvez chaque jour, du 1er au 25 décembre, notre sélection des nouvelles réjouissantes de l’année 2025. Sous la forme d’un calendrier de l’avent, Pleinchamp vous propose une sélection d’initiatives enviables, de portraits inspirants, d’avancées concrètes et de lueurs d’espoirs pour le monde agricole. Preuve que même si de nombreux combats restent à mener, certaines nouvelles vont dans le bon sens : celui d’un monde plus durable, plus juste, plus rémunérateur pour les agricultrices et les agriculteurs. |