Futur Plan loup : pas de fusion des tirs de défense

La principale exigence des éleveurs ne sera pas satisfaite dans le futur Plan national d’actions loup 2024-2029, basé sur « la science ». Mais le gouvernement s’engage à renforcer l’efficience des tirs de défense et la robustesse du comptage des individus, ainsi qu’à coopérer au plan européen pour ouvrir la voie à une modification du statut d’espèce « strictement » protégée. L’accompagnement humain sera aussi renforcé.

« L’ambition n’est pas de fusionner mais de garder une gradation dans les tirs » : c’est ce que laisse entendre le ministère de l’Agriculture à quelques jours de la présentation du Plan national d’action (PNA) loup 2024-2029. C’était pourtant la toute première revendication des éleveurs, que Claude Font, secrétaire général en charge de la prédation à la FNO, avait réitérée à Tech-Ovin le 6 septembre dernier. « La fusion des tirs de défense simple et renforcée, avec plusieurs fusils dès la première attaque, et accessibles aux louvetiers constitue le meilleur moyen d’allier efficacité, rapidité et transparence », expliquait-il. Pour l’éleveur ovin de Haute-Loire, la fusion des tirs était conforme à l’exigence de gradation qu’impose le statut d’espèce « strictement » protégée du loup dans la Convention de Berne.

Des louvetiers mieux formés et mieux équipés

Le gouvernement en a décidé autrement, rappelant au passage que les tirs de défense étaient régis par des arrêtés et non par le PNA. Mais il s’est engagé à en renforcer l’efficience, via plusieurs mesures. Dorénavant, dans les départements les plus prédatés, des louvetiers seront spécifiquement formés et dédiés au prélèvement des loups. Ils seront par ailleurs équipés de lunettes thermiques. S’agissant des fronts de colonisation, en attendant la mise en œuvre de mesures de protection, « la non protégeabilité » n’étant pas la solution, l’idée est de « mettre à disposition des louvetiers formés le bon matériel pour être au bout du champ dans les 72 heures au maximum, 48 heures si possible », indique le ministère de l’Agriculture, qui rappelle qu’une seconde brigade loup est depuis cet été opérationnelle depuis Rodez (Aveyron).

Revoir la méthode de comptage, interroger le statut de protection

Le gouvernement s’est par ailleurs engagé à revoir la méthode de comptage des loups, objet de « défiance » chez certains acteurs. Il se donne un an pour mettre sur pied, dans le cadre du Groupe national loup, une méthode « simple », « solide scientifiquement » de comptage des loups, avec « un chiffre par an », actant le fait que les indices détectés sur le manteau neigeux des alpages ne correspondaient plus à la réalité territoriale, le loup étant désormais présent dans 55 départements, en meute ou en solitaire. « Notre boussole, c’est la science », indique-t-on au ministère de la Transition écologique. « Si la science nous dit : l’espèce est en bon état de conservation, on peut réduire son degré de protection, alors la France portera une réduction du degré de protection du loup ».

Le gouvernement se rallie sur ce point à la position exprimée le 4 septembre dernier par la présidente de la Commission européenne, qui attend des Etats membres les données actualisées des populations de loups et de leurs impacts. Actuellement le loup est inscrit à l’annexe 4 de la Convention de Berne, impliquant une protection « stricte » et ménageant les dérogations de tir précitées, plafonnées à 19% de la population. « Le seuil s’applique aux situations d’attaque », rappelle le ministère de l’Agriculture.

Un PNA « adaptable » et ouvert à « l’expérimentation »

Le placement du prédateur en annexe 5 ouvrirait la voie à une régulation de l’espèce, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, la viabilité de l’espèce au sens de la Convention de Berne cumulant des critères démographiques, génétiques et territoriaux. « Si l’espèce évolue dans son état de conservation, le PNA pourra évoluer, à la baisse ou à la hausse, indique le ministère de l’Agriculture. Si le statut du loup évolue au niveau européen, le PNA pourra être modifié, C’est la première fois que l’on affiche cette ambition d’un PNA plastique, adaptatif ». L’expérimentation y aura sa place. Elle concernera notamment les mesures de protection au sein des nouveaux territoires colonisés et espèces concernées (bovins, équins), où le patou expressif et agressif, peut générer des conflits de voisinage.

Le nouveau PNA a aussi pour objectif de renforcer l’accompagnement psychologique des éleveurs. « Il ne faut pas considérer qu’un chèque d’indemnisation règle le problème ».

Le futur Plan national d’actions loup 2024-2029, 5ème du nom depuis le retour naturel du grand prédateur au début des années 1990, sera dévoilé le 18 septembre dans le cadre d’une réunion du Groupe national loup. Il fera l’objet d’une consultation publique avant son adoption en fin d’année.