L’INAO entérine une dose d'innovation jusqu’à 10% des volumes de vin à AOP

Le Dispositif d’évaluation des innovations (DEI) est destiné à renforcer la résilience du vignoble face aux enjeux du changement climatique, de l’urgence écologique ou encore des attentes sociétales, sans renier les fondamentaux des appellations.

De nouveaux modes de conduites, de nouvelles techniques culturales ou encore de nouvelles pratiques œnologiques et qui jusqu’à présent n’avaient pas droit de cité dans les cahiers des charges des vins à AOP : telle la porte ouverte les 29 et 30 juin par le Comité national des Appellations d’origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées, et des boissons spiritueuses (CNAOV). Entrouverte, plus précisément car le mécanisme, baptisé Dispositif d’évaluation des innovations (DEI), compte bien évidemment des garde-fous « pour ne pas renier les fondamentaux des appellations », comme l’écrit l’INAO dans un communiqué daté du 3 juillet.

Petit échelle, durée limitée, protocole de suivi

Dans le cas général, 10% maximum des volumes issus de ces innovations pourront être introduits dans les assemblages commercialisés tandis que le nombre d’innovations sera également limité à une innovation par grandes rubriques du cahier des charges, sauf exceptions dûment justifiées par les Comités régionaux des appellations viticoles (CRINAO) notamment au regard de l’absence d’interférence entre innovations ou des questions de replis. « Il est ainsi envisageable d’introduire à des fins de tests, dans les cahiers des charges des appellations, qui seront modifiés à cette fin, à petite échelle et pour une durée donnée, des conditions de productions innovantes, pratiques culturales ou œnologiques, dans le cadre d’un protocole de suivi adapté, sur la base d’une demande présentant les bases scientifiques de ces propositions, les modalités de suivi de celles-ci par un organisme technique choisi par l’ODG ainsi que le projet de convention liant l’ODG, les opérateurs engagés et l’INAO », précise l’INAO. Les ODG intéressées peuvent dès à présent notifier leur requête auprès de l’INAO.

Le précédent des VIFA

Le Dispositif d’évaluation des innovations est destiné à renforcer la résilience du vignoble face aux enjeux du changement climatique, de l’urgence écologique ou encore des attentes sociétales.

En 2021, le CNAOV avait déjà pris une initiative dans ce sens, avec l’adoption de directive dite VIFA (Variétés d’intérêt à fin d’adaptation) offrant la possibilité d’introduire, moyennant un suivi précis, des cépages résistants aux maladies ou adaptés aux évolutions climatiques. Le cadre réglementaire des VIFA instaure une limitation à 5% de l’encépagement de l’exploitation, sinon une incorporation dans les assemblages de vins commercialisés sous AOP réduite à 10% afin de limiter les modifications substantielles des caractéristiques. Une vingtaine de cahiers des charges ont mobilisé à ce jour cette directive, selon l’INAO.