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La pastèque est-elle adaptée au climat Nord Loire ?
La station expérimentale d'Auray dans le Morbihan est dédiée à la recherche & développement en maraîchage. Depuis 2020, elle étudie la culture de la pastèque. Restitution des premiers résultats.
À première vue peu adaptée au climat français, la pastèque, qui est originaire d’Afrique, tend à se développer dans l’Hexagone, notamment dans le sud. Plus au nord, des chercheurs bretons s’y intéressent comme réponse à l’évolution du climat.
Pour mener leurs essais, ils ont utilisé des plants francs la première année. Plantés le 14 mai, 70 % d’entre eux ont disparu à cause d’un champignon tellurique de type fusariose ou verticilliose (90 % la deuxième). « C’est un problème que l’on rencontre fréquemment sur les parcelles maraîchères de notre secteur, relate Louise Astié, chercheuse sur la station bretonne. Cela entraîne un flétrissement puis un dépérissement des plants. À tel point qu’en Bretagne, melons et concombres sont désormais toujours greffés. »Techniquement, le greffage a tout son intérêt dans la réussite de la culture de pastèque, mais peu de producteurs de plants proposent de telles greffes et leur coût reste élevé (de l’ordre de 1 à 3 euros de plus par rapport à un plant classique.)
Les trois premières campagnes avaient pour objectif de déterminer quel type de plantation semblait le plus productif et quelle variété semblait la plus adaptée au climat. « On a testé plusieurs variétés (Sugar Baby, Jubilee, Crimson sweet) en faisant systématiquement le choix de variétés de petit calibre pour plus de précocité afin de compenser les températures bretonnes inférieures aux températures des régions sud », résume Louise Astié. « Nous testons aussi des « variétés d’intérêts » : couleur, taille des pépins, qualité gustative… », poursuit Louise Astié.
En 2023, la densité de plantation a été étudiée avec des espacements de 50 ou 70 cm sur le rang. Les rendements semblent plus ou moins identiques, compris entre 9,9 et 10,3 kg/m². « Nous n’avons pas relevé d’écarts majeurs en termes de poids, de nombre de fruits ou de calibre », détaille Louise Astié.
Une forte variabilité de rendement
Sur les 4 années de l’essai, les différences de rendements sont considérables. « En 2020, avec d’importantes pertes de plants et de fortes pluies en juin, nous avons tout juste atteint le 1,2 kg/m² », se souvient la chercheuse. La saison plus chaude de 2022 a permis d’atteindre les 5 kg/m². 2023, grâce à la pose d’un voile de forçage et un mois de juin chaud et ensoleillé, a entraîné une nouaison précoce et donc des rendements de 12.5 kg/m². L’été 2024, beaucoup plus froid et pluvieux, a vu les rendements redescendre à 5,2 kg/m².
Après mesure, les taux de sucre semblent au rendez-vous, malgré un taux d’ensoleillement bien plus faible que dans les régions du sud de la France.
L’évolution climatique semble rendre la pastèque adaptée aux régions plus nordiques de l’Hexagone, à condition d'adapter l'itinéraire technique. Mais la recherche doit se poursuivre.
À l’avenir, les chercheurs de la station d’Auray souhaitent donc sécuriser l’itinéraire technique vis-à-vis de la forte variabilité interannuelle. L’intégration d’un suivi de conservation des fruits est aussi à l’étude. « Tout comme la possibilité d’échelonner davantage la récolte pour disposer de fruits plus longtemps », conclut Louise Astié.