L’hiver 2021-2022 marqué par une sécheresse des sols et une « bombe météorologique »

En ce 1er mars, date qui marque le début du printemps météorologique, c’est le moment de faire le bilan de cet hiver 2021-2022, qui au final n’en aura jamais été franchement un. Il a surtout été marqué par un fort déficit pluviométrique et un épisode de tempête explosive, aussi appelée « bombe météorologique ».

Cet hiver 2021-2022 s’est caractérisé par un temps très calme, et au final très peu d’évènements météorologiques remarquables ayant donné lieu à des vigilances, « ce qui est normalement habituel à cette période de l’année », constate Jérôme Cerisier, météorologiste chez DTN. « Nous avons tout de même eu une vigilance rouge en janvier pour des pluies diluviennes dans le sud-ouest, tandis que pendant trois jours à la mi-février, une séquence tempétueuse a concerné l’extrême nord de la France, et surtout l’Europe du nord ».

Tempête Eunice : une « bombe météorologique »

Cet épisode tempétueux est lié à un flux zonal (circulation atlantique d’ouest) très rapide et dynamique. « Les pressions sont en effet restées élevées en Europe du Sud, parfois supérieures à 1030 HPa à la faveur de la présence de l’anticyclone des Açores, tandis qu’a contrario, le flux perturbé était très vigoureux des îles britanniques à la Baltique, détaille Jérôme Cerisier. Cette différence a favorisé un fort gradient de pression entre les deux systèmes, et donc de violentes rafales. Le courant-jet (flux à très haute altitude, à près de 10 000 m) était également très important ces jours-là, puisqu’il dépassait les 300 km/h. Lorsqu’il se retrouve en phasage avec une dépression, il agit comme un booster et permet à celle-ci de se creuser très rapidement ».

C’est ce qu’il s’est passé les 18, 19 et 20 février avec le passage successif des tempêtes Dudley, Eunice et Franklin. Si Dudley et Franklin ont été des tempêtes classiques des latitudes tempérées comme on en retrouve chaque hiver, Eunice a en revanche été beaucoup plus remarquable : « La pression atmosphérique a chuté de plus de 30 HPa en moins de 24 heures dans sa phase explosive, ce qui permet de la qualifier de bombe météorologique », indique le météorologiste.

Les vents les plus violents se sont produits sur un axe allant de l’Irlande au sud de l’Angleterre, jusqu’au nord de la France, au Bénélux, au nord de l’Allemagne et de la Pologne. Ils ont atteint les 120 à 140 km/h de façon généralisée sur ces régions, avec des rafales encore plus remarquables sur les caps exposés. En France, le maximum a été mesuré au cap Gris-Nez (62), avec 176 km/h, un record pour cette station. Ces intempéries ont malheureusement causé la mort d’une vingtaine de personnes à travers l’Europe.

Un hiver globalement doux

Pourtant, si l’on en revient au bilan de notre hiver météorologique, il a plutôt connu une composante très calme, avec l’omniprésence des hautes pressions à partir de la mi-décembre, et ce jusqu’aux derniers jours de ce mois de février. Seules les températures ont fluctué, d’abord très douces pour les fêtes de fin d’année, puis assez froides en janvier, et enfin une douceur constante quoique peu remarquable en février. « Au final, cet hiver affiche un excédent thermique de +1,2°C », indique Jérôme Cerisier.

Sécheresse extrême des sols dans le Sud-Est

Du côté des précipitations, le mois de février a malheureusement confirmé la tendance préoccupante déjà observée ces dernières semaines. En effet, « l’omniprésence anticyclonique a favorisé un fort déficit pluviométrique, avec -36% pour ce mois de février, et plus globalement -24% pour cet hiver, seul le début décembre sauvant un peu les meubles, notamment dans la région du sud-ouest, poursuit le météorologiste. C’est sur un large tiers sud-est du territoire que la situation est la plus problématique avec un déficit hivernal de 60 à 80%, même s’il a enfin plu début février sur la région PACA. En revanche, il n’est quasiment pas tombé une goutte de tout l’hiver sur le Languedoc-Roussillon (1 mm à Sète, 5 mm à Montpellier), avec de la douceur et un vent très fréquent, ce qui entraîne une sécheresse superficielle extrême des sols. Au niveau des nappes phréatiques, la situation n’est pas encore catastrophique, mais des pluies en mars seraient vraiment les bienvenues ».

+11% d’ensoleillement

Enfin, ce mois de février se sera montré plutôt ensoleillé sur le pays, avec un excédent de +10%, réparti de façon assez homogène sur le territoire, à l’exception de la Bretagne. « C’était déjà le cas en décembre et en janvier, ce qui nous donne un excédent hivernal +11% », fait savoir Jérôme Cerisier.

Pour cette première semaine du mois de mars, le temps changera un peu et l’on attend le retour de quelques pluies sur l’hexagone, notamment dans l’ouest, mais rarement très abondantes.