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En Savoie, la ministre de l’Agriculture défend sa stratégie contre la DNC
Près d'un mois après les premiers cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, en déplacement en Savoie et Haute-Savoie où plus d'un millier de bêtes ont été euthanasiées et 310.000 doivent être vaccinées, a défendu la stratégie de lutte contre l'épizootie, contestée par plusieurs syndicats.
"Il y a une stratégie qui a été parfaitement expliquée par les scientifiques, par les autorités", a déclaré la ministre lors d'un point presse jeudi 24 juillet qui a suivi une "réunion de crise" avec des représentants des éleveurs, élus et autorités des deux départements. Elle a insisté sur la nécessité du protocole mis en place, "sur lequel personne n'a émis de réserve scientifique, en tout cas pas dans les organismes de référence".
Le premier cas de DNC en France a été signalé le 29 juin et, en date du 23 juillet, 34 foyers ont été détectés en Savoie et Haute-Savoie, selon le ministère. Au niveau européen, la maladie est classée « A », c’est-à-dire à déclaration obligatoire et à éradication immédiate. L’éradication de la DNC passe par des mesures de gestion et de biosécurité drastiques : mise en place d'une zone réglementée (zone de protection de 20 km et zone de surveillance 50 km), interdictions de mouvements des bovins, actions de dépeuplement des foyers, mesures de biosécurité renforcées et mise en place d’une vaccination obligatoire de tous les bovins de la zone réglementée.
L'abattage total dénoncé
A son arrivée jeudi 24 juillet en début de matinée, la ministre n'a pas croisé la cinquantaine de manifestant tenus à distance de la préfecture de Chambéry, rassemblés pour manifester leur colère dans la gestion de cette épidémie de DNC, la première en France. "Genevard, t'arrives trop tard !" ont-ils scandé, emmenés par la Confédération paysanne et la Coordination rurale.
Les mesures d'euthanasie des troupeaux concernés, destinées à stopper la propagation de la maladie, ont suscité une vive émotion dans les zones touchées où certains éleveurs ont tenté plusieurs jours durant de bloquer l'accès à leurs exploitations pour empêcher l'abattage. Quelque 1.500 bêtes, pour 33 troupeaux, ont été euthanasiés, selon Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale et éleveur en Savoie.
"On est plus pertinent à être ici (dans la rue, ndlr) que d'être à l'intérieur pour cautionner un cirque qui encore une fois va amener juste à valider quelque chose qui a été décidé dans les bureaux parisiens", a réagi Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne.
La ministre a également signé une charte d'accompagnement destinée à "soutenir financièrement et psychologiquement les éleveurs" concernés. Elle a rendu "hommage aux éleveurs qui ont accepté, dans un esprit citoyen et pour protéger l'ensemble des élevages", que leurs troupeaux, où des cas avaient été détectés, soient abattus. "Je veux saluer et remercier" les exploitants "qui ont accepté ce sacrifice pour sauver l'élevage. Ce sont des héros", a déclaré la ministre. Elle a assuré que l'indemnisation "se déploiera rapidement" pour les éleveurs d'animaux euthanasiés, "à la hauteur du préjudice qui a été consenti".
Dehors, Christian Convers a déploré un "non-sens, de perdre une, deux, trois bêtes sur un troupeau et de tuer tout le troupeau". Il a aussi dénoncé "une faute de l'Etat" qui a selon lui tardé à obtenir les vaccins malgré les avertissements "que la maladie arrivait". "On a perdu du temps".
"Etre courageuse, c'est venir (...) rencontrer ceux qui ont eu des élevages abattus, ceux qui souffrent en fait, et discuter avec eux de quelles alternatives on peut avoir, quelles projections on va avoir. Parce que là il y a la vaccination : est-ce qu'elle va continuer à tuer les vaches ? C'est ça la question", s'interroge Stéphane Galais.
300 000 bovins à vacciner
"Là où il y a eu des abattages partiels, à l'évidence, la maladie s'est installée durablement", a répondu la ministre devant la presse. "Tout obstacle fait à l'éradication de la maladie retarde d'autant la reprise d'une vie normale", a-t-elle ajouté.
La ministre était ensuite attendue dans une exploitation de Hauteville-sur-Fier, près d'Annecy, pour assister à des opérations de vaccination, qui ont débuté le week-end dernier et concernent environ 310.000 bovins.
La campagne de vaccination, "obligatoire et entièrement financée par l'État", est effectuée dans une zone réglementée de 50 km autour des foyers, couvrant la majorité du territoire de Savoie et Haute-Savoie, ainsi qu'une partie de l'Ain et de l'Isère, indique le ministère sur son site. Un "maximum de doses de vaccins disponibles" a été commandé auprès de l'Union européenne "moins de 48 heures après le premier foyer confirmé le 29 juin", souligne-t-il. Selon la ministre, la campagne se déroule de façon "intensive", avec "près de 20.000 vaccinations par jour".
Le vaccin ne nécessite qu’une seule injection. L’immunité commence à s’installer 10 jours après l’injection et la protection sera effective 21 jours après l’injection.