L’élevage n’attire plus les jeunes générations

[Bovin : conjoncture sem 49-2021] Le chantier du renouvellement des générations est complexe. L’élevage est un très beau métier qui flatte souvent les papilles de consommateurs exigeants, mais qui doit en retour permettre de pouvoir vivre décemment et durablement.

L’élevage est un métier de passion où les hommes et les femmes ne comptent souvent pas leurs heures. Personne ne reviendra sur l’importance du lien social dans les campagnes ni sur les bienfaits au niveau de l’aménagement et l’entretien des territoires. Mais ce beau métier n’attire plus les jeunes générations. Alors que la transmission des exploitations a très longtemps été gérée au sein des familles, le vivier des repreneurs s’ouvre aux autres catégories socio-professionnelles. Les enfants d’exploitants sont de moins en moins intéressés, car les niveaux d’études progressent et ouvrent des perspectives économiques qui n’ont souvent rien à voir avec les revenus de leurs parents. Ils entendent les difficultés au cœur de la cellule familiale et constatent l’investissement en temps de travail pour des revenus parfois dérisoires.

L’agriculture de demain aura besoin de bras et de chefs d’exploitations performants, car aujourd’hui une ferme c’est une entreprise à part entière où l’éleveur doit être technique, respectueux des contraintes environnementales ou sociétales de plus en plus nombreuses, mais également un homme d’affaires qui doit valoriser ses produits et gérer ses achats, sans oublier la gestion des nombreuses tâches administratives ou comptables… C’est un très beau métier qui flatte souvent les papilles de consommateurs exigeants, mais qui doit en retour permettre de pouvoir vivre décemment et durablement. Le chantier du renouvellement des générations est complexe, mais il ne touche pas uniquement la partie production. Les transformateurs observent également un désintérêt du travail en abattoir ou en unité de transformation avec des métiers durs, même si les conditions de travail ont considérablement été améliorées. Le renouvellement des générations dans la boucherie traditionnelle est inquiétant, car sans vrai professionnel pour travailler et vendre notre belle production, à quoi cela sert de la produire ?

Les acteurs politiques ou professionnels s’engagent dans un « Green Deal » à grande échelle pour sauver notre planète. Réduire les émissions de gaz à effet de serre est la nouvelle bible du monde économique. Les orientations sont données avec moins de chimie, plus de contraintes environnementales ou de bien-être animal. Mais dans ce paysage en mouvement permanent, tout le monde ne va pas à la même vitesse et les appétits ou visions géopolitiques de tel ou tel pays seront toujours là pour réguler les flux et les prix des matières premières y compris dans la viande. Les clauses miroirs sont des outils de protection de notre modèle, mais elles pourront être également des armes géostratégiques.

 

Dans l’immédiat, le consommateur est focalisé sur le nombre de vagues et leur intensité que provoque la pandémie de Covid 19. Impossible de passer au travers de cette actualité anxiogène. Comment va-t-on passer les fêtes de fin d’année ? En fonction des pays et du gradient de cette vague, les situations sont différentes. Chaque annonce gouvernementale apporte une nouvelle brique à l’édifice. Cette situation incite à une très grande prudence de la part des opérateurs de la viande. Ce repli est observé dans un premier temps sur les concours d’animaux haut de gamme, avec une demande plus réservée de certaines chaines de magasins. Le secteur de l’évènementiel enregistre de nombreuses annulations pour les fêtes de fin d’année, notamment dans les entreprises. Aucune restriction n’est imposée pour les repas de famille, mais la prudence est demandée. Pour les industriels ou artisans du secteur, il est bien difficile de se projeter. Les commandes s’en ressentent auprès des abattoirs, mais également chez les grossistes comme à Rungis.

A lire aussi : analyses commerciales sem 49-2021

Bovin boucherie : recul de la demande

Bovins maigres : Commerce laborieux pour les non-vaccinés

Veaux : Vente plus régulière dans les bons croisés

Ovins : La belle marchandise reste recherchée