- Accueil
- Régime végétarien : quelles incidences sur la santé ?
Régime végétarien : quelles incidences sur la santé ?
Une expertise de l’Anses indique que les végétariens présentent un risque plus faible de développer un diabète de type 2 et de quelques autres pathologies, mais davantage de fractures osseuses. L’agence sanitaire publie par ailleurs les premiers repères alimentaires destinés aux adultes végétariens, qui présentent un statut nutritionnel moins favorable que les non-végétariens.
Existe-t-il des liens épidémiologiques entre différents types de régimes végétariens et la santé humaine ? Tel est l’objet de l’expertise dévoilée jeudi par l’Anses, et reposant sur la revue systémique de 131 articles publiés sur le sujet jusqu’en 2019. Compte-tenu de « l’insuffisance d’études de bonne qualité ou d’études dans l’absolu », l’agence sanitaire n’a pas pu évaluer l’incidence comparée de régimes végétariens et incluant de la chair animale sur l’ensemble des indicateurs de santé. Par « végétarien », l’Anses désigne des régimes alimentaires excluant la consommation de toute chair animale (viandes, poissons, mollusques, crustacés, etc.), englobant les lacto-ovovégétariens, qui consomment des œufs et des produits laitiers, et les végétaliens qui excluent tous les aliments d’origine animale.
Un risque plus faible de développer un diabète de type 2
Des incidences sur certaines pathologies ont toutefois pu être mises en évidence avec, selon les cas, un poids de preuves « modéré » ou « faible ». Les résultats les plus tangibles portent sur le diabète de type 2 : l’analyse de l’ensemble des articles a mis en évidence, avec un poids des preuves modéré, qu’un régime végétarien, comparé à un régime incluant de la chair animale était associé à un risque plus faible. Avec un poids de preuves « faible », les végétariens présentent également un risque plus faible de développer des cardiopathies ischémiques, ses troubles ovulatoires, certains cancers (prostate, estomac, hématologiques, toutes localisations) et certaines maladies ophtalmologiques et gastro-intestinales. Également avec un poids des preuves faible, le régime végétarien n’est pas associé à de nombreux indicateurs de santé tels que le périmètre crânien à la naissance, certains facteurs de risque cardiométabolique, les cancers du sein, colorectal, des voies urinaires, certaines maladies hépatobiliaires et la mortalité. En revanche, les végétariens présentent un risque plus élevé de fractures osseuses et d’hypospadias (malformation congénitale de l’urètre), avec cependant un poids des preuves « faible ».
Un statut nutritionnel moins favorable chez les végétariens
L’expertise de l’Anses a également porté sur le statut nutritionnel comparé des végétariens et non-végétariens. Avec un poids de preuve modéré ou faible, les régimes végétariens induisent un statut plus faible pour le fer, l’iode, les vitamines B6, B12 et D et l’équilibre phosphocalcique. Il en est de même pour la vitamine B2 chez pour les végétaliens. Les acides gras n’ayant pas de marqueurs de répercussion biologique, l’expertise n’a pas évalué le statut de ces nutriments. Néanmoins, les régimes végétariens excluant le poisson, principal contributeur à l’apport en acide eicosapentaénoïque et acide docosahexaénoïque, les individus suivant un régime végétarien pourraient présenter un risque d’insuffisance d’apport en ces nutriments.
Globalement, les régimes optimisés pour les végétariens permettent d’atteindre les références nutritionnelles, conclut l’expertise, à l’exception de quelques nutriments. Pour toutes les populations (végétariens, lacto-ovovégétariens, végétaliens), il s’agit de la vitamine D (comme pour la population générale) et les acides eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque. Chez les végétaliens et chez les lacto-ovovégétariens qui souhaitent limiter la consommation de lait et de produits laitiers, il s’agit de la vitamine B12. Enfin, chez les hommes végétaliens, le régime optimisé ne permet pas de couvrir les besoins en zinc. Ces nutriments doivent donc faire l’objet d’une attention particulière. A l’échelle individuelle, il peut s’agir d’une supplémentation. A l’échelle de l’offre alimentaire ou plus généralement des systèmes de production, il peut s’agir de disposer de davantage d’aliments enrichis, en particulier pour les végétariens.
Des repères alimentaires ciblant les adultes
Pour permettre justement aux végétariens de mieux couvrir leurs besoins nutritionnels tout en restant proche de leurs pratiques de consommation en en limitant leur exposition aux contaminants, l’Anses a élaboré des repères alimentaires dédiés aux végétariens adultes, l’insuffisance de données de consommation empêchant de produire des références pour d’autres populations (enfants, adolescents, femmes enceintes ou allaitantes, personnes âgées, populations physiquement très actives). S’agissant des repères pour adultes, « le travail d’optimisation montre la difficulté à couvrir les besoins nutritionnels en certains acides gras oméga-3 (EPA, DHA) et vitamine D pour les végétariens en général, à laquelle s’ajoute, pour les végétaliens, la difficulté à couvrir les besoins nutritionnels en vitamine B12 et en zinc chez les hommes, indique l’Anses. Ces résultats pourront alimenter les travaux européens en cours sur les mesures de gestion relatives aux compléments alimentaires et à l’enrichissement des aliments ».
Les contaminants, une problématique multi-régimes
En outre, l’agence sanitaire indique qu’en matière d’exposition aux contaminants, les régimes optimisés proposés ne permettent pas de rester en deçà de l’exposition maximale retenue pour 21 contaminants ou groupes de contaminants. Majoritairement, il s’agit de contaminants d’origine anthropique (par exemple, le lindane ou certains composés polybromés) ou de substances naturelles (par exemple, les mycotoxines) pour lesquels des mesures de gestion sont davantage pertinentes que des arbitrages au niveau des consommateurs. Dans d’autres cas, il s’agit de substances intrinsèques comme pour les isoflavones qui sont essentiellement apportées par les produits à base de soja. Ainsi, les repères établis pour les légumes secs, les boissons végétales et les analogues de viandes et de produits laitiers doivent s’accompagner d’une recommandation de varier les sources végétales. « Plus généralement, la présence de contaminants dans les aliments est un enjeu majeur qui concerne toutes les populations quel que soit leur régime alimentaire », indique l’Anses qui rappelle « la nécessité de la réduction d’émission de contaminants d’origine anthropique afin de réduire l’exposition aux substances les plus persistantes dans l’environnement, notamment les métaux ».