Herse étrille : observer avant toute intervention

Un tiers des 180 ha que Julien Davaze cultive sont menés en agriculture biologique. Féru de la herse étrille, ce céréalier installé au nord de Tours est persuadé que l’agressivité du réglage de son outil et l’intervention sur des adventices jeunes sont les fruits de son efficacité.

Depuis son installation en 2017 à Mettray (37), Julien Davaze utilise la herse étrille pour désherber mécaniquement ses cultures. « C’est un outil qui fonctionne bien sur mes types de sols, à dominante argileuse, tient à préciser le jeune céréalier. Ce qui n’est pas le cas partout. »

Quoique adepte de la herse étrille, il est conscient que son efficacité dépend d’autres leviers agronomiques. 

Raison pour laquelle il ensemence bien souvent des blés améliorants, à date de semis plus tardive.  

Aussi, il a mis en place une rotation longue d’une douzaine de cultures. Il alterne presque systématiquement les cultures d’hiver et celles de printemps. Mais il reconnait que certaines adventices, à l’instar du chardon et du liseron, sont des plantes que le désherbage mécanique peine à détruire.

"Une terre très fine est source de levée abondante des adventices "
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ANTICIPER LE SEMIS 

La réussite de son désherbage mécanique passe aussi par une préparation méticuleuse de ses sols en amont des semis. 

Seuls plusieurs faux-semis sont réalisés. Il ne souhaite pas non plus réaliser un lit de semences trop fin. « Une terre très fine est source de levée abondante des adventices », estime-t-il.  

La structure du sol l’importe également : « je pense avoir une semelle de labour à une dizaine de centimètres de profondeur dans certaines de mes parcelles. Ce n’est pas optimal pour le développement du chevelu racinaire. » Ce constat émane de plusieurs profils de sols effectués en partenariat avec des agronomes. « Captant moins d’éléments nutritifs, une plante couvre moins le sol », complète-t-il. 

PLUSIEURS PASSAGES APRÈS OBSERVATION 

Deux ou trois jours après le semis, Julien Davaze passe à l’aveugle. « Ainsi je détruis les premières levées d’adventices au stade filament. J’évolue entre 10 et 12 km/h. En 12 mètres, j’effectue 12 ha/h », détaille-t-il. 

Avec cet outil, il effectue un second passage au stade 3 feuilles de la céréale« Mes sols argilo-calcaires ne se recouvrent pas d’une croute parfois préjudiciable au développement des plantes. La herse étrille est donc suffisante sur mon exploitation. » Excepté pour quelques parcelles plus battantes, où le céréalier utilise une vieille herse « sortie des ronces », ironise-t-il. Ou encore sur les tournesols et les maïs où une bineuse peut être employée.

A ses yeux, le passage de la herse étrille participe à l’aération du sol et de la matière organique qui le recouvre, mais aussi « à la stimulation de la plante et donc à son pouvoir de recouvrement », rappelle-t-il. 

"je détruis les premières levées d’adventices au stade filament. J’évolue entre 10 et 12 km/h. En 12 mètres, j’effectue 12 ha/h "

Enfin, Julien Davaze porte beaucoup d’attention à l’observation de ses parcelles. « J’ai un parcellaire groupé et je m’en réjouis. Une fois le stade trois feuilles atteint, je passe à pied dans chacune de mes parcelles environ une fois par semaine. Si j’aperçois des filaments et que la portance le permet, j’interviens à nouveau. »

L’IMPORTANCE DES RÉGLAGES

Julien Davaze tend à régler son outil avec une forte pression. « Cela peut faire peur quand on quitte le champ, reconnait-il. Les pieds de céréales sont parfois quelque peu arrachés. » Pour contrer ces pertes, il augmente la densité de semis pour atteindre les 200 kg/ha en blé bio. Conscient que le tallage de la céréale en pâtit, il apprécie en revanche le volume racinaire optimal que la plante développe. 

Le passage de la herse étrille procure un bon enracinement, et donc une résistance à la sécheresse supérieure au printemps. Cela limite l’effet « coup de chaud » qui survient parfois au mois d’avril. 

Un salissement de ses champs maitrisé pour ce céréalier, mais au coût d’une observation méticuleuse et régulière des parcelles.

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