Engie Green et Sun’Agri recherchent des candidats à l’agrivoltaïsme

L’énergéticien et le pionnier de l’agrivoltaïsme dynamique ont conclu un partenariat ouvrant la voie à la création de vergers et de vignobles résilients vis-à-vis des aléas climatiques. Sun’Agri vise 1500 hectares d’ici à 2025 dans la moitié sud de la France.

Ni compétition foncière, ni compétition solaire : c’est le credo d’Engie Green, la filiale énergies renouvelables de l’énergéticien français Engie et de Sun’Agri, qui développe depuis dix ans son expertise dans l’agrivoltaïsme dynamique, en partenariat avec l’INRAE. « L’agrivoltaïsme dynamique consiste à suspendre des persiennes photovoltaïques orientables au-dessus des cultures », explique Antoine Nogier, président et fondateur de Sun’Agri. Le pilotage des panneaux repose sur des algorithmes privilégiant les besoins agronomiques de la culture sur le rendement énergétique des panneaux ».

"Sur pommier, la gestion de l’ombrage interagit sur l’éclaircissage, jusqu’à pouvoir se passer de produit chimique"

Grace aux effets d’ombrage, les panneaux photovoltaïques sont susceptibles de tamponner les excès d’ensoleillement et de température, que le changement climatique ne va pas manquer d’exacerber. « L’agrivoltaïsme permet de déstresser les plantes », poursuit Antoine Nogier. Sur pommier, la gestion de l’ombrage interagit sur l’éclaircissage, jusqu’à pouvoir se passer de produit chimique ». En vigne, les panneaux suspendus participent à sécuriser les rendements en atténuant les coups de chaleur, le stress hydrique et offrent dans une certaine mesure, du fait des claires-voies, une parade au gel, à la grêle et aux abats d’eau.

Leur impact qualitatif est également majeur, en termes d’équilibre entre sucre (et donc alcool) et acidité, des marqueurs importants des qualités organoleptiques des vins, mis à rude épreuve en 2020, avec une précocité inédite de 5 à 6 semaines sur quasiment tous les bassins de production.

Des parcelles cibles de 3 à 4 hectares

En dépit de la prédilection du rendement photosynthétique sur le rendement énergétique, l’agrivoltaïsme dynamique n’en est pas moins une source de production d’énergie renouvelable, expliquant l’implication des énergéticiens.

"L’agrivoltaïsme dynamique inaugure une nouvelle ère, conciliant l’adaptation de l’agriculture au changement climatique et la production d’énergie renouvelable"

« Si la France souhaite atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée à l’horizon 2030, le développement du photovoltaïsme devra explorer d’autres voies que l’exploitation de toitures, de sites dégradés, d’anciennes mines et d’anciennes carrières et autres décharges », déclare William Arkwright, directeur général d’Engie Green. L’agrivoltaïsme dynamique, tel que le conçoit Sun’Agri, inaugure une nouvelle ère, conciliant l’adaptation de l’agriculture au changement climatique et la production d’énergie renouvelable ».

Le partenariat conclu entre Sun’Agri et Engie Green confie au premier la gestion dynamique des panneaux et au second le financement, la construction, l’exploitation et la valorisation de l’énergie, ainsi que le démantèlement de l’installation au terme du contrat de 30 ans. Les deux sociétés lancent un appel aux agriculteurs désireux de planter des vignes ou des arbres fruitiers - et des panneaux – sur des parcelles d’environ 3 à 4 hectares, localisées dans la moitié sud de la France.

En vigne, l’agrivoltaïsme se conçoit hors AOC même si, selon Antoine Nogier, des Organismes de défense et de gestion (ODG) poussent à la roue pour faire évoluer les cahiers des charges, dans la lignée de deux autres paramètres d’adaptation que sont l’irrigation et les nouveaux cépages.

Première cuvée cet automne

Sun’Agri s’est fixée l’objectif d’implanter environ 1500 ha d’ici à 2025. Sur plusieurs sites pilotes, l’entreprise poursuit ses travaux de recherche et développement destinés à optimiser le pilotage des panneaux sur une nombre croissant d’arbres à pépins et à noyau. « Notre expertise sur certaines espèces atteint l’échelon variétal », confie Antoine Nogier.

En 2018, Sun’Agri a mis en service dans les Pyrénées-Orientales sa première vigne agrivoltaïque sur une surface de 4,5 ha. La première cuvée est attendue cet automne.