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Toujours moins d’hectares : adieu pommes, cerises, pêches, abricots, fraises ?
Les dernières statistiques du ministère de l’Agriculture actent une baisse quasi-généralisée des surfaces en production fruitière, défiant le Plan de souveraineté fruits et légumes décrété en 2023 et visant à regagner 5 points d’auto-approvisionnement d’ici à 2030.
-2% sur 1 an et -3% sur 5 ans pour les surfaces en pommes (37.900ha), -6% sur 1 an et -8% sur 5 ans pour les pêches-nectarines (10.400ha), -2% sur 1 an et -10% sur 5 ans pour les abricots (10.300ha), -3% sur 1 an et -7% sur 5 ans pour la cerise (6700ha), -3,3% sur 1 an et -4% sur 5 ans pour la fraise (3657ha) : telle est l’évolution des surfaces des principales productions fruitières hexagonales, des données extraites des dernières estimations en date du service statistique du ministère de l’Agriculture.
Les chiffres actent une baisse quasi-généralisée des surfaces en production, pour ne pas dire une accélération de la déconfiture au vu des chiffres sur un an. Seule la poire tire son épingle du jeu avec des surfaces stables sur 1 an et en croissance de 4% sur 5 ans (6200ha).
Même si les Français consomment de moins en moins de fruits (et légumes) frais, la trajectoire n’emprunte pas celle que s’est fixée le ministère de l’Agriculture voilà deux ans, en décrétant un Plan de souveraineté ciblant la filière fruits et légumes. Objectif : regagner 5 points d’auto-approvisionnement d’ici à 2030 et enclencher une hausse tendancielle de 10 points d’ici à 2035.
Hors pomme de terre, le taux d'auto-approvisionnement en fruits et légumes frais est passé de 64,6% à 50,8% entre 2000 et 2020. En 2024, la balance commerciale affichait un déficit de 3,37 milliards d’euros pour les fruits frais (contre un déficit de 374 millions d’euros pour les légumes frais), auquel il faut ajouter un déficit 3,8 milliards d’euros pour les fruits et légumes transformés.
Selon une étude réalisée par le cabinet Agrex Consulting pour le compte de FranceAgriMer et d’Interfel en 2023, les taux d’auto-approvisionnement s’élèvent à 30% en raisin de table, 42% en poire, 54% en pêche-nectarine, 69% en cerise de table, 75% en abricot, 85% en pomme.
La situation est encore plus critique pour des espèces comme la framboise (13% d’auto-approvisionnement), pour la noisette (5%) ou l’amande (2%).
L’activisme du gouvernement… et du climat
Recherche d’alternatives aux substances actives toujours moins nombreuses avec le Parsada, levée des entraves à la mobilisation de la ressource en eau ou à des techniques innovantes comme l’insecte stérile, course à la compétitivité s’agissant de la main d’œuvre (inscription au titre des métiers en tension, renforcement du dispositif TO-DE), chasse aux surtranspositions (avortée dans le cas de l’acétamipride), le ministère de l’Agriculture ne ménage pas ses efforts.
Reste à savoir si ces différents leviers seront de nature à inverser la tendance, alors que le changement climatique fait office de festin pour les bioagresseurs, des hivers plus doux et plus humides et des étés plus secs et plus chauds tendant à accroitre la virulence des ravageurs et des maladies indigènes, tout en faisant le lit à de nouveaux parasites. Sans compter les impacts directs (stress hydrique et thermique, abats d’eau…) ou encore les incidences des incendies, à l’occurrence et à la violence rehaussées. Des problématiques qui dépassent les productions fruitières.