DNC : une course contre la montre et si possible sans échappée

[Edito] La dermatose nodulaire contagieuse s’est invitée sur le Tour de France en modifiant le tracé de la 19ème étape en raison de la découverte d’un foyer, en espérant que la maladie vectorielle, contenue dans les Savoie, ne fasse pas son propre tour.

La campagne de vaccination expresse déclenchée trois semaines après la détection d’un premier foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), combinée à l’abattage des troupeaux contaminés et au renforcement des mesures de biosécurité, va-t-elle permettre de contenir la maladie virale apparue en Savoie le 29 juin dernier ? La question est posée car pour l’heure, le nombre de foyers continue de progresser. En date du 25 juillet, le ministère de l’Agriculture en recensait 39, toujours contenus dans les deux départements savoyards, alors que la zone réglementée déborde dans l’Ain et dans l’Isère. La maladie, exclusivement bovine, s’est invitée sur le Tour de France cycliste dont le tracé de la 19ème étape reliant ce vendredi Albertville à La Plagne a été modifié en raison de la découverte d’un foyer, la direction de course faisant montre de « désarroi » à l’endroit des éleveurs concernés.

La contre-attaque des autorités

L’agilité des organisateurs du Tour de France n’a égale que celle des autorités. Outre le déclenchement de la vaccination des 300.000 bovins localisés dans la zone réglementée, le ministère de l’Agriculture a fait le forcing sur les procédures d’indemnisation, en s’engageant à verser une avance de trésorerie dans les jours suivant l’abattage et en allongeant la période d’improductivité prise en compte dans le calcul de l’indemnisation globale, le tout assorti d’un accompagnement psychologique renforcé, pour tenter d’amoindrir, si tant est que ce soit possible, le préjudice moral subi par des éleveurs orphelins de leur troupeau. « Je veux saluer et remercier les exploitants qui ont accepté ce sacrifice pour sauver l'élevage. Ce sont des héros », a déclaré la ministre Annie Genevard au chevet des éleveurs jeudi, sans toutefois faire taire les critiques sur la stratégie de dépeuplement total et non ciblée des troupeaux contaminés, vilipendée par la Confédération paysanne.

Contenir l’échappée

Outre les retours d’expérience des épidémies passées dans les Balkans, en Grèce et en Bulgarie, la balance bénéfices / risques a sans doute pesé dans la décision. De par son mode de transmission, à savoir des piqûres d’insectes de type stomoxe ou taons, la maladie offre peu de prise alors que ses impacts directs et indirects sont potentiellement dévastateurs, avec notamment des effets collatéraux sur l’export de bovins vifs à destination des pays tiers, certains ne reconnaissant pas le principe des zonages réglementés. Il faut dire aussi que la multiplication des épizooties ces dernières années - IAHP, FCO, MHE, tuberculose bovine - incite les autorités à mettre le grand braquet et à s’éviter un procès en passivité qui ne manquerait pas d’être instruit en cas d’échappée de la DNC. Du côté du col des Saisies (Savoie), les héros de la route ne verront pas les héros des champs. Ce n’est que partie remise.