La France bovine 2023 : -5,3% pour la production, -1,1% pour le cheptel

Après une baisse de 0,6% en 2021 et 4,3% en 2022, la production bovine française a de nouveau flanché en 2023 avec un retrait de 5,3% du nombre de bovins produits. Le cheptel s’est quant à lui rétracté de 1,1% contre 2,0% en 2022 et 2,7% en 2023. Les importations ont baissé de 6% et la consommation de 3,7%. Les cours résistent.

Production, abattages, exportations, importations, consommation : tous les indicateurs de la filière bovine s’affichent en négatif en 2023, à commencer par les naissances : elles ont reculé de 4,6% (contre 2,3% en 2022), le repli du cheptel allaitant (-5,3 %) étant plus marqué que celui du cheptel laitier (-3,2 %). « La baisse des naissances impacte la production à moyen et long terme en réduisant les disponibilités de veaux et mécaniquement ceux de gros bovins destinés à l’abattage et de bovins maigres destinés à l’exportation », souligne e service statistique du ministère de l’Agriculture, dans une synthèse conjoncturelle d’Agreste.

Production de bovins finis : 4,04 millions de têtes, -5,3%

Après une baisse de 0,6 % en 2021 et de 4,3 % en 2022, la baisse de la production de bovins finis (4,04 millions de têtes) s’est accentuée en 2023, à -5,3%. Ce recul de la production débuté en 2017 est la conséquence de la décapitalisation du cheptel bovin. Sur un an, les replis de production les plus significatifs concernent les vaches (-7,4%) et les veaux de boucherie (-6,7%). La baisse de production de gros bovins mâles est plus modérée (- 1,7%). Du fait d’une augmentation des poids moyens des gros bovins, la production de bovins finis en tonnes-équivalent-carcasse (tec) diminue également, mais à un rythme légèrement moins soutenu (- 4,4%) qu’en têtes, du fait d’une augmentation des poids moyens des gros bovins.

Evolution du nombre de bovins finis produits depuis 2013 (Source : Agreste)
Evolution du nombre de bovins finis produits depuis 2013 (Source : Agreste)

Cheptel : 16,8 millions de têtes, -1,1%

Entre 2016 et 2023, sous l’effet de facteurs économiques et démographiques, le cheptel français a perdu 2,6 millions de têtes, équivalent à 13,2% de ses effectifs. En 2023, le rythme s’est ralenti, accusant -1,1% (16,8 millions de têtes) contre -2,0% en 2022 et -2,7% en 2021. En 2023, le cheptel français a perdu 116.100 vaches, soit un repli de 1,7% sur un an. La baisse est plus marquée pour les vaches laitières (-2,0%) que pour les vaches allaitantes (-1,3 %). Les effectifs de génisses laitières de plus de douze mois ont baissé de 3,5%, tandis que ceux de génisses de races allaitantes sont restées stables (+0,1%).

Evolution du chepel entre 2013 et 2023 (Source : Agreste)
Evolution du chepel entre 2013 et 2023 (Source : Agreste)

Abattages : 4,0 millions de têtes, -5,2%

Les abattages exprimés en nombre de têtes (4,0 millions) ont baissé de 5,2% sur un an et de 10% par rapport à la moyenne 2018-2022. Le recul est plus marqué pour les vaches (-7,3% pour l’ensemble, -7,7% pour les allaitantes, -6,9% pour les laitières) car les conditions météo favorables à la pousse d’herbe, les cours soutenus ainsi que la légère baisse des coûts de production ont incité les éleveurs à conserver leurs vaches plus longtemps. Après leur recul en 2022 (- 5,3%), les abattages de bovins mâles de plus de 8 mois baissent moins en 2023 (-1,5%) que les autres catégories de bovins sous l’effet de la mise en place d’ateliers d’engraissement. Le repli du nombre d’abattages de veaux de boucherie se poursuit au même rythme en 2023 (- 6,3 %) qu’en 2022 (- 6,2 %).

