L’appétence des Français pour l’autoproduction alimentaire ne se dément pas

Selon la nouvelle livraison de l'observatoire Gamm vert de l'autoproduction, les Français sont toujours plus nombreux à produire des fruits et légumes ou encore des œufs, avec à la clé de nombreuses satisfactions matérielles et morales et la volonté de « consommer mieux ». Sans toutefois échapper aux affres du climat.

7 Français sur 10 pratiquent au moins une activité d’autoproduction alimentaire, consistant à produire des fruits, légumes et plantes aromatiques, élever des poules et des abeilles ou encore fabriquer des conserves et bocaux de victuailles sinon des engrais et composts. Tel est l’un des nombreux enseignements de l’observatoire Gamm vert de l'autoproduction réalisée en partenariat avec la société d’étude et de conseil ObSoco. Il s’agit de la 2ème étude de l’enseigne, après celle réalisée en 2022, et toujours basée sur une enquête réalisée auprès de 4000 autoproducteurs, excluant les agriculteurs afin d’identifier la pratique des « amateurs » âgés de 18 à 75 ans.

Entre les deux études, réalisées respectivement en janvier 2022 et avril 2024, l’inflation a succédé aux tensions sur l’approvisionnement de la chaine alimentaire. Mais dans les deux cas, l’autoproduction ressort gagnante, avec un gain de 13% de nouveaux pratiquants équivalant à 5,8 millions de Français, tandis que 18% d’autoproducteurs ont diversifié leurs pratiques. Les nouveaux producteurs sont plus jeunes, plus urbains, mais aussi plus modestes. Ainsi,70% des Français, contre 67% en 2022, pratiquent au moins une activité d’autoproduction parmi les douze retenues dans l’enquête, ce qui, par extrapolation, représente quelque 32 millions de nos concitoyens. 63% des Français cultivent des fruits, légumes et/ou herbes aromatiques (+3 points par rapport à 2022), 46% produisent leurs engrais et/ou composts (+6 points), 36% réalisent des conserves ou de la charcuterie (-1 point), 9% élèvent des poules (-1 point), 1,3% sont apiculteurs amateurs (-2 points).

Des motivations et des satisfactions tous azimuts

En tête des motivations des autoproducteurs figurent la possibilité de manger des aliments bruts, frais et sains, qui fédère 55% des pratiquants (+9 points) désireux de « consommer mieux », tout en réduisant sa dépendance vis-à-vis des entreprises, objectif qui motive 33% des autoproducteurs et prend désormais la 4ème place des motivations les plus importantes, avec un gain de 3 places et de 8 points entre les deux études. Selon l’ObSoco, l’aspiration à manger des aliments bruts, frais et sains, à mettre en relation avec la préoccupation pour sa santé, qui concerne 73% des pratiquants contre 69% des non pratiquants. Les Français établissent également un lien étroit entre autoproduction et écologie

Sous l’effet du contexte inflationniste, la quête d’économies se place désormais au 2ème rang des motivations (38%, +8 points), dépassant la satisfaction de produire quelque chose de ses propres mains (36%). Pour 73% des autoproducteurs, la dimension économique s’avère en effet importante, notamment pour les ménages contraints financièrement C’est particulièrement vrai pour les fabricants de conserves/bocaux et les éleveurs de poules. 43% des autoproducteurs de fruits/légumes estiment réaliser des économies importantes grâce à leur potager/produit. 26% des producteurs amateurs s’alimentent en grande partie voire exclusivement, grâce à ce qu’ils produisent eux-mêmes dans leur potager ou leur verger. D'autres motivations qui renforcent l'attrait pour l'autoproduction et concourent à sa popularité : se détendre, se relaxer, éveiller ses enfants à certaines valeurs. L’autoproduction est également perçue comme une activité créant du lien, favorisant la sociabilité et la transmission.

Des facteurs limitants mais pas rédhibitoires

En dépit de la dynamique, l’observatoire Gamm vert pointe quelques contraintes à l’adoption d’une activité d’autoproduction, citant le manque de matériel, de surface adaptée, de temps disponible (compter 11 heures par mois en moyenne), de moyens financiers (200 euros en moyenne par pratiquant) ou encore de compétences. Ces freins restent d’ailleurs relativement similaires par rapport à l’enquête de 2022. Comme les professionnels, les amateurs font aussi l’expérience du changement climatique : 40% des autoproducteurs ont déjà été confrontés à des épisodes climatiques extrêmes (canicules, sécheresses, inondations) qui les ont contraints à ajuster leur pratique. C’est particulièrement le cas des éleveurs d’abeilles (69%). Pas de quoi réfréner l’appel du jardin : la part des pratiquants satisfaits par leur activité d’autoproduction ne cesse de croitre (67% +2 points), 23% des pratiquants disent avoir intensifié leur activité depuis 2 ans, 49% déclarent vouloir s’investir davantage dans leur pratique à l’avenir et 58% s’efforce d’améliorer leurs compétences et savoir-faire.