La future interdiction du S-métolachlore ne passe pas auprès des céréaliers

Plusieurs associations spécialisées, dont l’AGPM, la CGB et la FOP, dénoncent un nouveau cas de surtransposition à la française, sur fond de multiplication des interdictions et des impasses phytosanitaires.

« C’est un herbicide majoritairement utilisé par les producteurs de grandes cultures pour lutter contre l’impact des adventices sur les rendements qui est menacé d’interdiction, et qui s’ajoute à la longue liste des moyens de productions retirés progressivement aux agriculteurs, obérant ainsi leur capacité à exercer leur rôle premier : nourrir les populations ». Telle est la réaction qu’a suscitée au sein des associations spécialisées en grandes cultures (AGPB, AGPM, CGB, FOP, UNPT) l’annonce de l’Anses, le 15 février, d’engager la procédure de retrait des principaux usages des produits à base de S-métolachlore.

Surtransposition à la française

L’Anses fonde sa décision sur des analyses des eaux souterraines révélant  des concentrations des trois métabolites de la molécule herbicide (métolachlore-ESA, métolachlore-OXA et métolachlore-NOA) supérieures à la limite de qualité fixée par la législation européenne en la matière. Si « ces limites de qualité ne permettant pas d’évaluer le risque pour la santé en cas de dépassement », relèvent les associations de producteurs, celles-ci reprochent surtout à l’Anses de générer une situation de distorsion au sein de l’UE. « Cette procédure d’interdiction intervient alors même que la procédure européenne de réexamen de l’autorisation de mise en marché de la molécule n’est pas arrivée à son terme. Ce décalage avec le calendrier européen aura pour effet de provoquer une nouvelle situation de surtransposition réglementaire et donc des distorsions de concurrence inacceptables avec les autres Etats membres de l’UE ».

L’association Générations futures fait une tout autre lecture de la décision de l’Anses, saluant une « victoire ». « Cet avis montre que les autorités nationales ont le pouvoir de prendre des décisions sur les autorisations des produits sans attendre les conclusions de l’Europe sur les substances actives », souligne-t-elle dans un communiqué.

"La France a-t-elle vocation à demeurer une terre de production de grandes cultures ?"

Quelques semaines après que de la Cour de justice de l’UE a jugé illégales les dérogations contournant l’interdiction d’emploi des semences de betteraves traitées aux néonicotinoïdes, les céréaliers cultures se préparent à voire leur armoire phyto privée d’une nouvelle molécule. Selon les cinq associations spécialisées, l’alternative du désherbage chimique représente « une solution nettement moins efficace et plus coûteuse » et pas opérationnelle pour toutes les espèces concernées par le retrait du S-métolachlore. « Alors que la France et l’Union Européenne se montrent dans l’incapacité d’imposer des normes identiques aux productions importées, la France a-t-elle vocation à demeurer une terre de production de grandes cultures », interrogent les céréaliers.