Evolution des abattages de vaches et taurillons entre 2013 et 2023 (Source : Agreste)
Evolution des abattages de vaches et taurillons entre 2013 et 2023 (Source : Agreste)

Exportations de broutards : 994.000 têtes, -7,1%

Sous l’effet conjugué de la baisse des effectifs du cheptel de bovins, et donc des naissances, mais aussi de la hausse des animaux destinés à être engraissés en France, les exportations de broutards ont baissé de 7,1% à 994.000 têtes. Les ventes vers l’Italie, qui assurent 85,8% des exportations de bovins mâles de plus de 300 kg et 94,9% de celles de génisses d’élevage, ont baissé de 4,7%. Les ventes vers l’Espagne (110.000 têtes) ont augmenté de 26,3% tandis que celles vers l’Algérie ont baissé de 84,4% (10.800 têtes). En ce qui concerne les cours, les moindres disponibilités en broutards ont contribué à maintenir les cours à un niveau élevé en 2023. Le cours du broutard charolais U s’établit à 3,49 €/kg vif, soit 17 centimes de plus qu’en 2022 et 60 centimes de plus qu’en moyenne sur la période 2018-2022. Il passe toutefois en dessous de son prix de 2022 à partir de novembre.

Importations de viande : 0,36 million tec, -6%

Pour la première fois depuis 2020, les importations de viandes et préparations bovines ont reculé de 6,0% à 0,36 million de tec. Elles avaient bondi de 12,3% en 2021 et de 21,4% en 2022 après la crise du Covid-19 et la fermeture de la restauration hors domicile, grande consommatrice de viande importée.

Exportations de viande : 0,22 million tec, -11,3%

Les exportations de viande bovine française (0,22 million de tonnes) reculent également et de manière plus marquée (-11,3 % sur un an) que les importations. Les volumes de viandes fraîches et réfrigérées, représentant 79,5 % des exportations françaises, diminuent de 9,6 %.

Solde commercial : -858,8 millions d’euros en 2023, + 0,2%

Exprimé en tonnes-équivalent-carcasse (tec), le déficit commercial s’est creusé de 2,9% en 2023 pour atteindre -149.200 tec. En valeur, le déficit augmente très légèrement, passant de 857,3 millions d’euros en 2022 à 858,8 millions d’euros en 2023 (+0,2%).

Coûts de production : -3% sur un an

Après leur envolée en 2022 (+ 25%), les coûts de production pour bovins fléchissent légèrement en 2023 (- 3 %) tout en restant élevés (+22 % par rapport à 2021, année où ils avaient déjà augmenté. Parmi les principaux postes, le recul le plus fort concerne les prix des « engrais et amendements » (- 25 %) qui représentent près de 10 % du total des intrants utilisés par les éleveurs. En revanche, les prix des aliments pour gros bovins augmentent de 2,1 % en moyenne annuelle, même s’ils baissent à partir d’avril

Evolution des coûts de production entre 2015 et 2023 (Source : Insee – Agreste)
Evolution des coûts de production entre 2015 et 2023 (Source : Insee – Agreste)

Cours : +3,7% sur un an

Depuis l’envolée des cours amorcée en 2021 du fait de tensions sur l’offre disponible, les cours des gros bovins restent relativement élevés en 2023 et toujours en croissance (+ 3,7%). A partir de septembre, les cours de la vache « O » se détendent sur un an en lien avec la hausse des abattages de vaches laitières en Europe en fin d’année. Les cours de la vache « R » se maintiennent davantage. Jusqu’au dernier trimestre 2023, les cours des veaux de boucherie progressent sous l’effet de la baisse du nombre de places dans les ateliers d’engraissement et de coûts de production élevés. Les cours baissent toutefois en automne en deçà de leur niveau de 2022, du fait notamment d’une reprise de la demande plus tardive en 2023 sous l’effet de températures élevées au mois d’octobre, peu favorables à la consommation de viande de veau.

Evolution des cours entre 2019 et 2023 (Source : FranceAgriMer)
Evolution des cours entre 2019 et 2023 (Source : FranceAgriMer)

Consommation : -3,7%

Après un rebond de 0,7% de 2022, la consommation apparente de viande bovine a baissé de 3,7 % en 2023, et de 4,6 % par rapport à la moyenne 2018-2022. Cette diminution s’inscrit dans un contexte inflationniste général marqué (+12,4 % pour les prix à la consommation des produits alimentaires), malgré le léger ralentissement de la hausse des prix à la consommation des viandes de bœuf et de veau en 2023 (+7,8%, après +8,9 % en 2022)