La grande offensive des supermarchés contre l'inflation

À quelques semaines de la fin des négociations commerciales, les magasins de l'enseigne Carrefour retirent des rayons des produits de la marque PepsiCo. La raison : une hausse des tarifs injustifiée selon l'enseigne.

"Nous ne vendons plus cette marque pour cause de hausse de prix inacceptable". Une annonce vindicative de la marque Carrefour. La petite affichette fait grand bruit depuis jeudi 4 janvier 2023 et comble le vide laissé par les produits de la marque PepsiCo, absents désormais des rayonnages.

Sont donc retirés les chips Lay's et Doritos ainsi que les produits apéritifs Bénénuts, les céréales Quaker, les sodas Pepsi, 7Up, les thés sucrés Lipton et autres produits de consommation courante du groupe américain dans les magasins Carrefour de France, Belgique, Espagne et Italie. 

"Les discussions avec Carrefour ont lieu depuis de nombreux mois et nous continuerons à le faire de bonne foi pour faire en sorte que nos produits soient disponibles", a réagi une porte-parole de PepsiCo, sans commenter les négociations actuelles. Le groupe PepsiCo demande une augmentation de près de 7 % sur l’ensemble de ses marques (15 au total !) au nom de l’inflation généralisée. Le groupe américain a enregistré un chiffre d'affaires de plus de 86 milliards de dollars pour 2022.

Une augmentation inadmissible selon l'enseigne Carrefour, qui s'y oppose fermement et rejoint ainsi la liste des frondeurs. En mars 2023, Système U avait lui aussi déréférencé les produits PepsiCo. Pour les dirigeants des enseignes, cette augmentation des prix non fondées serait très préjudiciable pour les consommateurs qui subissent déjà de plein fouet la hausse des prix. 

Selon les résultats provisoires de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) de décembre 2023, l’Insee affiche une augmentation des prix de 3,7 % sur un an, 7,1% pour l’alimentation. (Le pic ayant été atteint au printemps dernier à près de 16 %). 

E.Leclerc prêt à boycotter 

Michel-Edouard Leclerc a déjà “tordu le cou à l’inflation” avec des opérations similaires concernant d’autres marques. Il se dit prêt à boycotter les produits Pepsico et suivre son concurrent, Carrefour. Invité sur Franceinfo jeudi 4 janvier, Michel-Édouard Leclerc préfère avancer d’autres arguments en rappelant aux industriels que “c’est chez nous (qu’ils pourront) refaire des volumes” et qu'il n'est pas favorable au "name and shame". Pourtant, l'été dernier, Michel-Édouard Leclerc, en négociation musclée avec le groupe Pernod-Ricard avait qualifié le groupe spiritueux de "roi de la marge et du profit dans son secteur". À voir quelle stratégie le groupe Leclerc adoptera avec les produits PepsiCo ? 

 

Les négociations annuelles s'annoncent mal

Les négociations commerciales annuelles déterminent les conditions de vente (prix d’achat, place en rayon, calendrier promotionnel) d’une large part des produits vendus en grandes surfaces. Cette décision de déréférencement intervient à quelques semaines de la fin des négociations pour l’année 2024. Ce boycott de la part de Carrefour a de surcroît été médiatisé pour faire davantage pression sur le groupe américain. Le gouvernement a avancé de quelques semaines la fin des négociations - 15 janvier pour les plus petits fournisseurs -, espérant que soient plus rapidement répercutées dans les rayons les baisses des coûts de certaines matières premières, par exemple le blé ou l'huile.