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Saviez-vous que l'élevage d'alpaga se développe partout en France ?
Insolite mais en pleine expansion, l’élevage d’alpagas séduit de plus en plus d’agriculteurs français. Rencontre avec Catherine Bochaton, éleveuse et pionnière de la filière, au Sommet de l’élevage.
Au cœur du Sommet de l’élevage, un événement habituellement dominé par les bovins, une absence remarquée cette année a permis de mettre en lumière des espèces plus discrètes. Parmi elles, l’alpaga, ce camélidé originaire des Andes, attire les curieux et les professionnels pour sa laine et sa facilité d'élevage. Catherine Bochaton, éleveuse à Lugrin en Haute-Savoie depuis une trentaine d'années, partage son expérience pour cette activité encore marginale mais en plein développement.
Une filière insolite qui gagne du terrain
"L’alpaga est un animal doux et calme", explique Catherine Bochaton, devant l’enclos de ses protégés, "et non l'alpaga ne crache pas sur l'homme ! C'est une légende", sourit elle. Longtemps considéré comme exotique, l’alpaga s’installe progressivement dans les campagnes françaises. On le retrouve désormais dans plusieurs régions, des Pyrénées à la Bretagne, en passant par l’Auvergne. Ce phénomène, encore discret, s’inscrit dans une dynamique plus large de diversification agricole et de recherche de nouvelles filières.
Son aspect attachant en fait également un atout pour les fermes pédagogiques. Effectivement, il est plus courant de croiser des vaches et des moutons que d'alpagas dans nos campagnes ! De quoi attirer des curieux.
Deux types d’alpagas, deux qualités de laine
Il existe deux types d’alpagas : le Huacaya, au poil frisé et dense "qui ressemble à un gros nounours", et le Suri, dont la laine est longue et soyeuse. "Le Huacaya est le plus courant en France, car sa laine est plus facile à travailler et se prête parfaitement à la confection de pulls", confie-t-elle. Cette distinction est essentielle pour les éleveurs qui souhaitent valoriser la fibre, très prisée dans le textile haut de gamme.
La filière laine : une niche prometteuse
La laine d’alpaga est reconnue pour sa douceur, sa chaleur et sa légèreté. En France, la filière reste encore confidentielle, mais les débouchés se multiplient : filature artisanale, confection de vêtements, accessoires, et même literie. Un kilo de laine brute peut se vendre entre 20 et 40 euros, selon la qualité. L'industrie du luxe est également un marché en demande pour sa qualité. En effet, la laine d’alpaga est moins chère que le cachemire, mais possède les mêmes caractéristiques qui en font un produit prisé. En moyenne, on récolte 2,5 kg de laine par tête et par an. Elle est reconnue pour sa légèreté, son pouvoir isolant et sa douceur, ce qui en fait une matière recherchée dans la confection artisanale. Catherine Bochaton souligne : "Ce n’est pas une production de masse, mais il y a une vraie demande pour des produits naturels et locaux."
Se lancer dans l’élevage : accessible mais exigeant
L’élevage d’alpagas ne nécessite pas de grandes infrastructures, mais demande de la rigueur. Catherine insiste : "Il faut bien connaître l’animal, ses besoins, et être formé. Ce n’est pas un animal de compagnie." Un alpaga coûte entre 1 000 et 3 000 euros selon sa qualité génétique et sa fibre. L’investissement initial peut être conséquent, mais la rentabilité est là avec une bonne organisation et si les besoins de l'alpaga sont respectés. L’alpaga s’adapte parfaitement aux conditions alpines, mais il redoute les environnements trop humides. Il a besoin d’un large espace aéré pour explorer, se déplacer et vivre en troupeau. Ce sont des animaux très sociables, mais il est impératif de séparer les mâles des femelles pour éviter les conflits et les saillies non contrôlées. Catherine Bochaton recommande un minimum de 2 000 m² pour deux alpagas du même sexe, afin de garantir leur bien-être.
Entretenir les prairies et organiser la rotation des parcelles
A l'instar de l'élevage, l'alpaga joue également un rôle écologique. Il pâture sans abîmer les sols, ne creuse pas, et consomme peu d'eau. Il se nourrit d'herbe, de plantes et de feuilles. Il peut ainsi contribuer à l’entretien des prairies, notamment dans les zones en friche ou difficiles d’accès. "On peut mettre cinq à six alpagas par hectare", une densité qui permet la régénération de l'herbe grâce à une rotation des parcelles.
La différence entre le lama et l'alpaga
Appartenant à la même famille, ils sont souvent confondus, le lama et l’alpaga présentent pourtant des différences notables. Le lama est plus grand, plus robuste, et utilisé comme animal de bât. L’alpaga, plus petit, est élevé principalement pour sa laine. Oui, il existe des lamas en France, mais l’alpaga est préféré pour son caractère plus docile et sa fibre de qualité supérieure. "L’alpaga est plus adapté à nos besoins ici", conclut Catherine.