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Vendredi 19/09/2025

L’excédent agroalimentaire français s'effondre, plombé par les céréales

En chute de 82% depuis janvier, l'excédent commercial agroalimentaire français pourrait basculer en déficit pour la première fois depuis 1978. Exportations céréalières en berne, dollar faible et importations en hausse expliquent cette dégradation.

En 2025, la tendance baissière observée au niveau du commerce extérieur agroalimentaire français se poursuit. L’excédent commercial agroalimentaire cumulé depuis le début de l’année s’établit à seulement 1,2 milliards d’euros, en recul de 82% sur un an, a indiqué Thierry Pouch, économiste pour les Chambres d’agriculture, lors d’une conférence de presse le 18 septembre. Selon l’économiste, la perspective d’un déficit sur l’année n’est pas à exclure, une situation qui serait inédite depuis 1978.

L’année 2024 avait déjà sonné l’alerte sur cette dégradation de l’excédent agroalimentaire français : pour la première fois depuis 25 ans, celui-ci était passé sous les 5 milliards d’euros.

Depuis janvier 2024, « on constate une augmentation limitée des exportations de +1%, face à une progression beaucoup plus marquée des importations de +16% », analyse l’économiste.

Les exportations de céréales en berne

Si la flambée des prix du café et du cacao explique en partie cette situation, c’est la baisse des exportations de céréales qui a le plus contribué à la dégradation du déficit commercial français, indique Thierry Pouch.

Depuis 2022 et son année record (11,3 milliards d’euros d’exportation de céréales), le secteur céréalier subit en effet une dégradation drastique de son excédent commercial, avec 7,7 milliards d’euros en 2023 et 6,7 milliards d’euros en 2024.

Entre juillet 2024 et juillet 2025, le montant des exportations de céréales a encore diminué de 17%. Une évolution qui résulte de la baisse des volumes exportés, ainsi que de la baisse des prix du blé.

Mais un autre facteur est également très préjudiciable pour les exportations tricolores : la parité euro-dollar, en hausse depuis le début de l’année. En janvier 2025, 1 euro s’échangeait encore contre 1 dollar. Depuis avril, le taux est monté à 1,10, pour frôler désormais les 1,20, au plus haut depuis 4 ans. « Une situation qui est partie pour durer », estime Thierry Pouch. Pour Donald Trump, l’affaiblissement du dollar est en effet une arme économique et politique, tant elle impacte l’Union européenne en rendant les produits européens moins attractifs sur le marché mondial.

Importations en hausse

Outre les céréales, le solde commercial des produits laitiers contribue également à la dégradation de l’excédent agroalimentaire en 2025, en raison d’une forte hausse des importations. Depuis janvier 2024, « les exportations de produits laitiers ont augmenté de 2% alors que les importations ont bondi de 19% », constate Thierry Pouch.

Paradoxalement, alors que la filière viticole subit depuis plusieurs mois de multiples crises, le solde commercial des boissons (vins, champagne, alcools…) n’a diminué que de 3,5% entre juillet 2024 et juillet 2025, l’impact des dernières taxes Trump n’étant pas encore visible dans les chiffres d’exportation.

Quant aux filières déficitaires que sont les fruits et légumes, le déficit s’aggrave encore avec une hausse des importations plus importante que celle des exportations.