Leclerc instaure un bouclier tarifaire sur 120 produits de grande consommation

Le distributeur souhaite compenser la hausse des prix en grignotant sur ses marges. Celles des agriculteurs et des industriels ne devraient donc pas en faire les frais, Michel-Edouard Leclerc étant en accord avec Egalim 2, beaucoup moins avec Egalim 1.

 « Il faut savoir garder les prix sur terre » : tel est le slogan qui accompagne le « bouclier anti-inflation » lancé par les Centres E.Leclerc. Du 4 mai au 31 juillet, le distributeur s’engage à bloquer le prix de 120 produits de consommation courante. « Les éventuelles augmentations seront automatiquement compensées en Ticket E.Leclerc sur la carte de fidélité des clients lors de leur passage en caisse », précise l'enseigne dans un communiqué.

Du Coca-cola aux œufs bio

Grignotage (de marge) et cagnottage (de carte) sont donc les deux mamelles de l’enseigne pour lutter contre la hausse des prix à la consommation, que l’Insee établit à +4,8% sur un an à fin avril. « Les consommateurs se retournent vers l’Etat pour  essayer d’avoir un chèque alimentaire, nous en tant que distributeur, c’est notre métier que d’essayer de modérer cette inflation », a déclaré Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des Centres E. Leclerc, au micro de France Info le 3 mai.

L’opération concerne 120 produits de consommation « parmi les plus achetés » dans les hypermarchés de l’enseigne ainsi que dans les drives. Ils rassemblent des références issues de quatre catégories de produits dans les rayons épicerie (riz, café, farine, sucre, conserves…), produits frais et primeurs (laits et produits laitiers, œufs, charcuterie, poisson, fruits et légumes, plats cuisinés…), boissons (jus de fruits, sirops, eaux…), détergents et produits d’hygiène (couches pour bébés, protections hygiéniques, liquide vaisselle…). L’opération inclut des produits de grandes marques (comme le Coca-Cola) ainsi que ceux à ses marques propres, comme les œufs Bio Village par exemple.

"On a 4,8% d'inflation avant l'Ukraine et cela va doubler d'ici l'été ou durant l'été"

Pas d’huile de tournesol en revanche. « La liste de produit est évolutive mais je n’ai pas dedans l’huile de tournesol et tout ce qui est spéculatif », a poursuivi Michel-Édouard Leclerc. Si la sortie de la pandémie, la hausse des prix de l’énergie ou encore la grippe aviaire expliquent en partie l’inflation, le distributeur affirme qu’il y a « beaucoup de spéculation, d’anticipation, contre lesquelles il va falloir lutter car je ne suis pas sûr que là-dedans, il n’y ait que de la justification de la hausse de prix, il y a aussi des effets d’aubaine pour des grands groupes de se servir de l’Ukraine. Personne n'a trop négocié et on a accepté des hausses trop facilement ». Selon le distributeur, la guerre en Ukraine n’a pas encore produit ses effets sur la hausse des prix. « On a 4,8% avant l'Ukraine et cela va doubler d'ici l'été ou durant l'été », prédit-il.

"C’est vrai que la viande augmente, les produits frais augmentent mais pendant cinq ans, personne ne s’est plaint que c’était en déflation"

Le distributeur justifie la mise en place de son bouclier anti-inflation par l’impossibilité de rogner sur ses marges, en vertu de la loi Egalim 1 d’octobre 2018 imposant une marge minimale de revente de 10%. Mais il n’a rien contre Egalim 2 d’octobre 2021. « La dernière loi qu’a faite Julien Denormandie, ça me va, je ne suis pas en rivalité avec la FNSEA, avec les agriculteurs, leur part de matières agricoles, elle est dans l’inflation, c’est une politique assumée. Et puis ils étaient en déflation pendant cinq, six ans (...) C’est vrai que la viande augmente, les produits frais augmentent mais pendant cinq ans, personne ne s’est plaint que c’était en déflation ».

Le distributeur réclame la suspension provisoire de la disposition relative aux 10% de marge, tout comme celle de la loi Climat, qui à compter du 22 août prochain, interdira aux distributeurs de faire la publicité des opérations de vente de carburant à prix coûtant.